JPG, French fashion original enfant terrible, an exhibition travelling all over the world

Jean Paul Gaultier a exposé son monde créatif à Paris au Grand Palais du 1er avril au 3 août 2015 après avoir représenté la France artistique dans 9 métropoles mondiales, dont Londres, Brooklyn, Stockholm, Dallas, Melbourne et San Francisco. La planète mode de Jean-Paul Gaultier, de la rue aux étoiles s’est installée dans un lieu magnifique et l’a investi intégralement de modèles, de lumières, de sons, de photographies. Paris apothéose d’un voyage culturel dans un monde immense animé par son prolifique démiurge, et 175 pièces exceptionnelles. Il fallait emplir cette architecture imposante et majestueuse sans transformer la vie de la mode en musée du vêtement, un pari réussi brillamment.

Un monde dense, multiforme, une intensité de mélanges et de diversités, d’inspirations et d’époques dont le fil conducteur est l’originalité, l’audace, le mélange, l’inversion des stéréotypes, notamment masculin/féminin, le jeu avec les cultures, contre-et sous-cultures. Une constante, la qualité des matières et l’inventivité, dès les premières pièces. Quel que soit le support, l’artiste se caractérise par le fait qu’il est un monde, dans le monde et que toutes ses propositions sont pour nous autant d’explorations et de voyages, débuts d’explorations multiples.

Olécio partenaire de Wukali

Après une première salle d’introduction, les débuts, l’enfance, l’inspiration, commence l’Odyssée, l’origine de ce monde, les mannequins animés par des visages en projections vidéo, dont Jean Paul Gaultier lui-même, invitent à une fête, à un parcours léger et vibrant. La foule est dense, intéressée, attentive, connaisseuse, mixte. Importance de la marinière, déclinée tout au long de l’œuvre, côté populaire, majestuosité des icônes d’inspiration religieuses.

Le second espace, Punk Cancan, est un défilé animé présentant des modèles de première importance, la parisienne, la jupe pantalon pour homme, une robe French cancan présentant un tourbillon de jambes, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et quelques égéries fantastiques, sous l’invitation de la voix de Catherine Deneuve. Un mur de modèles punk explose de couleurs et de matières mélangées, jeans, clous, bijoux, matières nobles et matières réputées populaires annoblies. L’ambiance y est extraordinaire, les appareils photos crépitent et redonnent à l’endroit la dynamique des défilés Couture, qui pulsent eux-même la vie dans la création du Grand Couturier.

Au pied et en haut de l’escalier monumental, JPG présente ses Muses, celles de la différence, la singularité passionnante des individus et indépendamment des différences, d’âge, de sexe, de couleur, d’orientation sexuelle, de corpulence… Mannequins androgynes, Teri Toye et transgenre, mannequin au crâne rasé et tatoué, Eve Savail, ou son célébrissime mannequin Tanel Bedrossiantz, enfin les célébrités qui subliment encore son talent, Rossy de Palma, Beth Ditto et récemment Conchita Wurst. Projections. Spectacle. Musique. Tous les arts convergent vers la mode en une sinesthésie élégante.

L’escalier monumental est habillé de lumières, de motifs… et nous conduit au premier étage, au salon, avec son boudoir, d’accessoires, de corsets, guêpières sous-vêtements devenant vêtements à part entière. Le début du vingtième siècle avait libéré la femme des corsets, JPG libère de cette libération elle-même l’homme et la femme en les corsetant consentants en désirs multiples…

Le motif est sensuel, sexuel, la salle « à fleur de peau » révèle la noblesse de la pulsion et des désirs sexuels, qui se nourissent du phantasme, du déguisement, de ce qui est caché autant que révelé, des backrooms à l’espace, de l’intimité au septième ciel, le plaisir intense où plus personne ne sait où il est mais que tous recherchent.

L’espace Metropolis rappelle la réciprocité de l’influence entre le cinéma, la musique, la danse, la photographie et la mode, Besson, Almodovar, Caro/Jeunet, Greenaway, Bejart, Chopinot, Preljokaj, Boy George, Dombasle, Madonna, Yvette Horner, Nirvana, Rita Mitsouko, Tina Turner, Lady Gaga, gigantesque forum mondialisé de l’art.

Apothéose dans l’apothéose, la salle Jungle urbaine décline l’inspiration de toutes les différences, pays, latitudes, ethnies, peuples, langues, régions, la mode devient croisements, hybridations, séquençages, l’apparente fourrure est en fait texture de perles, magnifique et éblouissant de démonstration, de puissance créatrice tous azimuts : coupes elles aussi bigarrées bolero, kaftan, gilets, traînes, cabans, camouflages et exhibitions. Enfin mariées en traînes, ou traînées en mariage, éblouissant !

On poursuivra ce voyage avec l’artiste non seulement avec le beau catalogue de l’exposition, mais aussi avec le livre richement illustré Jean-Paul Gaultier, De la rue aux étoiles de Thierry-Maxime Loriot ainsi que le film consacré à la création de JPG « >Jean Paul Gaultier travaille de Loïc Prigent. On y voit un couturier sympathique et rieur expliquer ses plus belles pièces avec simplicité et sincérité, un grand talent pédagogique

Patrick Kopp


WUKALI 03/08/2015
Courrier des lecteurs : redaction@wukali.com

Illustrations: photos Patrick Kopp


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