Notre-Dame brûle

par Pierre Roth

C’est sans doute l’un des événements les plus tragiques des dernières années. Le 15 avril 2019 Notre-Dame brûle, la cathédrale parisienne, symbole de Paris depuis plus de huit cents ans s’embrase. Le feu emporte avec lui la charpente de l’édifice, sa flèche et de nombreuses voutes. Mais Notre-Dame est toujours debout et ses trésors sont sauvés. Un miracle ? Pas si sûr. La détermination sans faille des soldats du feu, la bravoure de ces hommes et de ces femmes, l’expérience des commandants, la formation des hommes et des éclairs de courage sont la recette de ce sauvetage pas si évident que cela.

C’est ce que nous raconte Jean-Jacques Annaud grâce à un film surprenant qui mêle images d’archives, montages avec des personnalités publiques comme le Président de la République et le Premier ministre, images reconstituées en studio. Il fait là un travail remarquable pour nous permettre de vivre avec les soldats du feu les heures sombres de Notre-Dame.

Notre-dame brûle

Tout commence par le déclenchement d’une alarme incendie pendant une messe. Rapidement elle est classée comme « fausse alerte ». Malheureusement le système d’alerte incendie n’est pas à jour et la personne de garde est nouvelle, elle a pris ses fonctions le matin du drame. L’indication du lieu de l’incendie sur la console de surveillance ne correspond pas au code indiqué, seul un œil expert peut savoir que le système est victime de sa vétusté. Quand le garde informe le personnel de sécurité du déclenchement de l’alarme, il les envoie, bien malgré lui, au mauvais endroit. La jeune recrue n’est pas cependant inerte et prévient son supérieur (qui hélas n’est pas sur place mais en congé). Puis, quand enfin il lui parle au téléphone pour l’informer de la situation, cet homme remarque tout de suite l’incohérence entre le code affiché sur l’alarme et le lieu indiqué. Aussitôt notre jeune gardien prévient les services de sécurité à l’intérieur de la cathédrale pour qu’ils aillent vérifier au plus vite. Sous la nef, à 300 marches plus haut, les hommes se précipitent. Trop tard, déjà de la fumée s’échappe du toit, le brasier est incontrôlable.

Au même moment des passants et voisins ayant repéré la fumée ont prévenu les pompiers, des photos circulent déjà sur les réseaux sociaux. elles sont d’abord jugées comme étant des montages pour faire un « bad buzz ». Le général des pompiers de Paris descend avec son adjoint au centre d’appels de la brigade. La réalité frappe les deux haut-gradés. Notre-Dame brûle.

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La caserne la plus proche est aussitôt prévenue, les hommes glissent sur les barres entre les étages pour rejoindre équipements et camions incendies. Paris est bloquée par les heures de pointe et des travaux empêchent l’arrivée des camions devant la cathédrale. Il faut pourtant faire vite. Le premier homme, seul, arrive sur place en voiture, il prononce cette phrase dans sa radio : « feu à Notre-Dame, poursuivons reconnaissance ». Le général comprend par ces mots que la situation est grave et que seul les pompiers de Paris ne pourront pas combattre l’incendie. Il prévient son collègue de Versailles et aussitôt ce sont toutes les brigades d’Ile-de-France qui se mobilisent. Au total près de 600 pompiers ont combattu les flammes.

Notre-Dame brûle

Rivalisant de courage et de force d’âme, sans prendre de risques inutiles pour leur vie, les hommes luttent contre les flammes mais aussi contre le bâtiment. Des portes sont verrouillées, le « passe » a été égaré par le fils du gardien, il faut à chaque fois trouver la bonne clé parmi des centaines. Les pompiers attendent impuissants, les flammes elles n’attendent pas. Elles se propagent, encore et encore davantage. L’histoire est connue de tous. Lorsque la flèche tombe le général avertit le Président de la République (alors sur place) qu’il est fort probable que la cathédrale soit anéantie. Les pressions politiques et internationales avec le très maladroit Tweet du président américain Trump suggérant un combat des flammes par hydravion au péril de la stabilité du bâtiment, ne viennent, au contraire d’aider, que rajouter de « l’huile sur le feu » déjà incontrôlable. Notre-Dame brûle et personne ne sait comment éteindre l’incendie.

Devant cette impasse et alors que la vie des hommes est une priorité absolue après les pertes déjà trop lourdes rencontrées par la brigade cette année 2019 (explosion de gaz rue de Trévise dans le 9ième arrondissement, 4 morts), le général appelle ses hommes et lance un cinglant « mission suicide ». Quelques volontaires parmi les pompiers s’engagent dans le combat de leur vie, sur la tour Nord, pour éviter l’effondrement du bâtiment. « Sauver ou périr ». Ces hommes sont les sauveurs de Notre-Dame.

Pendant tout ce temps, un autre combat, tout aussi brillamment relaté par le film, a lieu. Sauver les œuvres d’art et la précieuse relique : la couronne d’épines que le Christ aurait porté sur la croix. Car si Saint Louis l’a acheté pour la France, aujourd’hui elle appartient à la République, il est de son devoir de la protéger comme l’ensemble des œuvres inestimables présentent à l’intérieur de la cathédrale.

Notre-Dame brûle

Nous voici donc plongés dans l’enfer de Notre-Dame aux côtés des pompiers de Paris, véritable héros du quotidien. Un film qui leur rend hommage sans prétention particulière, ni ronflement inutile, mais avec la justesse et la rigueur dont ils font œuvre chaque jour. A eux, nous disons merci et bravo. Ils sont notre fierté et les artisans du sauvetage de Notre-Dame.

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