Wonderful opera, wonderful voices
L’Orchestre National de Lorraine est sans nul doute le fleuron de la vie musicale en Lorraine. Non seulement il vient d’obtenir un Diapason d’or pour l’enregistrement de Petit Elfe Ferme l’Oeil de Florent Schmitt, (direction Jacques Mercier, enregistré aux éditions Timpani), mais la représentation à l’Opéra-Théâtre de Metz de «Vanessa», opéra de Samuel Barber dirigé par David T. Heusel, fournit l’exemple même de l’intelligence et de la créativité en musique. Il est vrai que l’ONL est familier de cette oeuvre puisqu’il l’avait créée en France en 2000 sous la baguette à l’époque de Jacques Lacombe
Vanessa est le premier opéra de Samuel Barber (1910-1981) et avait été créé à New York en 1958. Le public qui assista à la représentation au Metropolitan fut alors très enthousiaste et le style post romantique de l’ouvrage fut alors comparé à celui de Puccini et R. Strauss. Au fil du temps l’opéra connut un désamour. Le livret écrit par Gian Carlo Menotti, ami de Barber, est d’une inspiration toute européenne, entre Tchékov et Ibsen, et rassemble trois générations de femmes. L’histoire d’un amour impossible et secret, une ambiance qui a quelque chose de la Ceriseraie ou d’Oncle Vania, un huis-clos amoureux sur fond de désespérance.
La version que vient de donner l’Opéra-Théâtre de Metz fut tout particulièrement superbe et la distribution vocale parfaitement équilibrée et sensible. La soprano canadienne Soula Parassidis dans le rôle titre, à la voix colorée et riche de nuances excella dans les aigus. Mireille Lebel (Erika), mezzo canadienne, porta son rôle avec émotion et sa voix donna vie à l’expression contenue de la souffrance et de la résignation. Hélène Delavault dans le rôle de la baronne et le ténor américain Jonathan Boyd furent aussi particulièrement brillants et Matthieu Lécroart dans le rôle du médecin apporta cette touche de légèreté qui sied à l’oeuvre
L’Orchestre National de Lorraine, dirigé par David T. Heusel fut particulièrement à son aise pour jouer les grandes envolées lyriques de Barber, une musique d’une grande richesse lyrique, tonale et harmonique, une partition particulièrement difficile à jouer. Certains airs ne sont pas sans rappeler certaines compositions de Léonard Bernstein, notamment West Side Story, créé juste un an avant Vanessa
La mise en scène de Bérénice Collet fut sobre et élégante, de l’inventivité aussi, notamment avec la scène de bal où l’on voit les personnages portant des masques d’animaux. Quant aux costumes, conçus par Christophe Ouvrard, et notamment les somptueuses robes portées par Vanessa, élégantes et raffinées, on ne peut s’empêcher de penser aux tableaux d’Auguste Renoir.
Pierre-Alain Lévy