On connaissait Jean Glavany, l’homme politique, le ministre, le connaisseur de la ruralité, du sud-ouest, de ses traditions, de sa culture. Par ailleurs, on connaissait peu, pour ne pas dire pas, le marin, l’amoureux de la mer et plus particulièrement de la Méditerranée dont il a fréquenté un grand nombre de ports, de côtes.
Bon, c’est la Méditerranée et je sais qu’au niveau des marins il y a les pro-océan et les pro- Méditerranée tant la navigation y est différente. Mais là n’est pas le problème, il n’y a aucune polémique à avoir, d’ailleurs d’entrée, l’auteur explique pourquoi il adore la Méditerranée, lieu privilégié, pour lui, pour une parfaite contemplation. Contemplation, mais aussi ouverture d’esprit, soif de comprendre, de s’imprégner de toutes les cultures qui se sont développées sur toutes les côtes de cette mer.
Toutes, les actuelles mais aussi celles qui ont disparu, mais qui ont bâti notre culture, notre civilisation actuelle. La Méditerranée depuis des millénaires a été un lieu d’échanges, de brassage des cultures et des populations. Marseille a été créée par des Grecs, et non pas par des Gaulois ! Et Jean Glavany en est le premier symbole, lui issu d’immigrés grecs, lui qui, lors de ses périples a rencontré ses cousins, dont un qui fut, comme lui, ministre de l’agriculture.
3000 ans après Ulysse, Jean Glavany a décidé, et quelle excellente idée, de refaire le périple du roi d’Ithaque tel que décrit dans l’Odyssée d’Homère. Bon, il ne se plonge pas dans les grandes disputes de spécialistes pour savoir où se trouvent exactement les lieux décrits par l’aède. En effet il a fait un choix, il se fiera au travail de Victor Bérard, un helléniste de la fin du XIXè siècle.
Mais ce n’est pas un voyage simplement historique et mettre « son étrave » dans celle d’Ulysse. Non ce voyage n’est qu’un prétexte, n’est que prétextes. Bien sûr, le plaisir de retrouver des lieux qu’il a appréciés, qui lui rappellent des moments où il fut heureux, en famille, avec des inconnus rencontrés par hasard. Mais c’est aussi le plaisir de découvrir d’autres façons de vivre, de penser, de réagir. C’est aussi l’occasion de revoir des amis et de parler du passé. Mais c’est surtout, la nuit, « monter au bar des Anglais », c’est à dire se retrouver seul sur le pont du bateau et d’admirer l’immensité de l’univers et en profiter pour développer sa philosophie de vie.
Ainsi, vous allez au gré de son périple rencontrer la famille Colonna, réfléchir sur la montée de l’islamisme et son rapport avec la laïcité, avoir des éléments de réflexions sur le conflit israélo-palestinien ou de Libye. Vous vous indignerez avec lui sur la surpêche et les mécanismes assez abscons des normes européennes. Vous vous régalerez avec la cuisine libanaise de sa belle-fille.
Tous les voyages nous grandissent, à condition d’aller vers les autres et de sortir de nos certitudes.
A la fin de son périple, Ulysse retourne chez lui, mais son Odyssée a fait de lui un autre homme. Et de fait, 3000 ans après Ulysse ce voyage devenu livre, est pour Jean Glavany le moyen de faire un bilan de sa vie avant de retourner auprès des siens. Et bien sûr, il n’est plus le même qu’il était quand il a commencé l’Odyssée de sa vie.
3000 ans après Ulysse
Jean Glavany
éditions ediSens, 19€