Dans le domaine du film d’animation, les films d’étudiants sont innombrables, il y en a de toutes sortes. Un grand nombre d’entre eux recèlent de véritables qualités et leurs auteurs se signalent ainsi au monde plus vaste des professionnels des studios de cinéma. C’est ainsi que s’est fait connaître David Ochs en réalisant en 2009 Who’s hungry ? ( Qui a faim?).
Noir et blanc, me direz-vous, encore, eh oui ! Et ce choix ne procède non point de desiderata esthétiques de séduction, mais d’une orientation psychique plus profonde. Comprenez-moi bien, en d’autres termes, il ne s’agit pas « de faire beau », de construire un monde de rêve. En effet la parcimonie des moyens utilisés et des rendus d’image, permet d’être efficace et démonstratif pour faire passer un message (expression devenue aujourd’hui quelque peu obsolète), une atmosphère, indiquer une direction, peser plus fort dans le regard du spectateur. Tel est donc bien le choix de David Ochs dans ce film
A cet égard, je m’étais posé la question quand j’avais vu lors de sa sortie il y a bien longtemps de cela maintenant en 1988 , « Le tombeau des lucioles » de Isao Takahata, chef d’oeuvre absolu au sujet dramatique et bouleversant.
Qu’eût donné cette même histoire si elle avait été interprétée par des comédiens dans des décors réels et sous des lumières crues. La charge émotionnelle aurait été différente, la réalisation sous forme de film d’animation, autorisait le réalisateur à produire ce type même d’émotions si peu extériorisées dans la mentalité japonaise, ce que n’eût pas permis un film « classique ».
Le choix du noir et blanc procède donc de la même raison et n’interfère pas avec une subjectivité esthétique.
Revenons à Who’s Hungry ?
Comparaison n’est pas raison c’est bien connu et ce qui précède n’est qu’une tentation de définition de réalisation cinématographique en usant de la palette la plus opportune, la plus appropriée.
De quoi traite donc ce bout de film ? Un rapprochement avec le conte allemand Hansel and Gretel est parfaitement assumé par le réalisateur. Il serait cependant plus affiné de rapprocher le contenu de ce film avec la fonction catharsique du conte de fée telle la définit le psychanalyste Bruno Bettelheim.
Un petit garçon et une petite fille enlevés (on dit « abducted » en anglais et ce mot y a plus de force) par un marchand de glace, une espèce d’ogre malfaisant, dévoreur de chairs enfantines, le reste est habillage narratif.
Mais en fait que réprésente donc un ogre ? Que dit donc le loup au Petit chaperon rouge, quelle phrase célèbre rappelez-vous ?
Ce film, même s’il est à maints égards cauchemardesque et effrayant (mais l’on sait que les enfants, s’ils se masquent les yeux, c’est pour mieux voir!) constitue une mise en garde sur ce qu’il faut bien nommer par son nom, les prédateurs sexuels. La mise en garde y est subliminale.
Le méchant est châtié ( pour ne pas dire castré). Tout se termine donc très bien et les deux enfants saufs, recouvrent la liberté. C’est bien ce qui compte le plus n’est-ce-pas?