Criminals and police during Napoleon’s reign


Rien que le nom de l’auteur est une vrai signature de qualité, d’étude « sérieuse » et approfondie, tant [**Jean Tulard*] par son travail a permis d’approfondir nos connaissances sur la période napoléonienne loin des clichés et des « images d’Épinal » dont nous fûmes tous bercés dans notre enfance. Parmi eux se trouvent l’idée que le Consulat et l’Empire furent des périodes d’ordre et de calme durant lesquelles l’ordre public fut « apaisé » et le crime quasi absent. La réalité fut tout autre comme le démontre Jean Tulard.

Soit, durant le Directoire, une anarchie certaine régnait en France, le crime était partout aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Soit, il y a eu un recul grâce à l’action particulièrement énergique de [**Napoléon*]. Plus d’un crime comme le faux-monnayage était jugé par des tribunaux d’exception et les jugements immédiatement exécutables sans pourvoi en cassation possible. La guillotine a bien fonctionné ! Mais cela n’empêcha pas pour autant les criminels de sévir. Et puis, malgré un ministère de la Police occupé par intermittence par [**Joseph Fouché*], la police s’occupe avant tout des problèmes politiques (les crimes politiques sont importants, sans compter les tentatives d’assassinat de Napoléon) et que secondairement des crimes et délits de droit commun.

Jean Tulard commence par présenter les acteurs : les gendarmes (dont les effectifs ont fortement accru), les policiers (essentiellement à Paris et dans les grandes villes) et les juges. Quand on connait ce que sont devenues ces trois institutions, on se rend compte que rien n’a vraiment évolué : les juges sont soupçonnés d’être trop laxistes, la préfecture de police se veut être indépendante surtout du ministère, la gendarmerie manque de moyens vu l’étendue de son territoire de compétence et plusieurs régiments sont totalement indépendants, ne rendant jamais compte à leur chef suprême (le [**Maréchal Moncey*]).|right>

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Dans une seconde partie, Jean Tulard décrit les principales catégories criminelles qui perdurent, voire se développent sous Napoléon : les tyrannicides, les contrebandiers, les bandits (de grand chemin, dont beaucoup était de jeunes gens refusant la conscription) sans oublier bien sûr les voleurs et le portrait de quelques criminels « héros » des faits divers de l’époque. Ce qui en ressort, c’est l’image d’une société d’une grande violence. On n’hésite pas à tirer sur les forces de l’ordre. Souvent très mal, mais il y a régulièrement des victimes parmi les gendarmes ou les douaniers. Quand on voit les « statistiques de la délinquance » à Paris, le nombre de morts à cause des bagarres, des mineurs auteurs, on se dit qu’actuellement, contrairement à ce que veut nous faire croire certains ignares ou des médias en mal de sensationnel, la criminalité est devenue de moins en moins prégnante.

Jean Tulard montre avec le talent et le sérieux qui est le sien, que bien sûr, le crime a reculé par rapport à ce qu’il fut sous le Directoire, mais la France était loin d’être pacifiée sous l’Empire. Il nous décrit une société très violente, une répression implacable, des forces de l’ordre souvent démunie essentiellement par manque de moyens humains. Mais grâce à l’action de certains, la Police moderne (dans le sens de travail, de technique de police donc en incluant la police et la gendarmerie nationale, car cette dernière, depuis plus de 50 ans n’a plus que très symboliquement à accomplir des missions liées à leur statut militaire) commence à se structurer, à établir des processus qui vont se développer et se montrer particulièrement performant pour faire reculer le crime.|left>

Comme d’habitude, Jean Tulard fait œuvre de pédagogie en combattant tous les clichés de l’époque napoléonienne.

[**Félix Delmas*]|right>


[**Le monde du crime sous Napoléon
Jean Tulard*]
édition La librairie Vuibert. 21€90


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WUKALI 26/03/2018)]

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