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Les Maréchaux de Napoléon, paladins héroïques et glorieux

par Félix Delmas

Vingt-six, Napoléon nomma en tout vingt-six maréchaux. Le 19 mai 1804  quatorze maréchaux titulaires sont nommés : Berthier, Murat, Moncey, Jourdan, Massena, Augereau, Bernadotte, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davout et Bessières et quatre maréchaux honoraires, tous sénateurs: Kellermann, Lefebvre, Pérignon, Sérurier. Puis au gré des batailles ont été promus : Victor, Macdonald, Marmont, Oudinot, Suchet, Gouvion-Saint-Cyr, Grouchy et Poniatowski, le seul étranger.

Walter Bruyère-Ostells dresse un portrait collectif de ces hommes aux origines diverses mais aux destins « extraordinaires ». Tous ont connu leurs heures de gloires durant les guerres de la Révolution. Tous ont été soit des compagnons d’armes du jeune général Bonaparte (Murat, Lannes, Berthier) ou se sont accomodés à lui comme Bernadotte. De fait parmi les grandes figures militaires de la Révolution, manquent ceux qui sont morts au combat comme Hoche ou Marceau, qui ont immigré comme La Fayette, ou alors qui ont refusé de se rallier au nouveau régime comme Moreau.

maréchaux de Napoléon

L’auteur les classes en cinq grandes catégories : les vieux héros (songeons à Kellermann voire à Jourdan), les guerriers flamboyants comme Murat ou Lannes, les profiteurs ambitieux du style Brune ou Massena, les hommes de sang froid comme Berthier ou Davout, et les maréchaux rélégués, oubliés ou maudits parmi lesquels bien sûr Grouchy arrive en premier mais aussi Marmont ou Gouvion-Saint-Cyr.

Même si certains étaient des républicains convaincus comme Bernadotte (qui ne refuse quand même pas le trône de Suède et qui rêva d’être sacré roi de France en 1814), tous ont veillé au salut de l’Empire. Pour autant, ils s’accommodèrent de sa chute et du retour de la royauté à quelques exceptions près. Songeons à Soult, Mortier ou Grouchy qui firent de brillantes carrières sous la Restauration.

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Tous ont fait leurs premières armes, la preuve de leur courage (et de leur chance) durant les guerres de la Révolution. Certain avaient une aura aussi grande, si ce n’est supérieure à celle de Bonaparte (Kellermann, Bernadotte, Jourdan) avant le coup d’état du 18 Brumaire, mais tous symbolisent la rupture avec l’Ancien régime où les promotions militaires étaient dues à la naissance et non aux mérites. Certains étaient issus de la petite noblesse (Berthier ou Gouvion-Saint-Cyr) mais ne purent montrer leur habileté sur un champ de bataille que grâce à cette période.

Le portrait que Walter Bruyère-Ostells dessine est sans concession, il montre la face sombre de certains d’entre eux : intéressés, pillant à leur profit (Massena, Brune), avides de titres, de rentes, d’honneur. Jaloux les uns des autres quitte à mener les armées à la défaite comme en Espagne.

Peu avaient le génie tactique de l’empereur à l’exception de Davou, Lannes voire Bernadotte et leurs initiatives ne furent pas toujours couronnées de succès (Marmont, Ney). Par contre tous étaient de bons exécutants des ordres de leur chef mis en musique par le génial Berthier. Qui plus est, tous avaient un charisme auprès de leurs hommes qui permettait de les transcender. Sans eux, sans leur réel dévouement, Napoléon n’aurait sûrement pas eu le destin qui fut le sien.

Toujours exposés au feu, trois d’entre eux vont laisser leurs vies sur le champs de bataille : Lannes, Bessières et Poniatowski.

A travers le destin individuel de ces 26 maréchaux, Walter Bruyère-Ostells décrit la société que Napoléon créa autour de lui : univers encore plein de la culture de l’Ancien régime mais qui annonce les temps modernes. Société qui ne pouvait, hélas, perdurer que par la guerre dont elle était issue et qui fut servie par des hommes « extraordinaires ».

Aux moments où nos célébrons le bicentenaire de la mort de l’Empereur, il est utile de rappeler à notre mémoire ceux qui l’ont aidé et bénéficié de ses largesses.

Les maréchaux d’Empire
Les paladins de Napoléon
Walter Bruyère-Ostells
éditions Perrin. 23€

Illustration de l’entête: Entrée de Napoléon à Berlin. 27 octobre 1806 (détail). Charles Meynier (1768-1832). Huile sur toile, 363 × 493 cm . Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

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