The quest of a daughter for her father


Par Emile Cougut / .Une vie s’éteint, la vie continue, mais pas la vie, l’univers du de cujus. La narratrice, nous ignorons son prénom et son nom, mais tout porte le lecteur à croire que c’est l’auteur qui nous livre ses réflexions et nous fait part de son attitude à la mort de son père. Son père, ingénieur dans l’aéronautique, dont la passion était de fabriquer des avions. Pas des concepts d’avions, mais des avions « matériels » qui peuvent voler dans les airs et pas seulement dans un écran d’ordinateur. Son père qui assumait de plus en plus mal le fait d’être passé de l’usine à un bureau, son père qui souffrait, sans se plaindre du travail qu’il était obligé de faire et qui ne correspondait plus à ses aspirations. Pour lui, la valeur professionnelle s’évaluait aux compétences techniques et non aux compétences managériales. Or, le monde actuel ne jure que par le management et non plus au savoir faire opérationnel, physique, matériel.

Certains ne l’oublions pas ont rêvé d’entreprises sans ouvriers. Et dire que la base du capitalisme, que la base, bien oubliée, de la pensée d'[**Adam Smith*], si bien résumée par le Français [**François Quesnay*] est : « il n’y a de richesse que dans l’homme ». Nous voici au coeur de ce que pensait et vivait le père de la narratrice et que l’entreprise moderne, en quelque sorte, combat.

Et de fait, il apparaît bien que ce père était devenu une sorte de numéro au sein de l’entreprise, un élément interchangeable dont les compétences techniques et son humanité ne sont pas pris en compte. L’entreprise, ah le maître-mot, est devenue une sorte de Léviathan des temps modernes qui broie l’humanité de chacun de ses membres. Choc inévitable entre ce monstre froid et la fille qui elle recherche l’humain que fut son père. D’où la colère qui sourd au fil des pages. Colère de la fille, mais aussi colère d’une classe, non laborieuse mais créatrice, fière de son travail, à l’inverse d’une autre dont le but n’est pas de créer ni de produire mais de faire de l’argent coûte que coûte.

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Autant dire que lire aujourd’hui [**Compléments du nom*] (alors que Boeing connait de graves problèmes au niveau de la conception de certains de ses avions), ne manque pas de piquant et rend ce livre d’autant plus d’actualité.

[**Compléments du non*] est loin de n’être que la quête d’une fille pour savoir qui était vraiment son père en essayant de reconstituer l’univers qu’elle ne pouvait connaître au sein de la cellule familiale, celui de son travail au quotidien. Avec ce roman, [**Aurore Lachaux*] rédige là une critique, un pamphlet contre l’entreprise telle qu’elle est devenue : une machine déshumanisée qui ne pense qu’à elle et non à ceux qui travaillent en son sein.

[** Émile Cougut*]|right>


[**Compléments du non
Aurore Lachaux*]
éditions Mercure de France. 12€

[(

Contact : redaction@wukali.com

WUKALI Article mis en ligne le 12/09/2019

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