« We’re all too offended now. » The famous writer of « The Satanic verses » ponders over the changes he observes in our societies.
Lu dans la presse : The Independant (UK) 11 août 2013.
Salman Rushdie, lauréat du Booker Prize, auteur des« Enfants de minuit», vient de s’exprimer à Edinburgh dans le cadre du Festival international du livre devant une salle comble venue pour l’écouter.
« Je pense vraiment que ce qui caractérise notre temps c’est l’émergence d’une culture de l’offense. Et cela a affaire avec la montée de l’identité politique où vous devez définir votre identité de façon quelque peu limitée comme vous savez, par exemple : occidental, islamique, quoi que ce soit enfin »
« Traditionnellement nous nous définissons par ce que nous aimons. Par notre lieu de naissance, par nos amis, mais désormais dans l’âge qui est le nôtre on nous demande de nous définir par ce que nous haïssons. Ce qui vous définit c’est ce qui vous insupporte, vous met en émoi vous exaspère (*voir note traduction) . Et si rien ne vous insupporte, alors qui donc êtes-vous ? »
Ses commentaires arrivent une semaine où la haine sur internet a bouleversé les agenda. Salman Rushdie a expérimenté par lui-même le fait d’être une figure de la haine après avoir été l’objet d’une fatwa pendant plus de dix ans après la publication des «Versets sataniques» en 1998.
Salman Rushdie considère que cette nouvelle haine est concomitante de la chute du communisme et de la montée du fanatisme religieux. Au lieu qu’il n’y ait qu’un seul Rideau de fer, il y a désormais toute une flopée de petite enclaves avec des individus qui se battent à mort pour leur façon de penser ou leur tribalisme. Et c’est là que survient le fanatisme religieux et pas seulement islamique. En Inde on observe la montée du nationalisme hindou, et en Amérique la puissance grandissante de l’église chrétienne.
Rushdie faisant référence aux Versets sataniques ne croit pas qu’un livre ait le pouvoir d’offenser. « Les conservateurs musulmans n’ont jamais aimé le moindre de mes livres. Je ne m’attendais donc pas à ce qu’il l’aime. Voilà ce que je pensais, alors quoi ? Ce n’est pas une obligation que de lire un roman. Si vous ne voulez pas lire un livre, ne le lisez pas. Si vous commencez à lire un livre et qu’il ne vous plaise pas, vous avez toujours la possibilité de le refermer et de cette manière il perd sa capacité à vous offenser ».
« Nombre de ceux qui participèrent aux manifestations contre le livre où des exemplaires furent brûlés dans les rues de Bradford, le regrettent aujourd’hui. Ce que je considérais comme cause d’optimisme, si vous voulez, c’est que lors de la commémoration des 20 ans de la destruction par le feu du livre et de tout ce qui s’ en suivit, des journalistes britanniques ont interrogé un grand nombre de gens, ceux-là même qui furent impliqués dans ces manifestations d’alors. Tous ceux qui ont été interviewés disaient qu’ils regrettaient. Quelques uns le regrettent parce que c’était tactiquement mauvais. Que cela a provoqué un résultat contraire aux résultats qu’ils en espéraient. D’autres acceptent la liberté d’expression. Mais ce qui était intéressant c’était qu’ils ont tous dit : « Nous ne voudrions pas refaire quelque chose de ce genre encore»
Traduction P-A L
*( (That what defines you is what pisses you off)
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