An exquisite psychological novel


Vincent Delaporte est un musicien, admirateur de Haydn, claviste et compositeur. Jeune, il était intransigeant quant à la qualité de sa production, mais avec le temps, il est allé vers « la facilité », préférant être musicien d’orchestre, passant son temps en tournée avec le succès et l’argent facile, les filles différentes toutes les nuits, une insouciance qui s’accorde mal avec la création. Tout en continuant cette vie, il finit par se marier avec Karen, une artiste qui a percé dans le domaine du street art, essentiellement pour la fête et la couverture médiatique.

Et puis un jour, Karen se tue dans un accident de voiture. Vincent n’arrive pas à comprendre pourquoi il ne s’effondre pas, pourquoi cette mort le touche si peu. Il cherche sa peine, mais n’arrive pas à la trouver, pire, il se rend plus ou moins compte que Karen l’a nié, a nié l’homme qu’il était pour en faire ce qu’elle voulait qu’il soit. Il se sent dominé, manipulé par la défunte : « Quand l’amour devenait l’emprise de l’un sur l’autre, ce n’était plus de l’amour, mais du dressage.» et arrive à la conclusion qu’en fait il ne l’aimait pas.

Il souhaite sortir de cette torpeur, change son cadre de vie, ses vêtements, veut redevenir celui qu’il était avant. Mais il déchante très vite. Dans la tournée où il participe, il est l’ancien, il n’est plus celui qui attire les jeunes groupies et ses anciennes conquêtes ont elles aussi vieillies. Quant aux relations sexuelles quand elles ne s’achèvent pas par un fiasco, elles s’avèrent fort peu satisfaisantes. Les jeunes sont jeunes, sont encore plein d’illusions que Vincent a perdu depuis longtemps. Vincent déchante, n’arrive pas à retrouver un passé qui n’existe plus et qu’il voudrait retrouver. Il accuse Karen de l’avoir trop changé, transformé en un autre Vincent. Jusqu’à ce qu’une des amies de cette dernière lui fasse comprendre qu’il était dans une impasse car il n’avait pas compris que, de fait, Karen était la seule personne qui croyait à son talent, qu’elle l’avait poussé dans l’excellence au niveau de la création. Il n’était pas manipulé, loin de là, mais valorisé. Soit « la nature profonde d’un individu demeure à jamais immuable. », mais ce qu’il croyait être sa nature profonde n’était pas les « erreurs » de sa jeunesse insouciante, mais ce Karen avait décelé en lui.

Olécio partenaire de Wukali

[**Peine perdue*] est un roman qui montre l’usure du temps sur le cœur sur l’âme. Un roman sur la domination apparente, la dépossession de son moi. Vincent dans sa déroute que représente sa quête dans son passé trouve en Karen un parfait bouc émissaire et arrive à de fausses conclusions à l’encontre de cette dernière et des sentiments qu’il lui portait (ou plus). L’auteur progresse par petites touches, suit pas à pas le cheminement de Vincent dans son introspection intérieure, dans ses doutes, dans ses fausses pistes, ses conclusions.

[**Kent*] signe avec Peine perdue un petit bijou psychologique.

[**Émile Cougut*]|right>


[**Peine perdue
Kent*]
éditions Le Dilettante. 17€


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WUKALI Article mis en ligne le 12/01/2019)]

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