About Tintin, spiritual and religious background and analysis


[**Bob Garcia*] est un « tintinologue » distingué, auteur déjà de plus d’une demi-douzaine d’ouvrages sur le célèbre héros de bandes dessinées. Dans sa dernière étude, publiée par les éditions Desclée de Brouwer, il s’attaque à un univers important : le domaine religieux.

On sait que[** Rémi*] a eu une éducation catholique et qu’il commença à travailler non seulement dans le milieu très catholique qu’était celui de la bande dessinée belge dans l’entre-deux-guerre, mais en plus qu’il a collaboré pour des revues catholiques pour la jeunesse. De plus, son entourage, certaines personnes qui ont travaillé avec lui à son œuvre, étaient des catholiques convaincus, voire des membres du clergé. Et il est vrai qu’il y a peu d’études sur le poids de la religion dans le travail d’[**Hergé*], sans compter qu’elles sont souvent contradictoires.

Bob Garcia nous décrit une œuvre pleine de religiosité mais aussi respectueuse de toutes les religions, empreinte d’une grande tolérance.

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La moité de son essai (et pour moi la plus intéressante) est une remise en contexte de chaque œuvre d’Hergé. Il y a bien sûr tous les albums de [**Tintin*], du Pays des soviets à l’Alph-Art, mais aussi, ceux de Jo et Zette, Quick et Flupke, Totor, des dessins allant des pages de garde de revues à des cartes de Noël, et même les deux pièces de théâtre qu’Hergé a co-écrit : Tintin aux Indes ou le diamant bleu et Monsieur Pollock a disparu. Toutes les influences, humaines, intellectuelles, culturelles sont analysées, mises en exergue. Parfois avec un peu trop de zèle : comment Le dictateur de [**Charlie Chaplin*] tourné et sorti aux États-Unis d’Amérique en 1940 aurait-il pu influencer le cadre du Sceptre d’Ottokar paru en Belgique entre 1938 et 1939 ? À trop vouloir prouver, on finit par faire quelques petites approximations !

La seconde partie du travail de Bob Garcia démontre que toute l’œuvre d’[**Hergé*] est dominée par le fait religieux en général et la religion catholique en particulier. D’ailleurs Tintin n’est-il pas une sorte de Christ ou du moins un personnage « imitant Jésus-Christ  » : pardon, charité sont des vertus qui reviennent régulièrement dans les albums et souvent c’est grâce à ces vertus qu’il est sorti du mauvais pas : il en reçoit la juste récompense. Toute l’œuvre d’Hergé est symbolisée par la lutte du bien contre le mal, une vision parfois manichéenne de la vie mais qui est un des fondements du catholicisme, du moins de celui dans lequel l’auteur a été élevé.

Bob Garcia répond, et il faut être honnête de façon très convaincante aux détracteurs qui accusent Hergé de tous les mots : antisémite et anti musulman. Selon lui c’est loin d’être le cas. Il est vrai que l’image du juif n’est pas valorisée, mais Hergé n’est qu’un homme de son temps, il ne fait que refléter l’idéologie dominante de son époque et c’est faire preuve d’uchronie que de le juger avec notre système de valeurs actuel (que n’a-t-on pas dit, écrit comme imbécillités sur le personnage de Shylock du Marchand de Venise de [**Shakespeare*]). De plus entre la première et la version définitive de certains albums, le caractère caricatural du juif a été gommé. En ce qui concerne l’islamophobie présumée de Tintin, elle a du mal à être perçu dans Coke en stock quand Tintin promet aux esclaves de les aider à accomplir le pèlerinage à la Mecque.

Tout est analysé, décortiqué : le bouddhisme, le taoïsme, le chamanisme mais aussi les courants ésotériques, millénaristes, les mythes, etc. Mais Tintin (et à travers lui Hergé) ne juge ni ne condamne, il essaie de percevoir, de mettre en valeur le « bien », le « bon », du « mauvais », du rejet d’autrui.

Là ou parfois le lecteur peut avoir du mal à suivre Bob Garcia dans sa démonstration c’est qu’en pour étayer sa thèse il se base sur des interprétations que d’aucun peut juger hasardeuses, comme certains jurons du capitaine Haddock.

Voilà un essai qui remet parfaitement toute l’œuvre d’[**Hergé*] dans son contexte historique, culturel et cultuel. Bien écrit, facile à lire, convainquant de part ses arguments, il nous montre que le travail du génial dessinateur belge est emprunt de tolérance, de respect, d’ouverture sur l’autre, d’un certain humanisme.

Mais qui pouvait en douter après la lecture des aventures de Tintin ?

[**Pierre de Restigné*]


[**Tintin, le Diable et le bon Dieu
Bob Garcia*]
éditions Desclée De Brouwer. 17€90


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WUKALI 03/02/2018)]

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