More than an animation movie, a philosophical tale


Dans ma toute dernière chronique je mettais en garde sur le risque de conformisme auquel les techniques digitales peuvent conduire en matière de film d’animation. L’encre à peine séchée ( toute virtuelle fut elle) ma remarque est balayée d’un trait avec ce tout récent film réalisé par [**Mohammad HouHou*], jeune Libanais tout juste diplômé de l’école des Gobelins à Paris. Il a pour titre: La politique de l’autruche!


Un monde imaginaire ( ou si peu), peuplé d’autruches, et dirigé par un président veule. Un monde post orwellien où chaque individu se dissimule le réel et se laisse conduire à accepter toutes sortes de décisions, où la lâcheté collective fait office de citoyenneté, où l’immobilisme tient lieu de bréviaire. J’ai dû même me frotter les yeux à la fin quand j’ai aperçu dans ce film d’animation sorti fin 2018, que le jaune était la couleur de cette engeance moutonnière et irresponsable.

Olécio partenaire de Wukali

Ah, cher Mohammad Houhou, on ne dira jamais assez combien les artistes sont dotés d’une seconde vue et capables d’un sursaut de révolte et d’anticipation, bravo !

L’immobilisme, le conformisme paresseux, la cécité morale ou civique lâchement acceptée, le refus de l’esprit critique, la soumission à des autorités auto-proclamées ou à des dogmes, l’absence de colonne vertébrale ( ce qui vous l’avouerez est un comble pour une autruche !) voila bien les ressorts de l’abandon, de l’ignorance et de la peur qui donnent des nations à des manipulateurs gonflés de morgue, d’orgueil et surtout de perversion narcissique. Ne verrions nous pas comme dans ce film des autruches, nous découvririons alors des gugusses menaçant et gesticulant, des petits sachems, des héritières de clans ou de parti, à la chevelure oxygénée et au ton comminatoire, des ambitieux embusqués et dangereux, et des populaces infectes… mais je m’égare !

Quant à la stylistique de ce superbe film, son réalisateur s’est tenu loin des commodités techniques digitales notamment en terme du rendu des couleurs, nimbant son univers dans des nuances de gris et de jaune et sans brillance superflu. Joli film en tous cas bien pensé, jusqu’au dialogue voulu en anglais ( traduit et sous-titré en français) sous forme de limericks qui sont de petites poésies anglaises souvent joyeuses et assez farfelues, mais habitées par un rythme, une scansion, une musicalité, le tout s’achevant souvent par l’expression d’une morale conclusive cocasse et bien sentie. Comme quoi tout peut être dit en respectant le fond, le medium et la forme ! Un petit conte philosophique somme toute. «Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir» dit le proverbe. Vous avez dit« jaune» ?

[**Pierre-Alain Lévy*]

[(A la suite d’une panne sur le réseau local de fibre optique ayant duré trois jours avant la remise en état, la chronique du samedi 2 février n’a pu être mise en ligne. Veuillez nous excuser pour cet «[** incident indépendant de notre volonté »*] comme l’on disait naguère !)]


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WUKALI Article mis en ligne le 08/02/2019)]

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