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Lu dans la presse américaine

: LiveScience.


Des égyptologues ont exhumé en Égypte deux squelettes datant de plus de 3.300 ans, chacun d’eux portait un bracelet à l’orteil fait d’un alliage de cuivre et cette double particularité constitue une première.

Selon les premières constatations, tout indique que ces anneaux ont été portés du vivant même des individus. La question qui se pose, avaient-ils une fonction purement décoratives et de distinction ou alors fonctionnaient-ils à la manière d’une amulette emprunte de magie avec une vertu propitiatoire.

Cette dernière interprétation émane du fait que l’une de ces bagues d’orteil fut trouvée sur le pied droit d’un homme âgé entre 35 et 40 ans et dont le pied avait été fracturé ainsi que le fémur.

Les deux squelettes ont été découverts dans un cimetière comptant plus de 150 squelettes et situé juste au sud de l’ancienne ville de Tell al-Amarna Ashhenaton aujourd’hui appelée Amarna,( à 360 kms du Caire) cité capitale du pharaon Aménophis IV Ahkenaton ( 18ème dynastie). Ahkenaton vouait un culte au soleil et est un des précurseurs du monothéisme. Après sa mort les prêtres reprirent le pouvoir, et firent cesser la religion initiée par Aménophis IV Askenaton. Sa capitale Tell al-Amarna fut rapidement désertée et laissée à l’abandon.

Anna Stevens, en charge de la mission archéologique et responsable des fouilles et recherches effectuées sur le site pharaonique (Armana Project), considère que ces anneaux d’orteils n’ont très probablement pas de liens avec la religion amarnienne. Il n’empêche que c’est bien la première fois que des anneaux d’orteil en cuivre sont découverts en Égypte, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il n’y en ait point d’autres.

Il y eut un précédent avec la momie d’Hornedjitef, un prêtre de Karnak qui vécut il y a 2 .200 ans ( Lire la très riche et passionnante étude en anglais sur ce personnage) et aujourd’hui exposée au British Museum, et qui portait un large anneau d’or à l’orteil du pied gauche (voir Bibliographie : « The Mystery of the Egyptian Mummy » (British Museum Press, 2003)

Un objet pour soulager de la douleur ?

Les examens effectués sur l’homme dont le pied gauche avait été blessé laissent supposer qu’il eut beaucoup à souffrir.

Anna Stevens indique « qu’il présentait de nombreux signes de lésions, de blessures et de fractures, dont plusieurs côtes, le radius gauche et l’ulna (un des deux os de l’avant-bras avec le radius), le pied droit ( sur lequel fut trouvé l’anneau,) le fémur droit, cette même fracture du fémur positionnée sur un angle bien précis devant être pour cet individu source de profonde souffrance »

Et c’est bien parce que l’anneau était placé autour de l’orteil du pied blessé que l’on peut considérer qu’il avait une fonction magique pour apaiser la douleur.

C’est ainsi que dans l’Ancienne Égypte le fait de bander ou « d’encercler » avec un anneau de métal pouvait conduire à ce genre de pratiques magiques et prophylactiques.

Pour ce qui concerne le deuxième squelette portant un anneau d’orteil et découvert en 2012, on n’a pas vu ni trouvé trace de conditions médicales particulières. Des examens complémentaires approfondis devront être menés aussi pour connaître son genre.

Qui étaient-ils ? Les squelettes étaient enveloppés dans du tissu et des nattes en végétaux, pour chacun d’eux leurs tombes furent profanées par des pillards.

Aucun de ces squelettes n’était techniquement parlant «momifié» précise Anna Stevens, (à savoir extirpation des organes internes (on trouve très souvent des restes de cerveau dans les crânes), ou introduction de produits additionnels pour préserver les tissus biologiques ( les corps se survivent largement sous la forme de squelettes). On peut en outre considérer que l’enveloppement des corps avec du tissu et des fibres végétales permet de préserver le corps et constitue ainsi une forme simple de momification.

La Directrice du Amarna Project, précise qu’il est bien difficile de déterminer ce que faisaient ces personnages durant leur vie. Le cimetière d’où ont été exhumés ces squelettes recevait des cadavres de personnes de différents rangs sociaux. Ce qui est apparemment sûr c’est qu’ils n’étaient pas suffisamment riches pour être enterrés dans une tombe taillée dans la pierre mais pouvaient cependant se permettre et être autorisés à être inhumés dans de simples tombes dans le cimetière.

« Ils devaient très certainement vivre comme la plupart des habitants d’El Amarna, dans une petite maison adjacente à celle d’un haut fonctionnaire pour qui ils apportaient leurs services ou leur travail en échange de denrées de base et particulièrement de grain »

Pour le cas de l’homme aux multiples fractures, sa vie semble avoir été particulièrement difficile, il montre également des signes d’une maladie de dégénérescence tissulaire, ce qui pourrait laisser à penser qu’il eut une vie de travail dure, bien plus que celle d’un scribe.

Traduction et libre adaptation Pierre-Alain Lévy.


La XVIIIème dynastie égyptienne, celle incarnée par le pharaon Aménophis IV Akhénaton constitue une des plus belles périodes dans l’histoire de l’art égyptien et dans l’histoire universelle des arts. La révolution amarnienne,( éponyme du nom de la ville de Tell El Amarna où Aménophis IV avait créé sa nouvelle capitale) constitue non seulement une évolution impressionnante dans le domaine de l’esthétique mais surtout incarne cette volonté émancipatrice du souverain de se démarquer des pesanteurs et arriérations des prêtres de Thèbes en créant un nouveau culte bien loin de l’adoration des dieux et des idoles et où Aménophis deviendrait le médiateur entre le soleil (Aton), l’univers et le monde des hommes. D’aucuns voient à juste titre dans la révolution amarnienne d’Akhénaton le précurseur du monothéisme (Wukali consacrera dans quelque temps un article sur ce sujet)

Si l’art ancien d’Égypte est fait d’humanité et de tendresse, de respect et de douceur, les oeuvres produites durant la XVIIIè dynastie possèdent de façon encore plus intense cette force d’humanité et de beauté toute humaine, certains historiens d’art sont allés pour la décrire à parler de réalisme et cette analyse est parfaitement justifiée. La délicatesse dans le rendu sculpturale des visages avec leur aspect quasiment anatomique, leurs vérités, transcendent la force de l’émotion. On peut au Musée du Caire admirer de somptueuses collections se rapportant à cette période (Trésor de Toutankhamon), le Musée du Louvre possède une magnifique collection d’oeuvres de cette dynastie où l’on peut outre s’émerveiller devant la superbe et monumentale statue du pharaon en grès rose ou la si délicate statuette de la petite princesse amarnienne d’une hauteur de 15,4cm. C’est à Berlin au Ägyptisches Museum qu’est exposée la statue de Néfertiti qui fut la première épouse d’Aménophis. Toutânkhamon est un des fils du souverain mais non le fils de Nefertiti.

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