Water, source of conflict between Israel and his arab neighbors or an ultimate chance to gain peace and mutual cooperation, and henceforth a chance for global humanity ?
Norbert Lipszyc est ingénieur des Mines, Master of Science de Columbia University , il a longtemps été chargé de l’innovation chez un géant de l’informatique et correspondant en France d’ONG environnementales américaines, anglaises et israéliennes. Depuis des années il a porté son expertise scientifique sur le domaine de l’eau et s’est notamment intéressé sur ses implications dans les relations entre Israel, les Palestiniens et l’ensemble de la région. Les spécialistes de l’eau, israéliens ou arabes, sont bien souvent d’accord entre eux, d’accord ensemble autour de la même table, avec les mêmes discours et souvent les mêmes conclusions, et les différends n’apparaissent généralement qu’à l’occasion de la médiatisation de leurs travaux et des doubles discours qui les ponctuent…
Dans son ouvrage Crise Mondiale de l’eau. L’Hydro-diplomatie
, Norbert Lipszic, met à jour toutes les données tant géologiques, hydrographiques, diplomatiques bien sûr, environnementales, et le sujet est essentiel, ainsi que les projets de recherche et d’avenir comme le canal reliant la Mer Morte à la Mer Rouge. Quand la passion cède à la raison, quand l’esprit scientifique et l’intelligence prospective prennent le pas sur les discours de manipulation, on se prend à rêver! Un livre pour la paix qui donnerait, sans jeu de mots, l’eau à la bouche ! Un livre d’actualité et de réflexion qui en tous cas peut permettre de réfléchir sereinement à partir de données qualifiées et indiscutables sur un des sujets les plus brûlants et passionnés celui du Proche-Orient et d’envisager ainsi l’avenir de ces pays dans une perspective apaisée pour la disposition d’un bien unique et commun, l’eau, source de vie. Lehaim n’est-ce-pas ! P-A L Entretien avec Norbert LIPSZYC. Et si, au lieu des « guerres pour l’eau » régulièrement annoncées, s’imposait au contraire la Paix, grâce à l’eau ! L’exemple israélien montre comment toutes les crises de l’eau dans le monde peuvent aujourd’hui être résolues grâce aux technologies israéliennes, grâce aux méthodes d’adaptation sociétale mises en œuvre en Israël pour changer les comportements et grâce à l’hydro-diplomatie mise en œuvre entre Israël et ses voisins palestiniens et jordaniens pour l’exploitation coopérative de ressources en eaux rares et partagées. L’eau pourrait devenir une voie pour la paix. Depuis toujours, Israël optimise l’exploitation de ses ressources limitées en eau naturelle (265 m3/habitant/an). La protection de ces ressources est une priorité d’Israël : assurer son indépendance et créer des ressources nouvelles pour répondre à la croissance démographique et économique du pays. La Terre d’Israël est soumise à des périodes prolongées de sécheresse (la Bible en témoigne) dont la fréquence augmente avec le changement climatique. Lors de celle des années 80, la SPNI a alerté le public et proposé un plan pour résoudre la pénurie dans la durée : développement de technologies pour recycler les eaux usées, économies et élimination des gaspillages, mise en place d’une série d’usines de dessalement de l’eau de mer. Il fallut la dramatique sécheresse de 1998-99 pour que le gouvernement adopte ce plan, mis en œuvre avec succès. La sécurité de l’eau est facteur de paix car elle permet à Israël d’allouer une part plus importante des ressources partagées aux Jordaniens et Palestiniens. Cela permet aussi de tenir compte des besoins des écosystèmes si variés d’Israël. Jusqu’au début des années 2000 on prélevait l’eau dans la nature sans se préoccuper de ses besoins ; les rivières étaient devenues des égouts à ciel ouvert, d’où danger pour la santé de tous, perte en biodiversité et mise en danger des sources d’eau elles-mêmes. Ressources naturelles, aquifère et ressources de surface Les aquifères, Côtier et de Montagne, sont à cheval sur Israël et le territoire de l’AP. Les eaux de surface sont concentrées dans le nord et l’est. Israël fait partie du Bassin