French detective stories readers will love this American novel rooted in New York in the 30 ’s


Un palpitant roman policier américain de J.J Murphy écrit et traduit comme on en rêve.

Il est une catégorie des romans policiers qui est celle des romans policiers historiques, c’est-à-dire dont l’action ne se déroule pas à la même époque que celle à laquelle l’auteur écrit. On connait la série des romans gastronomiques historiques de Michèle Barrière et la saga de la famille Savoisy, mais surtout l’excellente série des « Grands détectives » de chez 10/18. Par le biais d’une intrigue que parfois on oublie vite, le ou les héros nous font découvrir la vie quotidienne, politique, sociale, judiciaire, etc., d’une époque, d’un pays. La série de sœur Fidelma de Peter Tremayne, par exemple, nous plonge dans les problématiques judiciaires et religieuses de l’Irlande du VII siècle, période de l’histoire que nous, Français, le moins que l’on puisse dire, connaissons très mal, et pourtant dans laquelle nous trouvons beaucoup d’éléments de réflexion par rapport aux problèmes de notre époque à travers la tolérance ou l’égalité homme/femme. La série des Nicolas le Floch, dont une série télévisuelle nous donne un avant-goût de la qualité de ces romans, nous plonge dans la France de l’Ancien Régime à l’aube de la Révolution. Et la liste et longue…Certaines séries ont pour personnages principaux des hommes ou des femmes ayant véritablement existé, et c’est pour l’auteur le moyen de les faire revivre autrement que par des savantes biographies lues que par des lecteurs intéressés par leurs œuvres. C’est un moyen de les rendre « plus vivants » au « grand public », quitte pour le lecteur d’approfondir ses connaissances sur ce personnage historique si le cœur lui en dit. On pense bien sûr à Dante avec Gilio Leoni ou encore à Oscar Wilde avec Gyles Brandreth.

Le Cercle des plumes assassines de J.J Murphy que publient les éditions Baker Street, nous plonge dans le New York de l‘entre-deux guerres autour de la (très forte) personnalité de Dorothy Parker. Nous ne connaissons plus Dorothy Parker, et pourtant ce fut l’une des femmes les plus drôles de son époque. Née en 1893, elle fut une poète renommée, une scénariste de talent et surtout une des meilleures plumes de Vanity Fair et du The New Yorker. Elle prit des positions politiques affirmées, défendit Sacco et Venzetti, et, hélas, tout naturellement, fut une des victimes du maccarthysme. Il faut dire qu’en 1936 elle avait contribué à fonder la « Hollywood Anti Nazi League  » proche du parti communiste américain. Elle mourut seule, dans une chambre d’hôtel en 1967, en léguant ses biens à la fondation Martin Luther King.

Olécio partenaire de Wukali

Elle était membre de l’Algonquin Round Table, dit « cercle vicieux  », réunion de journalistes et autres intellectuels de la vie newyorkaise au restaurant de l’hôtel Algonquin.

Le Cercle des plumes assassines nous fait revivre ce cercle autour non seulement de Dorothy Parker, mais aussi d’inconnus et de personnages ayant véritablement existé comme Robert Benchley, l’inoubliable auteur de « Je hais les acteurs »; mais aussi, dans des positions totalement improbables, un certain William Faulkner, surnommé par notre héroïne, Billy Teckel, jeune homme totalement perdu dans cette ville qui y vient de son sud natal pour essayer de devenir écrivain.

En soi l’intrigue est très accessoire : qui a bien pu, et pourquoi, tuer le critique Leland Mayflower dont le corps a été retrouvé sous la table ronde réservée au cercle vicieux à l’Algonquin ? C’est l’occasion de croiser, outre, les membres de ce cercle, des policiers haut en couleur, bien plus subtiles qu’ils ne le laissent paraître, des gangsters faisant fortune grâce à la prohibition, des stars du cinéma quelque peu cabots, etc. Peu importe souvent le caractère irréaliste de certaines scènes, car ce qui en fait le sel, c’est l’humour qui préside à ce livre. Et nous nous devons de saluer le travail d’Hélène Collon qui a su, dans sa traduction, faire ressortir cet humour, cette drôlerie, les jeux de mots qui fusent à peu près à toutes les pages sans qu’elle ait, une seule fois, trahi l’auteur. Un travail remarquable qui participe grandement à la joie que le lecteur trouve à la lecture de ce livre (titre en anglais: The Algonquin Round Table Mysteries).

Les éditions Baker Street, nous annoncent qu’elles vont continuer à publier les aventures de Dorothy Parker, (Le Cercle des plumes assassines n’est que le premier opus) d’une série écrite par J.J Murphy, nous attendons impatiemment qu’elles tiennent promesse !

Emile Cougut


Le Cercle des plumes assassines

J.J. Murphy

Éditions Baker Street. 21€


WUKALI 07/04/2015

Courrier des lecteurs: redaction@wukali.com


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