Horror in Syria


La guerre en Syrie qui a débuté voilà 3 ans a fait plus de morts qu’il n’y en eut jamais depuis plus d’un siècle au Proche-Orient plus de 140.000 morts, plus de morts que ne provoquèrent jamais toutes les guerres confondues dans cette région du monde ( hors la guerre qui avait opposé l’Iran à l’Irak, l’un et l’autre au Moyen-Orient selon la classification anglo saxonne)

Guerre en Syrie qui oppose l’armée régulière d’Assad qui dispose du soutien de la diplomatie russe, des gardiens de la révolution iraniens à l’ASL et autres multiples rebelles, où s’affrontent des fractions, des groupes terroristes à d’autres groupes terroristes, des partisans d’Al Qaida, des djihaddistes à ceux du Hezbollah libanais allié de Téhéran, un conflit où les rivalités religieuses s’exacerbent (oppositions entre les différentes branches de l’islam, alaouites, sunnites, chiites, et chrétiens d’orient pris en otage), mais aussi questions stratégiques et d’alliances et où les monarchies du golfe voient avec la plus extrême méfiance et hostilité les iraniens vouloir s’affirmer comme puissance régionale. La Syrie est frontalière avec la Jordanie, Israël, le Liban, la Turquie et l’Irak. Un écheveau complexe où l’analyse manichéenne n’est nullement de mise et les simplifications de café du commerce ou de salon déplacées. 140 000 morts, une population martyrisée, un pays dévasté, un patrimoine monumental saccagé.

Pierre-Alain Lévy

Olécio partenaire de Wukali

Déclaration de Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’ONU, Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO et Lakdar Brahimi, représentant conjoint des Nations-Unies et de la Ligue des états arabes pour la Syrie

Le 12 mars 2014

Tandis que le peuple syrien continue de subir des souffrances et des pertes incalculables, le riche patrimoine culturel du pays est mis en lambeaux.

Les sites du patrimoine mondial ont été gravement, parfois irrémédiablement, endommagés. Quatre sont utilisés à des fins militaires ou ont été transformés en champs de bataille : Palmyre, le Crac des Chevaliers, l’église de Saint Siméon dans les villages antiques du nord de la Syrie, et la ville d’Alep (dont la citadelle).

Les sites archéologiques font l’objet d’un pillage systématique et le trafic de biens culturels a atteint des proportions sans précédent.

Selon certaines informations alarmantes, le patrimoine syrien est délibérément pris pour cible pour des raisons idéologiques. Les œuvres d’art représentant des êtres humains sont détruites par des groupes extrémistes déterminés à faire disparaître ces traces uniques de la riche diversité culturelle de la Syrie.

Pas une seule strate de la culture syrienne — préchrétienne, chrétienne, islamique — n’est épargnée.

La destruction d’un patrimoine aussi précieux porte gravement atteinte à l’identité et à l’histoire du peuple syrien et de l’humanité toute entière et sape pour longtemps les fondements de la société. La protection du patrimoine culturel, matériel comme immatériel, est indissociable de la protection des vies humaines et devrait faire partie intégrante de l’action humanitaire et des efforts de consolidation de la paix.
Aussi lançons-nous ensemble l’appel suivant :

• Nous appelons toutes les parties à mettre immédiatement fin à la destruction du patrimoine syrien et à préserver la riche mosaïque sociale de la Syrie et son patrimoine culturel en protégeant les sites du patrimoine mondial qui s’y trouvent, conformément à la résolution 2139 (2014) adoptée le 22 février 2014 par le Conseil de sécurité.

• Nous condamnons l’utilisation des sites culturels à des fins militaires et appelons toutes les parties au conflit à respecter les obligations mises à leur charge par le droit international, en particulier la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé signée à La Haye en 1954 ainsi que le droit international humanitaire coutumier.

• Nous appelons tous les pays et tous les groupements professionnels intervenant dans les domaines des douanes, du commerce et du marché de l’art, mais aussi les particuliers et les touristes, à se méfier des objets d’art syriens, qui sont susceptibles d’avoir été volés, à vérifier l’origine des biens culturels qui pourraient avoir été importés, exportés ou offerts à la vente illégalement, et à adhérer à la Convention de l’UNESCO concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels signée en 1970.

Il faut que la sauvegarde du patrimoine culturel de la Syrie s’inscrive dans l’action que nous menons pour mettre fin à la violence et avancer vers la paix. La destruction des vestiges du passé dépouille les générations futures d’un puissant héritage, accroît la haine et le désespoir et hypothèque toute tentative de réconciliation. Il est temps de mettre un coup d’arrêt à ces destructions, de construire la paix et de protéger notre patrimoine commun.

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Illustration de l’entête: Dans les ruelles de la vieille ville d’Alep, au milieu des destructions (Jack Hill/The Times/SIPA)


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Avertissement: Attention cette vidéo est composée de photographies particulièrement bouleversantes, choquantes, traumatisantes. C’est cela la guerre en Syrie.



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