du Jourdain qui inclut Syrie, Liban, Jordanie et Cisjordanie : les sources du Jourdain, Hasbani, Banias et Dan, le Kinnéreth, qui sert de réservoir pour compenser les années de sécheresse, puis le Jourdain, rejoint par le Yarmouk et le Zarqa, qui se jette dans la Mer Morte. Israël a dû utiliser la force pour garantir l’accès aux ressources auquel il a droit : de 1964 à 1967 Israël dut lancer plusieurs attaques pour protéger ses ressources et celles de la Jordanie en détruisant les barrages que construisait la Syrie. Les accords dits Oslo II 1995 mirent en place la coopération sur l’eau en Cisjordanie entre Israël et l’AP. Malgré ses cahots, les mécanismes restent opérationnels, à l’opposé de leur image médiatique. Israël consommes 2 milliards de m3 (2 km3) d’eau par an. Les techniciens de l’ONU et de divers organismes considèrent qu’un km3 peut faire vivre 1 millions de personnes. Israël en fait vivre 4 fois plus. Comment ? Par la transition écologique permise par la technologie. Transition écologique La construction de l’aqueduc national apportant l’eau du nord au sud, a été le début de la gestion intégrée du réseau d’adduction d’eau d’Israël, confiée à la compagnie nationale MEKOROT. L’agriculture est, comme partout, le principal consommateur d’eau, c’est là qu’il faut commencer. Pendant longtemps l’eau fut subventionnée pour les fermiers, menant à des aberrations économiques. L’invention de l’irrigation au goutte-à-goutte fut la première étape. Israël est devenu leader mondial des technologies d’irrigation, du recyclage des eaux usées (85% en sont recyclées dans l’agriculture qui, d’ici 5 ans, n’aura accès qu’à cette ressource et aux eaux de ruissellement récupérées dans les 400 réservoirs construits dans tout le pays par le KKL). La gestion par informatique du réseau avec détection sophistiquée des fuites a permis d’abaisser le taux de perte à 10%, le plus bas au monde. Une politique de communication amène le public à changer ses comportements : dans les écoles, par la réglementation pour les nouveaux immeubles, Internet pour inciter chacun à économiser l’eau, dans les médias. Il fut décidé de construire 6 usines de dessalement de l’eau de mer le long de la côte : 5 sont opérationnelles et les plans de la 6e sont prêts. En 2015 la capacité totale atteindra 750 million m3 d’eau/an. Le prix en est élevé, 35 centimes par m3, contre 10 à 30 centimes pour l’eau naturelle ou recyclée. La consommation énergétique du processus est élevée, mais c’est le prix à payer pour réhabiliter toutes les rivières du pays, ce qui donne à cette solution un bilan écologique très positif. L’un des volets de la politique de développement durable de l’eau a conduit à la création et au développement de nombreuses entreprises de technologies de l’eau. Celles-ci sont innovantes et fortement exportatrices. Leur montée en puissance a permis à Israël de passer la crise économique de 2008, leurs exportations compensant les baisses d’activité d’autres secteurs. Citons quelques-unes des plus innovantes, comme IDE, leader mondial du dessalement, TAKADU pour la gestion intégrée des réseaux d’eau, TAHAL, ingénierie de grands projets hydrauliques, MIYA pour détection rapide et réparation in situ des fuites, AMIAD pour ses systèmes de filtration et Netafim, leader mondial de l’irrigation au goutte-à-goutte. Au total 400 entreprises, dont 250 start-ups, exportent leurs produits dans le monde entier. Israël a été choisi par exemple par l’Inde pour réhabiliter le Gange, une tâche que beaucoup jugeaient impossible. Norbert Lipszyc Crise mondiale de l’eau. L’Hydro-Diplomatie Norbert Lipszyc
L’eau est à la source de toute chose, elle occupe une place décisive dans les relations entre les hommes et entre les États. Elle a été perçue tantôt comme une frontière et une cause de conflit, tantôt comme un point de ralliement et de convergence.
La nécessité d’une gouvernance commune des enjeux liés à l’eau commence à s’imposer, c’est « l’hydro-diplomatie ».
Éditions de Passy. 22€
– Norbert Lipszyc. SPNI France –
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