Elie Wiesel, Holocaust survivor died, he was 87 years old
[**Elie Wiesel *] vient de mourir et c’est une grande tristesse, il avait 87 ans. Une vie, une oeuvre toute entière consacrée à un travail de mémoire, celle de la [**Shoah.*] Il est né en[** Roumanie*] dans la petite ville de Sighet. Quand la [**Hongrie*] avec l’aval d’Hitler envahit la Roumanie, les familles juives furent aussitôt placées dans des ghettos, plus tard en 1944 les nazis avec le plein accord du gouvernement hongrois déportèrent tous les juifs de Sighet dans le camp d'[**Auschwitz-Birkenau*] comme la quasi totalité de toute la communauté juive hongroise qui y périt.
Elie Wiesel avec toute sa famille est déporté à Auschwitz, il a alors 15ans puis il sera transféré avec son père au camp de travail de [**Buna*] et de[** Buchenvald.*]. Par la suite il sera transféré dans d’autres camps. Sa famille, son père, [**Shlomo,*] sa mère [**Sarah*] et sa petite soeur[** Tzipora *] mourront à Auschwitz. Dans le judaïsme, dire le nom d’un mort c’est le réveiller à la vie.
Cette période de son existence, de cet enfer dans les camps, de cette abomination, de cette errance, il la racontera dans de nombreux livres.
Toute sa vie durant Elie Wiesel a lutté pour maintenir ce travail de mémoire, pour transmettre ce que fut cette période, pour éduquer tout particulièrement la jeunesse aux valeurs de vie et de respect, pour raconter ce que fut l’Europe à un moment de son passé quand les barrières morales se sont effondrées et que la barbarie nazie a submergé les démocraties. Pour dire ce qu’est l’antisémitisme. Elie tu nous manques !
En [**1945*] Elie Wiesel est accueilli en France par l'[**OSE*] (une organisation juive, Oeuvre de Secours aux Enfants), il étudiera à La Sorbonne où il suivra des cours de littérature, de philosophie et de psychologie. Pour financer ses études et gagner sa vie il écrira des piges dans des journaux français et américains. En 1955, il s’envole aux États-Unis y devient correspondant du journal israélien Yediot Ahronot. [**François Mauriac *] qu’il a rencontré à Paris l’encourage à écrire. Élie Wiesel entreprend de rédiger ses mémoires en yiddish. Un gros pavé de 800 pages d’abord publié en Argentine, et puis il reprend l’ouvrage, l’aére pour une édition française, ce sera un livre de 300 pages [**«La Nuit»*] (1960. éditions du Seuil ), aussitôt traduit en anglais et publié aux[** USA*] (en 200 pages) et tiré à 3000 exemplaires. Au fil du temps qui passe les éditions se multiplient.
En octobre 1965 Elie Wiesel s’envole pour un voyage en[** URSS*]. Cinquante auparavant, [**André Gide *] lui aussi avait fait le voyage, et il y avait été reçu en grandes pompes avec tous les honneurs et à son retour en France en 1936 il écrira «[**Retour de l’URSS*]» où il dénoncera le système. Comme quoi on peut être progressiste et intelligent, à méditer ! (surtout de nos jours place du colonel Fabien et au siège de la CGT à Montreuil …)
À [**Moscou*] Élie Wiesel cherche à comprendre, à se faire son opinion, à l’occasion de la fête de [**Simchat Torah*], Élie invite de jeunes juifs russes à le rencontrer, il veut savoir. Malgré le froid, la neige et la police de la Loubianka ils viennent, ils sont près de 2.000, et ils témoignent de ce qui se passe ! Élie quand il revient écrit à la suite de cela «[**Les Juifs du silence*]», l’antisémitisme n’est pas mort en URSS. Le livre connaîtra un grand succès.
De 1972 à 1976 Élie Wiesel est professeur ou attaché de cours dans différentes universités américaines [**(New York, Boston, Yale)*], il créera le [**Mémorial américain de l’Holocauste*] qu’il présidera. En décembre [**1986*], il reçoit le [**Prix Nobel de la paix*], deux ans après il crée la [**Fondation Elie Wiesel *] dont les objectifs statutaires sont de combattre l’indifférence, l’intolérance et l’injustice, Sisyphe éternellement recommencé à chaque génération. Il partage sa vie entre les [**États-Unis,*] la [**France*] et [**Israël*].
Au total, Elie Wiesel a écrit 57 livres où il raconte. On le verra souvent en France qu’il aime profondément.
Sa voix était douce avec une intonation colorée et roulait un peu, son regard était clair, les yeux souvent cachés sous une mèche de cheveux rebelles tombant sur un large front. Son engagement pour la mémoire et la paix au [**Proche-Orient*] entre [**Israel*] et ses voisins arabes fut incessant. Il recevra la Légion d’honneur en [**France *] en 1984, avant d’être fait Grand-officier en 1990, puis Grand-croix en 2001.
[**L’Chaim לחיים*] dit-on en hébreu, L’Chaim [** לחיים אֵלִיָּהו Élie*], l’eussiez-vous dit. [** Shalom.*] oui Élie, tu nous manques !
Yitgadal veyitkadach chemé raba, bealma di vera khirouté, veyamlikh malkhouté veyatsma’h pourkané vikarèv mechi’hé, be’hayékhon ouvéyomékhon ouve’hayé dekhol bet yisraël, baagala ouvizman kariv veïmrou amen. (première phrase du Kaddish, la prière des Morts)
[**Pierre Alain Lévy*]
WUKALI 01/07/2016
*Courrier des lecteurs *] : [redaction@wukali.com
Illustration de l’entête: Haaretz ©AP