A painter born in Metz in Lorraine in the nineteenth century


[**Les Devilly, une famille messine.*]

Que sait-on de ce [**Théodore Devilly*] né à Metz en 1818 et mort à Nancy en 1886, « peintre messin », qui a donné son nom à l’ancien Chemin des Vignes, sur le haut de Queuleu, vers Tivoli à Metz, une très modeste voie, de la rue Saint-Maximin à la place Arsène Vigeant ?

Sait-on que son grand-père, [**Louis-Benoît Devilly*], fut l’éditeur, en 1789, de l’[**Abbé Grégoire,*] pour son fameux essai sur la « Régénération physique, morale et politique, des Juifs », essai qui avait été primé par la « Société Royale des Arts et des Sciences » de Metz, l’ancêtre de l’actuelle Académie messine ?

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Que réalisa son père, [**Louis-Jean-Baptiste Devilly*], pour mériter une rubrique dans le fameux Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle de [**Pierre Larousse*] ?

Qui saurait encore parler le patois roman du Pays messin, langue du Chan Heurlin, ce poème populaire du XVIIIe siècle, écrit par [**Albert Brondex*], cousin de [**Constance Gentil*], mère de Théodore Devilly, elle-même libraire et éditrice de cette œuvre alors célèbre ?

Se souvient-on de la controverse lancée par [**Maître Delrez*], il y a plus de dix ans, contestant la présence d’une toile représentant la Crucifixion dans la salle d’audience de la Cour d’appel du Palais de Justice de Metz ? Cette toile, alors attribuée à Théodore Devilly, qui orne aujourd’hui le chœur de l’abbatiale de Saint-Avold.

[**Michel Seelig*], passionné d’histoire, a présenté récemment le fruit de ses recherches sur une famille qui a marqué la vie culturelle messine, lors d’une conférence donnée au Musée de la Cour d’Or.

Il évoque toutes les activités de libraire et d’éditeur du grand-père, du père et la mère du peintre. Le père, [**Louis-Jean-Baptiste*], se voit consacrer une place particulière. En effet, ce personnage haut en couleurs a particulièrement marqué la vie culturelle messine dans les années 1820 : il est secrétaire de l’Académie, publie de nombreux articles, édite le Ménestrel de la Moselle et le Journal de la Moselle, il est juge consulaire … C’est aussi la figure marquante de la Franc-Maçonnerie messine de ces premières années de la Restauration monarchique. Ironie de l’histoire, lorsque, du fait « de son inconduite » comme l’écrit [**Pierre Larousse*], il connaît de graves difficultés financières et se « brûle la cervelle », l’acte de décès constate, avec malice peut-être, que son suicide a eu lieu « dans une loge d’un jardin de Plantières »…

Michel Seelig s’attache ensuite à relater la vie du peintre [**Théodore Devilly*], un de ces « Messieurs de l’École de Metz », comme écrivait [**Charles Baudelaire*] en 1845. Théodore n’a alors que 27 ans. Il a pourtant déjà réalisé une œuvre importante, notamment une œuvre graphique. Lors d’un séjour très jeune à Paris, il a pu côtoyer les milieux artistiques et littéraires. Il participe à l’illustration de nombreux livres, notamment en association avec des dessinateurs aujourd’hui illustres, [**Daumier*] ou [**Gavarni.*]

Michel Seelig insiste tout particulièrement sur les qualités de dessinateur de Devilly. Il cite le grand journal L’Illustration qui commente ainsi un croquis particulièrement savoureux, le « Grand mauvais sujet » : « Monsieur Théodore Devilly [est] élégant et distingué … Ses tableaux sont pleins d’un humour charmant ils sont enclins à la satire et portent avec eux un cachet d’originalité qui les ferait reconnaître entre mille. On a vu à Paris […] les belles illustrations de l’Odyssée et un grand nombre de dessins. M. Devilly se décidera peut être à envoyer au salon des petits tableaux très vantés à Metz […] que nous avons bonne envie de connaître. En attendant voici un grand mauvais sujet la honte d’une école des frères ignorantins qui médite dans sa cervelle endiablée une grandissime farce. Ce dessin plein d’originalité caractérise parfaitement la manière de M. Devilly qui traite avec un sérieux éminemment comique les scènes de genre… »

Une grande part de l’œuvre de dessinateur de Théodore Devilly est cependant mercenaire, et ne nous est pas connue : durant de nombreuses années, son gagne-pain consiste à dessiner pour [**Dembour*] et [**Gangel*] qui fabriquent des papiers peints et publient des images fort prisées, [On a malheureusement oublié aujourd’hui que, en 1860, 18 % des images diffusées sur le territoire français sortaient des presses de [**Metz*] contre 2 % pour celles d'[**Epinal*]…] il entre ensuite dans l’atelier de [**Laurent-Charles Maréchal*], le chef de file de l’École de Metz, où il dessine des cartons de vitraux.

Grâce à ces qualités, il devient directeur de l’École de dessin et de modelage de Metz, puis après 1870, alors qu’il refuse de rester dans la ville devenue allemande, il accède aux responsabilités de conservateur du Musée des Beaux-Arts et de directeur de l’École des Beaux-Arts de Nancy.

En 1871, [**Laurent-Charles Maréchal*] salue ces nominations. Il écrit que Théodore Devilly est « doué d’une imagination brillante et d’un esprit précis, dessinateur éminent, peintre d’une grande valeur… Cette réunion des facultés, de talents, de connaissances et de notions pratiques répondent exceptionnellement aux exigences d’une fonction aussi complexe que celle de directeur d’une école d’art appliquée à l’industrie… » Maréchal ajoute que le choix de Devilly a prévalu parce qu’il fallait « respecter la prééminence du dessin qui est la base des arts plastiques »…

De très nombreux artistes de cette École de Nancy, initiatrice de l’Art Nouveau, tels [**Louis Majorelle*] ou [**Émile Friant,*] souligneront les qualités de pédagogue du peintre messin, le rôle éminent qu’il a joué dans leur formation.

Dessinateur, pédagogue, [**Théodore Devilly*] est aussi un peintre intéressant. On retient de lui des œuvres dans l’esprit « orientaliste » initié notamment par [**Delacroix.*] Il a également souvent traité des sujets militaires. C’est ainsi que Michel Seelig a eu l’opportunité d’acquérir une très intéressante toile représentant un fantassin du siège de Metz en 1870, il en a fait don au Musée de la Cour d’Or. Historien, amateur de peinture et de dessin, Michel Seelig se montre aussi militant : il appelle de ses vœux une meilleure mise en valeur de l’École de Metz de peinture, et notamment de l’œuvre de Théodore Devilly … que nos amis nancéens célèbrent dans de récentes expositions et publications…

[**Ambroise Calvet*]


Illustration de l’entête: Cheval à l’écurie. (1858) Théodore Devilly. Huile sur toile 50 cm x 62 cm. Collection privée.


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WUKALI 13/03/2018)]

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