French history has always been so much interesting swarming with passions. The enigma of the Iron mask. A vibrant novel during Louis XIV’s reign.
La Chronique littéraire d’Émile COUGUT.
Au moins le titre de ce livre ne trompe pas le lecteur, il s’agit d’un roman ! Un roman autour de l’énigme du masque de fer, mais surtout et avant tout un roman. Sûrement pas un essai, une thèse d’histoire (s’il en était ainsi l’auteur aurait un zéro pointé ne serait-ce parce qu’il fait mourir Louis XIV en 1710 et Saint Simon avant ce souverain…), mais un roman, structuré comme un roman.
Donc, il faut lire ce livre comme un roman et surtout pas comme un roman historique dans lequel l’auteur au-delà le récit essaie de reconstituer une société du passé. Bien sur, au fil des pages, nous rencontrons des personnages de l’histoire de France : Louis XIV, Monsieur son frère, les deux épouses de ce dernier, d’Artagnan, Colbert, Louvois et son fils Barbezieux et surtout Fouquet, Lauzun et Bénigne de Saint Mars, etc., mais ils sont dépeints à gros traits souvent caricaturaux, les deux tiers étant des sortes d’obsédés sexuels, accessoirement intéressés par leurs fonctions quand ils ne sont pas occupés avec leurs amants ou leurs maîtresses. Soit les mœurs de l’époque, avant que Madame de Maintenon amène un voile de pudeur, d’hypocrisie, de religiosité à la cour, étaient assez légères, mais rien ne prouve qu’Henriette d’Angleterre couchait à la hussarde avec les amants de son mari ou avec ses serviteurs. Les deux seuls qui ne sont pas décrits comme des obsédés sexuels, Louvois et Colbert ne sont présentés qu’à travers la haine qu’ils se portaient et très accessoirement par la qualité de leur travail. C’est un choix d’écriture, mais si on ôtait toutes les aventures sexuelles du livre, il diminuerait d’un bon quart !
C’est surtout un roman autour de l’histoire de Bénigne de Saint Marc, mousquetaire du Roi qui se voit confier la lourde charge de garder Fouquet dans la forteresse de Pignerol après son arrestation.
On connait bien les conditions de détention du surintendant, la haine que lui portait le roi, les directives précises et continues de Louvois, la détention dans cette forteresse de Lauzun, du conte Mathioly et d’autres individus de moindre importance.
L’histoire a retenu que Saint Marc a été nommé gouverneur d’Exilles, des îles de Lérins pour finir gouverneur de la Bastille. On sait que dans ses bagages se trouvait un homme dont personne n’avait le droit de voir le visage. Soit, et c’était courant à l’époque, Saint Marc est essentiellement préoccupé à ne pas déplaire pour faire fortune avec les pensions des prisonniers et à assouvir ses pulsions sexuelles avec une belle veuve, mais aussi à ne pas se faire oublier surtout quand Louvois décède. Son fils et successeur Barbezieux ignore de fait pourquoi « le prisonnier dont on ne dit pas le nom » est incarcéré, alors Saint Marc fait courir des bruits contradictoires sur l’identité potentielle de son prisonnier jusqu’à le revêtir d’un masque de velours lors d’un transfert. Rumeurs, selon l’auteur, reprises voire amplifiés par un Barbezieux en disgrâce.
Michel Ruffin ne fait que reprendre une des dizaines de thèses sur l’identité du masque de fer. Ce n’est pas le frère jumeau de Louis XIV, ni Fouquet ni Mathioly alors que c’est sous ce nom que l’inconnu fut inhumé, mais un certain Eustache Danger, sorte d’agent secret au service (tous les services, même les sexuels, bien sur) d’Henriette d’Angleterre.
Dans un roman c’est aussi crédible que le frère jumeau cher à Alexandre Dumas.
Chercher des preuves historiques dans ce livre est vain. Ce n’est qu’un roman, rien qu’un roman autour d’un épisode de l’histoire de France décrit par l’imagination fertile de l’auteur.
Emile Cougut
Le masque de fer
Michel Ruffin
Éditions du rocher. 21€. Sortie en librairie le 5 septembre.