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Un homme, une femme passent des vacances à Evian. L’homme nous fait partager ses souvenirs, ses émois, son amour pour cette femme. C’est un écrivain, divorcé, une petite fille, ancien alcoolique, fêtard, riche (appartement à Paris, un autre dans la maison familiale sur le lac Léman), une sorte de caricature du « bobo parisien  » sortie d’un roman de Begbéder. C’est aussi un homme à femme, un sensuel qui apprécie le sexe, qui a beaucoup aimé les femmes et qui est attiré par leur plastique. De plus, pigiste dans un quotidien de droite, c’est l’archétype du réactionnaire, un nostalgique de son passé. Indéniablement pour lui, la vie était nettement plus agréable avant « Les anciens thermes n’abritent plus aucune comtesse alanguie sur des transats, en maillot une pièce, au chapeau de paille et aux lunettes volées à Holly Golightly. Des retraités transpirent et boivent de l’eau. Je les ignore. » Il ne manque plus qu’une réflexion du style : « depuis les congés payés, les hordes barbares ont envahi nos lieux de villégiature  ». En tout cas, ses fins de mois sont loins d’être difficiles. Selon quoi l’argent et être né avec une cuillère d’argent dans la bouche, ne rendent pas les gens heureux.

Adieu aux espadrilles

est un roman du style « minimaliste ». Des phrases souvent très courtes, des descriptions précises qui essaient de retracer les émotions du moment vécu «  Nous dînerons d’une salade César revisitée, d’une pièce de bœuf correcte et d’un rosé Minuty très moyen. » Il y a une certaine sensualité qui transpire dans cette écriture.

Bien sûr il faut aimer ce style, et je l’ai déjà dit, c’est loin d’être ma tasse de thé, mais quand on écrit pour Wukali, le moins que l’on puisse attendre d’un chroniqueur c’est qu’il soit honnête intellectuellement, aussi je m’efforce de l’être.

J’ai trouvé des qualités à ce livre dont la sensualité. Quant au reste… Les dialogues sont totalement inintéressants, en quelque sorte trop artificiels, irréalistes. On n’y croit pas, personne ne parle de cette façon décousue, la plus part ne sont pas des dialogues, mais des échanges de mots entre deux personnes qui n’écoutent pas son interlocuteur : « – Louise nous rejoindra./ – Et sa mère ?/ – Je lui parlerai./ – Ce n’est pas possible./ – Dommage./ – Tu coules entre mes cuisses... »

Arnaud Le Guern veut écrire en français, pourquoi pas, je suis le premier à dénoncer dans mes critiques su Wukali, les auteurs qui passent leur temps à employer des anglicismes alors que notre langue française nous offre de magnifiques mots ayant le même sens et parfois même un sens plus précis. Mais, il est des mots, qui, soit, viennent d’Outre Manche mais qui sont passés dans notre vocabulaire quotidien.

Ce qui est insupportable pour le lecteur c’est quand l’auteur utilise ces mots mais les « francise », c’est à dire les écrit phonétiquement. On y a droit, et pas qu’une fois, ce qui provoque un vrai calvaire pour le lecteur qui est obligé d’arrêter sa lecture pour essayer de comprendre le sens de la phrase. Pour moi, mais je peux comprendre que cela ne gène pas d’autres lecteurs, les « ouiquende », « coqutèle  », et autre « ouisquie  », sont insupportables pour ne pas dire illisibles.

De plus, il y a ce que d’aucuns trouveront être du remplissage. L’auteur aime bien et à une réelle connaissance du cinéma, mais essentiellement celui de son adolescence et de ses premiers émois de jeune homme. De plus, ce qui lui plaît, hormis un film X faisant partie des classiques de ce genre, c’est avant tout les séries B et les acteurs, plus exactement les starlettes de seconde zone. Soit il a une passion pour une certaine Lindsay Lohan, mais a-t-il conscience que son « fan club » ne doit pas actuellement dépasser une demi-douzaine de personnes.

En plus, ce « remplissage » confine parfois au pédantisme :
« – Avant de partir, nous boirons un thé glacé sur une terrasse, à Ouchy ;
« – A l’Academia. Là où Lord Byron a rédigé, en 1816, Le Prisonnier de Chillon. »

Ce dialogue, je me permets de le dire aux potentiels lecteurs n’apporte strictement rien à l’histoire, ni à la compréhension du caractère des personnages. Mais n’est-ce ce genre littéraire qui implique ce genre de dialogue ?

Émile Cougut


Adieu aux espadrilles

Arnaud Le Guern

éditions du Rocher. 17€


WUKALI

25/09/2015

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