He was just a poet and has been executed, hanged, in a prison not located by the authorities, somewhere in Iran.
Poètes persans d’hier, rebelles et ivres des vins de liberté qu’ils ne peuvent pas boire aujourd’hui, hommage à ceux qui luttent par leurs mots, par leurs plumes face aux hommes en noir qui confisquent la liberté, emprisonnent, torturent, tuent et massacrent au pays du lion et du soleil.
Hashem Shaabani était un poète, il a été exécuté en Iran le 27 janvier dernier au motif de « porter la guerre contre Dieu ». Il avait 32 ans.
Dans les charges portées contre lui lors de son procès en 2012 on lui reprocha pêle-mêle d’incarner la corruption sur terre (Mofsid fil-arz), de faire de la propagande contre la République Islamique d’Iran et de mettre en danger la sécurité nationale. Il faisait partie de la minorité arabophone des Ahvazis dont il défendait le particularisme face aux attaques du pouvoir de Téhéran. On l’avait contraint en 2011 d’avouer sur la chaîne d’état en langue anglaise Press TV les crimes de terrorisme et de séparatisme, en faisant alors état des soutiens qu’il aurait eu des dirigeants arabes d’alors Hosni Mubarak et Muammar Kadafi.
«Je commençais ma journée en soulevant mon stylo contre la tyrannie qui essaie d’asservir et d’emprisonner les esprits et les pensées» confessait-il dans une lettre publiée par l’agence de presse Ahwaz News Agency . «J’ai essayé de défendre le droit légitime que chaque individu dans monde devrait avoir, le droit de vivre librement avec la totalité de ses droits civils. Avec toutes ces misères et ces tragédies, je n’ai de ma vie jamais utilisé d’armes pour combattre ces crimes atroces si ce n’est usé de mon stylo». Hashem Shaabani avait notamment sollicité le soutien international des associations de défense des droits de l’homme.
Selon le Centre de documentation iranien pour les droits de l’homme (IHRDC), Hashem Shabaani a été exécuté le 27 janvier par pendaison avec son ami Hadi Rashedi. Ils faisaient l’un et l’autre partie de l’Institut pour le Dialogue qui avait été mis hors la loi par le régime. Selon l’ONU, leurs exécutions auraient eu lieu en janvier à l’issue de procédures non conformes aux principes « d’équité du procès » et de « procès en bonne et due forme » qui sont définis dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Ils auraient ainsi été privés d’accès à un avocat et à leurs familles durant les neuf premiers mois de leur détention et auraient été soumis à la torture pour extorquer des aveux, a indiqué Mme Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Les procès qui ont lieu devant les tribunaux révolutionnaires se déroulent souvent à huis clos et, dans certaines affaires, les juges ont la possibilité de limiter les entretiens entre les avocats et leurs clients au cours de l’information judiciaire. 14 autres détenus ont été exécutés avec eux pour délit d’opinion. La recrudescence de l’application de la peine de mort en Iran, en particulier à l’encontre de prisoniers politiques et de membres de minorités, est palpable depuis le second semestre 2013, malgré les « signes encourageants » nés de la libération ces derniers mois de plusieurs prisonniers d’opinion, en particulier l’avocate des droits de l’Homme Nasrin Sotoudeh.
Au moins 500 personnes (dont 28 femmes) ont été exécutées l’an dernier et 57 d’entre elles se sont vues appliquées la peine capitale en public, selon l’ONU. La pendaison reste un des moyens de prédilection des autorités, selon Mme Shamdasani,
Selon nos sources ( Aljazeera) (Shabaabi s’était élevé contre les mauvais traitements que subissent en Iran les populations arabophones du Khuzestan qui sont installées dans les régions frontalières avec l’Irak. Lors de son arrestation en 2011 il fut accusé d’être un moharabeh, c’est à dire une ennemi de dieu. De source sûre, on sait qu’entre sa condamnation et son exécution il subit de nombreuses tortures.
Il semblerait que le nombre d’exécutions capitales ait significativement augmenté depuis la prise de pouvoir de Hassan Rouhani succédant à Mahmoud Ahmadinejad en août 2013. Le Centre de documentation pour les droits de l’homme en Iran (IHRDC) qui publie régulièrement une liste détaillée avec les noms des condamnés, la date, le lieu et le motif de la peine, a dénombré 529 exécutions en 2013 dont 300 depuis que Rouhani est entré en fonction.
L’Iran a le triste record mondial du nombre d’exécutions en rapport avec la population. Le trafic de drogue, le viol, l’homosexualité, le meurtre et l’apostasie sont punis par la peine capitale. L’Iran a été le seul état à exécuter des mineurs : selon la loi en vigueur en Iran depuis la révolution islamique, un garçon peut être exécuté à partir de quinze ans et une fille à partir de neuf ans.
Ces deux dernières semaines, 40 personnes ont été exécutées en Iran (sources: Amnesty International) la plupart pour trafic de drogues. Avec la Chine, l’Arabie saoudite et les États-Unis, l’Iran est en effet l’un des pays qui procède au plus grand nombre d’exécutions.
Shaabani enseignait la poésie et la littérature arabe et farsi dans des lycées et il organisait des «festivals de la paix» (qui étaient interdits) (ce sont là-même les motivations de sa mise à mort). Il était titulaire d’un diplôme en sciences politiques. Il était père d’un enfant. Son oeuvre poétique est publiée sous son nom de plume: Abo Ala Al-Ofoghi
Pierre-Alain Lévy
Sources: Aljazeera, The Clarion Project, Amnesty International, Iran Human Rights
Poème de Hashem Shaabani
Sept raisons pour lesquels je dois mourir
Pendant sept jours ils m’ont crié :
Tu fais la guerre à Allah !
Samedi, parce que tu es un arabe,
Dimanche, parce que tu es d’Ahvaz
Lundi, rappelle-toi tu es iranien
Mardi: tu te moques de la sainte et sacrée Révolution
Mercredi, N’as tu pas levé la voix pour d’autres?
Jeudi, tu es un poète et un baladin
Vendredi: Tu es un homme, n’est-ce-pas assez pour mourir ?
(Traduction P-A L pour Wukali)
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