An impressive Polish animation movie film maker


Deux films d’animation de Damian Nenow dans cette rubrique d’été. Damian Nenow est un des plus brillants réalisateurs de sa génération. À peine sorti de l’école du cinéma de Łódź en Pologne en 2006 avec The Great Escape qui est précisément son film de fin d’études, il travaille ensuite sur deux autres films dont Paths of Hate (2010), que nous avons déjà présenté (nous le considérons comme un chef d’oeuvre et nous le représentons avec plaisir). Il caracole très rapidement en tête des palmarès des grands festivals des films d’animation internationaux : Festival International du Film d’animation de Nancy , SIGGRAPH 2011.


The Great Escape ( La Grande évasion), son premier film donc, dure exactement 6mn50. Il narre l’histoire d’un petit soleil de bulletin météorologique télévisé qui sort de sa fonction pour trouver une liberté, poursuivi par une armée de diodes, condensateurs, tuners et autres composants techniques d’un téléviseur qui le pourchassent. L’animation technique est parfaitement bien assurée et maîtrisée, le rendu visuel des différentes pièces détachées est très efficace sans jamais tomber dans un anthropomorphisme facile. Le film a été produit par les studios Platige Image auxquels Damian Nenow restera fidèle par la suite.

Olécio partenaire de Wukali

Paths of Hate

S’il me fallait démontrer que le dessin animé ( d’aucuns usent aujourd’hui le terme film d’animation dont la définition technique est plus large) est du grand art, et que leurs auteurs sont des artistes à part entière qui s’inscrivent dans le droit fil de l’histoire de l’art au même titre que les génies des siècles passés dont les oeuvres sont conservées dans les musées, je choisirais sans nul doute dans la botte que je déterminerais « Paths of Hate‘ » ( Les sentiers de la haine) tant ses qualités sont immenses .

L’auteur de ce petit chef d’oeuvre, Paths of Hate, et j’écris avec lucidité et en conscience ce terme, s’appelle Damian Nenow et est né en Pologne dans la ville de Bydgoszcz en 1983.


Ce film de 10mn 32 secondes pour être précis est d’un bout à l’autre haletant, passionnant, remarquable tant pas l’excellence du dessin que de la bande musicale qui l’accompagne. L’histoire est celle de deux pilotes d’avion qui s’affrontent dans un tournoi aérien et sanglant. Le dessin est incisif, précis, chirurgical, comme taillé au scalpel, si l’on pouvait établir des comparaisons on penserait immédiatement à Dürer voire à Boticelli et renvoie bien entendu aux plus grands maîtres de la bande dessinée. La ligne a une précision parfaite et rigoureuse, qu’il s’agisse du dessin des carlingues ou des cockpits, des traits des visages, ou encore des perspectives aériennes et des ciels zèbrés par les traînées de condensation des moteurs ou les traces des balles des mitrailleuses. Même les nuages sont magnifiques on les croirait tout droit sorti d’un tableau de Gerhard Richter.

C’est bien d’ailleurs par la qualité du dessin que l’on peut estimer le génie des plus grands artistes, des plus grands peintres, et je pense aussi bien à Michel Ange, ou à Eugène Delacroix et Dominique Ingres et j’ajouterais pour le vingtième siècle Picasso bien entendu. La limitation des moyens techniques ne permettant pas l’approximation et exigeant immédiatement l’excellence et la perfection.

Le dessin animé tout comme la bande dessinée, (et le dessin publicitaire aussi!) constituent chacun une forme renouvelée de l’art du dessin, et s’établissent comme de merveilleux avatars où peuvent dans la contemporanéité s’exprimer de grands artistes qui vivront ainsi de leurs talents. Ce dessin animé fera date.

Le film sorti en 2010 est rythmé, haletant, prégnant, captivant. On suit cette montée d’adrénaline, ces bouffées de haine qui nourrissent chacun des deux protagonistes, ce n’est pas la quête du saint graal, c’est cette folie guerrière et assassine, ce goût du sang et de la destruction totale, de l’annihilation de l’autre, de l »ennemi. La musique tient aussi parfaitement son rôle, et les grincements de ces sonorités « métal » donnent de l’épaisseur à ce tournoi fantastique. Les scènes finales sont tout bonnement dantesques, les visages se craquèlent et explosent comme des grenades dégoupillées.

Ce film ne pouvait recevoir que les plus grandes distinctions, qu’obtenir les classements prestigieux dans les festivals internationaux et c’est justice. Il fut ainsi sélectionné pour les Academy Rewards, reçut une distinction spéciale du Festival international du Film d’animation d’Annecy puis du SIGGRAPH.

Pierre-Alain Lévy


WUKALI 22/08/2015
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