Travail admirable de Florence Quentin qui dans son livre, Les grandes souveraines d’Égypte, publié aux éditions Perrin, apporte de nombreuses réponses à toutes nos questions sur cette période de l’antiquité. Une mise en lumière de ces reines des XVIIIème et XIXème dynastie, c’est à dire à l’apogée de la culture et de la puissance de l’Égypte antique.
Néfertiti, son nom seul déclenche en nous tout un univers lié aux splendeurs de l’Égypte. A part un merveilleux buste à Berlin, qui était-elle vraiment ? Et, par association d’idées, on se questionne sur le statut, le rôle des épouses des pharaons et plus globalement des femmes en cette époque lointaine.
Les aléas de l’histoire ont préservé assez d’éléments pour que nous puissions connaître le nom, voire la vie des premières épouses des pharaons car, ne l’oublions pas, la polygamie était de règle pour les souverains (pas pour ses sujets). En effet, il était nécessaire qu’il donne naissance à un successeur afin que les rites nécessaires à la survie du pays puissent se poursuivre indéfiniment.
Le pouvoir est masculin. N’oublions pas que pour les Égyptiens de cette époque, seuls les hommes donnaient la vie, la femme n’étant qu’un réceptacle nécessaire qui n’avait aucun rôle dans la création de la vie. Fort significatif est la « masculinisation » d’Hatchepsout, femme de pharaon, mère de pharaon, mais qui devient pharaon : progressivement ses traits, sa silhouette passent de ceux d’une femme à ceux d’un homme. Tout le monde sait que pharaon est de sexe féminin, mais pour exercer le pouvoir, il faut qu’elle ressemble ou du moins ait les attributs d’un homme comme la fausse barbe.
C’est ainsi que Florence Quentin esquisse les biographies de ces femmes qui toutes, plus ou moins marquèrent leur époque. Une galerie de portraits qui évoque Tétishéri (XVIIème dynastie) à Tiyi et Isis -Tahemseret les épouses royales de Ramsès III, en passant par Néfertiti ou Néfertari pour les plus connues.
Elles eurent chacune des fonctions religieuses très importantes, d’autant plus importantes que la prospérité de l’Égypte dépendait de leur strict respect. Certaines connurent même des destins « extraordinaires » : trois d’entre elles (Hatchepsout, Mérytaton, Taousert) devinrent même pharaon !
Mais sans aller jusque là toutes ces premières épouses royales ont non seulement été toujours à côté de leur époux mais en plus, pour certaines d’entre elles, durent assurer une régence avant que leur fils ne soit en mesure d’accomplir l’étendue de son pouvoir, voire même, dans des périodes troubles (et l’on songe à celle qui suivit la mort d’Akhenaton), surent sauver l’Égypte des dangers extérieurs.
Au cours du temps, leurs titres changèrent, évoluèrent. Souvent, elles étaient issues du même « clan » que le pharaon, une cousine voire une sœur (et même une fille en ce qui concerne Ramsès II). L’inceste avait une signification religieuse et ne concernait que la famille royale et non le reste de la société.
A travers ses souveraines, Florence Quentin montre la condition féminine de cette époque, bien plus « libérale » que ce qu’elle fut après, voire à notre époque.
Bien sûr, la dernière reine présentée dans quelques pages est Cléopâtre VII, mais elle était avant tout grecque, ayant une culture grecque qui n’est plus exactement celle des dynasties précédentes. Mais ce fut une grande reine qui essaya, en vain, de préserver l’indépendance de son pays, comme le firent ses illustres prédécesseurs.
L’auteur, égyptologue de renom, se base sur les toutes dernières découvertes archéologiques, des dernières avancées scientifiques grâce, en outre, aux analyses ADN, pour nous livrer une somme originale et totalement inédite qui nous lève un voile sur une société bien plus complexe qu’elle n’y paraît.
Les grandes souveraines d’Égypte
Florence Quentin
éditions Perrin. 24€
Illustration de l’entête: Hatchepsout, Néfertiti, et Cléopâtre © F.Soreau / Photononstop /via AFP, VCG Wilson/Corbis/Getty, Marthelot / Leemage