Avec Son espionne royale et la partie de chasse, voici la troisième enquête de l’héroïne de Rhys Bowen, Lady Victoria Georgiana Charlotte Eugénie de Glen Garry de Rannoch, arrière petite fille de la reine Victoria, trente quatrième héritière du trône dans l’ordre de succession.
Cette jeune femme, bien que cousine du Roi est totalement désargentée : le titre de duc et la propriété de Rannoch en Écosse est allé, tout à fait normalement à son demi-frère et elle se retrouve célibataire, au mois d’août 1932 dans la canicule de la capitale anglaise. Heureusement qu’il y a son amie Belinda, entichée de Paolo un comte Italien casse-cou. Pour essayer d’avoir un semblant de revenu, elle a l’idée géniale (dans toute sa naïveté) de monter une société de Ladies (dont elle est l’unique employée) pour tenir compagnie à des gentlemen de passage à Londres.
Patatras, elle qui ne pensait qu’à des soirées au restaurant, au théâtre autour d’une conversation de haut niveau, dés le premier rendez-vous, déchante : et oui, les hommes ne sont que des porcs qui ne sont régis que par leurs pulsions physiques ! Heureusement que Darcy, l’homme dont elle est amoureuse (et réciproquement) surgit comme à son habitude tel un deus ex-maquina pour la tirer d’un mauvais pas qui aurait pu finir par ce qu’il faut bien appeler une atteinte totale à sa virginité.
Afin d’éviter tout scandale (déjà la presse est en quête de ragots et de petites histoires autour de la famille royale), elle est très fermement invitée à partir en direction du château familial en Écosse avec une semaine d’avance.
Elle se voit conviée là à participer à une chasse à la gouse ( i-e le coq de bruyère) chez ses cousins dans leur château de Balmoral. Mais en plus de cette éloignement pour cause d’appartenance familiale, Scotland Yard lui demande de surveiller discrètement l’entourage royal, car une série d’incidents (dont son frère a été une victime) fait penser à la présence d’êtres malfaisants.
C’est alors que s’ensuit toute une série de péripéties plus ou moins invraisemblables qui troublent quelque peu le séjour de Giorgiana: la présence des Américains au château avec la maîtresse du Prince de Galles (et de son mari) Wallis Simpson, sa mère avec son amant (un industriel allemand), son charmant grand-père maternel (un ancien ouvrier) qui l’aide dans son enquête.
Il convient d’y ajouter quelques soupirants plus ou moins pressants (comme le fils du roi de Roumanie), d’autres personnages telle Belinda qui accompagne Paolo présent en Écosse pour essayer dedépasser le record du monde de vitesse de hors-bord sur le loch au pied du château, une aviatrice tout aussi intrépide, ses deux cousins, caricatures d’Écossais traditionnels (l’un a même été vainqueur du traditionnel lancé de tronc d’arbres (« tossing the caber » pour votre gouverne), ou quelques autres dont un majordome qui n’est pas loin de faire penser à Jeeves, la débrouillardise en moins.
Sachez que les incidents continuent, dont un dont Giorgiana est la victime. Il arrive même que certains y perdent leur vie. Rassurez-vous cependant, tout est bien qui finit bien et tout rentre dans l’ordre. Ouf !
Rhys Bown nous décrit là, avec cet humour particulier qui caractérise les Anglais, cette société anglaise totalement décalée de l’aristocratie britannique de l’entre-deux-guerres. Un monde totalement artificiel, très hiérarchisé, où la naissance prime sur tout et où, qui plus est, les privilèges sont encore très présents.
Par exemple, il est difficile de comprendre pour un Français, ce que représente le droit de chasse qui n’appartient qu’aux aristocrates. En même temps, l’on découvre une très belle description du château de Balmoral et de la vie qui s’y déroule quand la famille royale y séjourne.
On se prend à sourire aussi, et c’est un moment touchant, quand Giorgiana va faire une sortie en poney avec la jeune princesse Elizabeth, et que cette très gracieuse écuyère de la famille des Windsor lui confie qu’elle trouve très bien que son papa ne devienne un jour jamais roi.
Rhys Bown nous offre, avec son humour et sa légèreté, un roman policier historique qui se lit d’une seule traite.
Son espionne royale mène l’enquête
Rhys Bown
Blandine Longre traductrice
éditions Robert Laffont. Collection La bête noire. 14€90
- Rhys Bowen, auteure best-seller du New York Times, a été nominée dans tous les plus grands prix de romans policiers et en a gagné de nombreux, dont les Agatha et Anthony Awards. Elle a écrit entre autres la série Son Espionne royale, qui se déroule dans les années 30 à Londres, la série Molly Murphy Mysteries, au début du XXe siècle à New York, et la série Constable Evans Mysteries, dans le pays de Galles. Elle est née en Angleterre et partage aujourd’hui son temps entre la Californie du Nord et l’Arizona.