The year when Napoléon was defeated, left power, then came back. A splendid historical research work
L’année folle est cette fameuse année [**1815*] qui a vu tant et tant de rebondissements au niveau politique. En moins de quatre mois, la France a connu l’Empire, la première Restauration, les 100 jours et la seconde restauration. [**Napoléon, Louis XVIII, Napoléon, Louis XVIII*] ; de quoi avec le tournis. Les Français, de fait, eux sont peu sensibles à ces changements, bien que… Ce qui est certain c’est qu’ils ne veulent pas d’un retour total à l’Ancien Régime comme le souhaitent les ultras autour du [**comte d’Artois*] (surtout ceux qui se sont enrichis avec la vente des Biens nationaux) et surtout ils veulent la paix. Paix et sûreté juridique et ils seront heureux. Aussi, si celui qui arrive au pouvoir les leur promet, ils clament aussi bien Vive le Roi et cinq minutes après vive l’Empereur (il faut lire le passage ayant trait à [**Joseph Fiévé*] alors préfet de la Nièvre lors de la marche de Napoléon vers Paris, c’est très drôle et montre bien le côté « mouton de Panurge » de la foule), et troquent en quelques secondes la cocarde blanche contre la cocarde tricolore.
La position des « élites », des notables proches du pouvoir, est bien plus « délicate ». Pour l’immense majorité, c’est loin d’être un problème moral de prêter la même année trois ou quatre serments de fidélité différents. Le tout c’est de ne pas être exclu du pouvoir. Et on pense aux plus célèbres de ces girouettes : les maréchaux d’Empire (dont [**Marmon*]t dont la « trahison » devint une vraie insulte : une ragusade car il était, aussi, duc de Raguse), [**Talleyrand*], [**Fouché*] et tant d’autres. Et puis il y a ceux qui lors des 100 jours restent fidèles au roi, ceux qui rejoignent Napoléon mais qui retrahissent à nouveau et ceux qui vont subir la revanche des ultras après [**Waterloo *], qui veulent du sang et une vraie terreur, alors que Louis XVIII était plus porté vers la clémence. On pense tout de suite au [**Maréchal Ney*], mais [**Sylvie Yvert*] fait revivre la mémoire de deux autres personnages qui ont marqué leur temps.
Tout autre est [**Charles Huchet de Labédoyère*] : issu d’une famille de la petite noblesse bretonne, il s’engage à 20 ans, fait montre d’une rare bravoure et d’une grande témérité ce qui lui vaut un avancement rapide et des postes prestigieux auprès du [**maréchal Lannes*] et du prince [**Eugène de Beauharnais*] puis de Napolèon. S’il a de l’admiration pour le génie de Napoléon, il est très critique vis à vis du caractère despotique du régime. A la première restauration, c’est sa belle famille, profondément royaliste qui lui permet d’avoir un commandement dans l’armée et de conserver son grade de colonel. Et c’est lui qui se retrouve avec ses troupes à Tavernolles devant Napoléon et sa poignée de fidèles. On connait l’histoire, Labédoyère et ses hommes passent dans le camp de l’Empereur qui va pouvoir plus sereinement marcher sur Paris. Nommé général, Charles participe à Waterloo et fait partie des proscrits après la seconde abdication.
Il est condamné à mort après un procès totalement inique et, malgré les efforts de sa femme et de sa belle famille, il est fusillé dans la plaine de Grenelle. Il devint très vite une icône, un symbole de l’honneur et du devoir et une victime expiatoire jetée en pâture aux ultras.
[**Antoine Chamans de Lavalette,*] lui aussi est condamné à mort après un procès tout aussi inique. Mais la veille de son exécution, sa femme le remplace dans son cachot, se réfugie dans les sous-pentes du ministère des relations extérieures et parvint à s’enfuir en Bavière. Gracié, il reviendra cinq ans après en France pour s’occuper de sa femme qui est devenue folle.
Deux personnages différents, aux idées politiques différentes, mais qui sont devenus le symbole des boucs-émissaires, victimes d’une justice totalement dépendante.
[**Sylvie Yvert*] nous conte les heurs et malheurs de ces deux personnages. Parfois d’une façon familière comme de ne mettre que leurs prénoms dans l’espoir de créer une sorte de lien de connivence avec le lecteur. Elle décrit la société politique de l’époque, ses mesquineries, ses chausse-trappes, ses rancœurs. Parfois certains trouveront que c’est quelque peu répétitif. Mais quel plaisir de croiser [**Fouché*] et ses triples et quadruples jeux, [**Talleyrand, Benjamin Constant, Madame de Staël, la reine Hortense*] et surtout le grand génie de mauvaise foi de la littérature : [**Chateaubriand*]. Ce livre est rempli de passage de ces grands auteurs mais aussi des deux protagonistes et de leurs familles. On n’ose imaginer le travail de recherche que Sylvie Yvert a accompli pour écrire son roman.
Merci à elle d’avoir fait revivre ces deux personnes entraînés bien malgré eux dans les tourments de l’histoire, deux hommes qui ont refusé d’être aussi lâches que leurs contemporains.
[**Une année folle
Sylvie Yvert*]
éditions Héloïse d’Ormesson. 19€
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WUKALI Article mis en ligne le 07/02/2019)]