When Middle Ages period is maybe not the usual stuff commonly described
La chronique de Félix DELMAS.
Quand on lit dans Wikipédia la bibliographie d’Alessandro Barbero, on a l’impression d’un véritable « touche à tout ». J’ai déjà écrit dans Wukali sur sa magistrale Bataille des trois empires , (cliquer) mais il faut aussi savoir qu’il est de même l’auteur d’un excellent Waterloo. Pourtant Alessandro Barbero est surtout et avant tout un des plus grands spécialistes italiens du Moyen Âge, professeur à l’université du Piémont-Oriental à Vercelli.
Son dernier livre, Divin Moyen Âge, édité par Flammarion porte donc sur sa période historique de prédilection et il a pour sous titre : Histoire de Salimbene de Parme et autres destins édifiants. Sa démarche mérite d’être retenue : à travers six petites biographies, trois d’hommes et trois de femmes, il nous décrit la pensée, les mentalités qui avaient cours en Europe des XIIIème au XIVème siècle. Et surtout, il combat l’idée que le Moyen-Âge était loin d’être une époque violente, « barbare », inculte.
La particularité de ces six personnages consiste dans le fait qu’ils nous ont laissé des écrits (sauf Jeanne d’Arc qui était illettrée mais dont connait de nombreux écrits relatant ses faits, ses gestes et surtout ses dires). Soit, le simple fait qu’ils savaient écrire les mettaient dans une position sociale « privilégiée » pour l’époque. Pour autant, à part Joinville, aucun n’est issu de la noblesse, de l’élite politique du temps.
Par leurs écrits, par leurs vies se dessinent toute une société, une société en mutation, où la religion occupe une place prépondérante, où le statut de la femme se résume avant tout à travers sa fonction reproductive. Et pourtant, certaines ont su sortir de ce statut et montrer que les femmes peuvent avoir un destin qui ne soit pas une totale soumission (enfin pas trop) à la volonté d’un ou d’hommes. Catherine de Sienne parle en égale (et même en supérieure) au Pape, Christine de Pisan est la première femme à vivre de sa plume, Jeanne d’Arc donne des ordres aux plus grands généraux de son époque.
A la lecture de ce petit livre, on voit apparaitre l’idée de la République, ses essais et ses échecs à Florence avec Dino Compagni, le savoir encyclopédique basé sur l’observation avec Salimbene de Parme, l’apparition du féminisme avec Christine de Pisan. Tous ces mouvements, ces mutations dans une société, loin d’être figée comme le voudrait une certaine image d’Épinal, annoncent la renaissance mais aussi notre société.
Alessandro Barbero nous montre qu’à cette époque, l’individu, tel que nous le comprenons, existait déjà. Soit, ils étaient respectueux des normes sociales, de la hiérarchie sociale, emplis des devoirs du christianisme, mais ils faisaient montre d’une totale liberté de pensée qui peut paraitre étonnante.
Six destins, indubitablement originaux, mais six destins qui fournissent une parfaite introduction au Moyen Âge pour chacun de ceux qui ne sont pas encore convaincus que c’était aussi une époque où le foisonnement, la création intellectuels étaient présents au quotidien.
Félix Delmas
Divin Moyen Âge
Alessandro Barbero
Éditions Flammarion. 17€