An intelligent novel about immigration


D’un côté Christophe Oberkampf, de l’autre Alina Diop. Le XVIII siècle et en miroir ce début de troisième millénaire. Voilà le squelette du roman de [**Sébastien Palle*].

Christophe Oberkampf, un ancêtre de l’auteur, car même si sa vie n’est plus à présenter, elle est la trame d’un excellent scénario avec son lot de rebondissements. Rien ne le prédisposait à passer dans l’histoire. Et pourtant, le destin fut tout autre, surtout à une époque où la naissance était privilégiée, dans tous les sens du terme, à la valeur humaine et au talent. Et du talent, il en a fallu à [**Oberkampf*] pour devenir ce qu’il est devenu. Du talent, du travail et une vraie rage pour réussir le défi qu’il s’était lancé. Que l’on en juge : fils d’un maître teinturier allemand, d’une mère luthérienne très croyante, il est élevé dans l’idée que lui aussi sera teinturier. Mais son père refuse de n’être qu’un ouvrier, il veut sa fabrique et réussir à fixer le bleu cobalt sur un tissu blanc. Allemand, il amène sa famille en Suisse où ils sont à peine tolérés. Le jeune Christophe pour parfaire sa formation part en France. Une série de rencontres, pas toujours heureuses, lui permettent de réaliser le rêve de son père : il finit par créer une usine de teinture dans la banlieue de Versailles à[** Jouy en Jossas*], et crée la célébrissime toile de Jouy. |right>

De pas grand-chose au niveau social suivant les critères de l’époque, il devient un vrai capitaine d’industrie qui impressionne même [**Napoléon*]. Sa réussite est due en grande partie à sa « hargne » de réussir, par une volonté et une croyance à toute épreuve qu’il est sur le bon chemin et surtout par un travail incessant, quotidien. Il n’a pas beaucoup d’états d’âme, il sait se montrer très dur en affaires et n’hésite pas à sacrifier celui sans qui il n’aurait jamais réussi. Mais il sait protéger ses ouvriers, prend de vrais risques et pour eux, et pour son entreprise lors de la Révolution. Mais les principaux obstacles qu’il dût surmonter furent les mentalités, les structures sociales de l’Ancien Régime : il était un immigré, de plus de religion protestante, sans appuis (du moins au début) dans la société. Et pourtant il a réussi pour devenir un des premiers capitaines d’industrie en France.

Olécio partenaire de Wukali

[**Alina Diop*] est une jeune fille d’un petit village côtier au Sénégal. Alors qu’elle rend visite à son grand-père maternel au Mali, ses parents et son frère Idriss sont enlevés par un groupe terroriste. Elle n’a qu’une dizaine d’années quand elle apprend qu’au nom de la culture ancestrale, on va l’exciser. Alors elle fuit en se faisant passer pour son frère. Elle est recueillie par Thomas, un informaticien français qui ne supporte plus ce que les « GAFA » ont fait de l’informatique. Il va s’installer avec Alina/Idriss dans ce petit village de pécheurs où elle va s’initier à l’informatique mais surtout développer ses dons pour les mathématiques et les algorithmes.

Ils vont partir en France, elle va pouvoir reprendre sa personnalité et sa féminité. Elle va travailler pour un mystérieux groupe travaillant dans la finance qui milite très activement pour le droit des femmes. Devenue célèbre, elle va donner une conférence à HEC, sur le campus de Jouy en Jossas, à côté de la statue de [**Christophe Oberkampf*]. La boucle est bouclée.

Deux histoires, deux personnages, l’un du passé, l’autre du présent et du futur (le dernier chapitre se situant en 20..), qui raconte une même histoire, intemporelle, qui a commencé à ‘aube de l’humanité, celle de l’immigration, du déracinement, des difficultés à s’intégrer dans une société qui a priori vous rejette à cause de votre religion, de votre sexe, de votre couleur de peau, de votre lieu de naissance. Tous deux doivent faire preuve de résilience, arriver à surmonter des obstacles, des échecs, des douleurs. Tous les deux doivent savoir saisir les mains qui se tendent, s’entourer des personnes idoines qui croient en eux, à ce qu’ils sont vraiment. Soit, chacun dans leur domaine ont du talent, voire du génie, mais ils sont surtout et avant tout des travailleurs infatigables pour qui un échec n’est qu’un obstacle de plus à surmonter et non un sujet à découragement.

[**L’Étoffe du destin*] est avant tout un roman sur l’immigration, bien loin des débats politiciens ou du café du commerce actuels. Non, l’immigration est montrée comme une chance pour le pays d’accueil et comme un élément essentiel pour que l’humanité progresse… en humanité. Un « angle d’attaque » original au service d’une thèse brillamment soutenue.

[**Émile Cougut*]|right>


[**L’Étoffe du destin
Sébastien Palle*]
éditions Héloïse d’Ormesson. 20€


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WUKALI Article mis en ligne le 14/03/2019

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