Mystery and crime around the shroud of Turin
Qu’est-ce, une relique ? Comment prouver qu’elle est « vraie » ? Qu’elle son rôle, son utilité ? Peut-elle remettre en cause toute une façon de penser d’une société ? Peut-elle être un danger pour certains ? Voilà le genre questions que pose [**Erick George-Egret*] dans son dernier roman : Les voyageurs noirs. La relique n’est autre que le suaire de Turin : est-ce une fabrication humaine ou alors le morceau de lin qui a recouvert Jésus après sa mort ? Vaste problème et le moins que l’on puisse dire c’est que la question est loin d’être réglée définitivement et l’église catholique se montre particulièrement prudente en ce qui le concerne, comme pour toutes les reliques d’ailleurs.
Ceux qui croyaient la question définitivement réglée depuis la datation au carbone 14 d’un minuscule fragment du suaire ont bien été obligés de reconnaître qu’ils s’étaient trompés car ce fameux fragment s’il date bien du XIII siècle provenait d’une restauration faite à cette époque. Au moins il y a unanimité sur ce fait, mais le débat fait encore rage sur son «authenticité ».
Catherine Dorval est une médiéviste reconnue qui a entrepis de faire une série de conférences dans le monde entier pour prouver l’authenticité du suaire de Turin. Mais de Copenhague à Paris en passant par Budapest, les morts s’accumulent auprès d’elle. Elle finit par apprendre l’existence d’une secte, les voyageurs noirs. Celle-ci a été créée par Saladin qui, en songe, perçut que le « linceul du Christ » était la relique qui allait faire triompher le christianisme sur l’Islam. Depuis plus de huit siècles, les voyageurs noirs ont un seul et unique but : détruire le linceul, quitte à perdre la vie. Peu importe les moyens, les « dégâts collatéraux », ils sont prêts à tout pour atteindre leur but. Et comme Catherine est en train de démontrer son authenticité, elle est aussi en danger, tout comme ses deux enfants. Un tueur implacable la côtoie, mais elle va bénéficier d’une aide pour le moins inattendue. Et puis, et surtout quand on s’attaque à la chair de sa chair, elle la professeur d’université, veuve, l’intellectuelle quelque peu hautaine, va se révéler être un vrai fauve.
Je suis plus que mitigé après la lecture de ce livre. On se demande comment, totalement immergé en Israël, sous une fausse identité, le tueur qui a perdu sa trace arrive à avoir son numéro de téléphone. Il la menace d’un révolver et quelques lignes après ce dernier a disparu comme par enchantement.
Tout comme, sauf dans les très mauvais polars (livres ou films), il est impossible que sa photo se trouve dans une agence de location de voiture au fin fond de la Turquie. C’est en France qu’elle est recherchée, et même si Interpol est une digne institution de coopération policière, elle ne diffuse pas les photos de toutes les personnes recherchées chez les commerçants du monde entier.
Mais là n’est pas le plus important, on peut admettre que la création littéraire prenne des distances avec la réalité. Non, ce qui me chagrine quelque peu, c’est le message à peine voilé que distille l’auteur : celui de la supériorité de la religion catholique sur toutes les autres en général et sur l’islam en particulier. Et il pousse quelque peu quand il fait dire à son héroïne que la nature de l’homme c’est l’enracinement et non le nomadisme. C’est faire fi de l’histoire de l’humanité. L’homme quand il est sorti de l’Afrique était un nomade, et que dire des tribus germaniques quand elles s’intallèrent en Europe occidentale.
En tous cas, il faut lire ce roman quand on veut-être informé des dernières études concernant le suaire de Turin. Erick George-Egret maîtrise parfaitement son sujet et sait restituer son savoir de façon particulièrement plaisante, et le moins que l’on puisse dire c’est que ses arguments sont particulièrement pertinents et convaincants.
[**Les voyageurs noirs
Erick George-Egret*]
éditions du Rocher. 21€90
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WUKALI 08/03/2017