Linguistic approach about French words and idioms


Après Le Dictionnaire des mots manquants, les [**éditions Thierry Marchaisse*] ont la bonne idée de publier son pendant, son complément: [**Le Dictionnaire des mots en trop*]. Le principe est toujours le même, une cinquantaine d’entrées confiées chacune à un auteur différent. Voilà un paradoxe : un écrivain a pour métier de manier, d’assembler les mots pour leur donner du sens, pour exposer une idée. Plus il y a de mots, plus l’auteur peut nuancer sa pensée, ses propos. Ne dit-on pas que la force du français est justement son vocabulaire, bien plus importante que l’anglais, le sujet fait débat et controverse. N’est-ce pas justement sa richesse lexicale qui en fait toujours LA langue internationale ? Ne sommes-nous pas émerveillés en quelque sorte, par la richesse du japonais ? Et que dire des Inuits qui ont plus d’une dizaine d’adjectifs pour décrire les nuances de la neige ? La langue c’est le principal vecteur de la culture des gens qui la parlent. Plus la langue est riche, plus la culture dont elle est le support est « raffinée ».

Alors, ce dictionnaire peut faire peur : relisons [**1984*] de [**Georges Orwell*] (roman régulièrement cité tout au long du dictionnaire, comme [**La vie mode d’emploi*] de [**Georges Perec*]), le métier de Winston Smith n’est-il pas de supprimer des mots du dictionnaire. Si une émotion, une idée ne peuvent se dire, s’exprimer, elles ne pourront être partagées, diffusées et finiront par disparaitre avec celui qui les ressent. La richesse du vocabulaire est une preuve de démocratie, de liberté. Bien sûr, le but de ce dictionnaire n’est pas d’instaurer une dictature du style de celle de « Big Brother  », mais avant tout un exercice intellectuel, un défi lancé à des écrivains. Une sorte de démarche digne de la pataphysique que n’aurait pas reniée un [**Alfred Jarry*] ou un [**Raymond Queneau*].

A chaque fois le rédacteur explique pourquoi ce mot est soit inutile, soit ne fait pas partie de son vocabulaire. Le lecteur se délecte régulièrement à la lecture de certains propos, se fait son idée, admire le jeu intellectuel que développe l’auteur poussant son raisonnement au-delà du raisonnable. Il finit parfois par se demander si vraiment ce mot est utile au français, et pourtant, ces mots comme, « belle-mère », « interminable  », « un » ou encore « ressenti » sont d’un usage que le susdit lecteur percevait comme faisant partie intégrante de son univers lingual quotidien.

Olécio partenaire de Wukali

Drôle, parfois poétique, chaque article a son style, sa force. Parfois comme l’entrée « progrès » rédigée par [**Thibault Ulysse Comte*], c’est une véritable réflexion philosophique qui nous est proposée. Un seul mot fait l’objet non d’une, non de deux, mais de trois contributions, toutes très différentes les unes des autres : en quoi « trop  » est si gênant dans notre vocabulaire. A vous de vous en faire une idée.

Surtout lisez, relisez la préface rédigée par [**Belinda Cannone*] et [**Christian Doumet*]. En quelque sorte elle se suffit en elle-même, les contributions deviennent presque accessoires. Elle va bien plus loin que la recherche de « Mots en trop », elle est un brillant essai sur le langage, sur l’art d’écrire que tous les amoureux des mots, des livres se doivent de savoir presque par cœur.

[**Emile Cougut*]|right>


[**Le Dictionnaire des mots en trop*]
Dirigé par [**Belinda Cannone et Christian Doumet*]
éditions Thierry Marchaisse. 16€90

Ce livre a été reçu dans la Sélection du Livre Wukali


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WUKALI 04/11/2017

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