Pour la deuxième fois, un couvent de l’époque byzantine a été accidentellement découvert par l’armée israélienne, a expliqué lundi l’Autorité des antiquités du pays.
Le couvent byzantin date d’environ 1 500 ans et est appelé localement Horbat Hani, ou Buri el Hanaya, rapporte Haaretz.
Des fragments de ses ruines ont été découverts pour la première fois en 2002, lorsque l’armée y construisait une route pour ses propres besoins, explique Issy Kornfeld, directeur des fouilles et porte-parole de l’IAA. ( Israël Antiquities Authority)
Des fouilles de grand ampleur s’en suivirent ce qui permit aux archéologues de mettre à jour une structure religieuse paléochrétienne, et plus précisément une église et un couvent.
Ce n’est pas le seul complexe paléochrétien à vocation féminine à avoir été découvert en Israël. En effet une magnifique basilique byzantine avait été déjà exhumée à Ashdod, au bord de la mer en 2021 et destinée à des officiants féminins.
À Horbat Hani, parmi les découvertes originales, on trouve des inscriptions dédicatoires à une abbesse, une tour, des structures qui semblent avoir été l’équivalent des cellules d’ermites pour les nonnes, des signes d’activité économique – production de vin et d’huile d’olive – et un complexe funéraire souterrain. Mais seulement pour les femmes et les enfants, semble-t-il, pas d’hommes.
L’abondance des preuves et artefacts trouvés a conduit les archéologues à conclure qu’il s’agissait d’un couvent et, sur la base du nom local de Buri el Hanaya, qu’il commémorait le nom de la Hannah biblique. Elle était l’une des deux épouses d‘Elkana, l’autre étant la féconde Peninnah. Mortifiée de ne pas avoir d’enfant et, dit-on, sévèrement harcelée par Peninnah – « Sa rivale la tourmentait et la rendait furieuse, parce que le Seigneur avait fermé ses entrailles » (1 Samuel 1:6) – Anne prie et fait le vœu, si elle a un fils, de le consacrer au service de Dieu et de ne jamais lui couper les cheveux.
Et elle a effectivement eu un fils, qui sera Samuel : « Quand elle l’eut sevré, elle l’emmena avec elle, avec trois taureaux, un épha de farine ( mesure de grain hébraïque équivalente à 35 litres) et une bouteille de vin, et elle le conduisit à la maison du Seigneur à Shilo » (1 Samuel 1:24).)
Ce couvent, référencé à deux reprises, est le lieu où Hannah avait été enterrée, et le nom du village arabe local préserve sa mémoire, postule le Dr Eitan Klein, archéologue de l’IAA.
« Lors de la fouille initiale, deux bâtiments ont été mis au jour – l’un était une église pavée d’une mosaïque colorée représentant des scènes fauniques et végétales, un hall d’entrée, les dortoirs des nonnes, des cellules d’ermites, une tour avec des chambres et une crypte, un complexe funéraire souterrain. L’autre bâtiment comprenait une cuisine, un réfectoire [salle à manger] et une auberge pour les pèlerins », explique Issy Kornfeld.
Puis le site a été recouvert de terre pour le préserver, comme cela se fait régulièrement dans les sites archéologiques qui ne sont pas conservés et aménagés pour être vus par le public, et l’armée a continué à s’entraîner. Ce faisant le site a été largement oublié, du moins par les militaires, semble-t-il. L’IAA n’a pas oublié et inspectait de temps en temps le site.
Et telle est la vie de l’entraînement de l’armée : en 2019, le site a été accidentellement remis partiellement à nu, cette fois par une explosion. Oups. Une « petite zone » de l’ancien couvent a été endommagée, a rapporté l’AAI.
« C’est ainsi qu’est née l’initiative de « tirer parti » de l’incident, d’impliquer les soldats dans la ré-excavation et le nettoyage, d’expliquer les concepts impliqués dans la conservation de l’environnement, de leur apprendre le patrimoine et l’histoire de la Terre d’Israël et, en bref, de faire de tout cela un projet communautaire et de leur apprendre la responsabilité« , explique Kornfeld – y compris, vraisemblablement, où viser les choses pendant l’entraînement.
Voila pourquoi au cours du mois dernier, plusieurs dizaines de soldats se sont engagés à réexcaver le couvent byzantin de Horbat Hani, dans le cadre d’un projet éducatif initié avec l’IAA : « Le projet des Forces de défense de la nature : Les officiers assument la responsabilité de l’environnement« .
À la question de savoir si le site n’était pas connu avant la première fois où l’armée israélienne l’a endommagé en 2002, Issy Kornfeld répond que les prospections archéologiques historiques de l’époque du mandat britannique (avant l’indépendance en 1948) ont bien révélé « quelque chose là-bas », mais elles ne savaient pas quoi et on ne peut pas fouiller tous les sites archéologiques en Israël. « Nous n’avons découvert la substance du site qu’après le premier accident« , dit-il.
Comme cela semble avoir été tout à fait habituel, le couvent a continué à fonctionner après la conquête musulmane, mais sa fortune a apparemment empiré – comme les économies des autres institutions chrétiennes en Terre sainte à l’époque. « Pendant la période islamique, les monastères ont lentement décliné« , explique Kornfeld. « Il y avait peut-être moins de demande pour leur vin, et moins de pèlerins. Finalement, il a été abandonné à la fin du huitième siècle. Pourtant, les villages musulmans locaux ont continué à y enterrer des femmes, en raison de la tradition sacrée des femmes à cet endroit.«
Et maintenant ? Doit-on le recouvrir à nouveau, jusqu’à ce qu’il soit touché par un mortier peut-être ? En fait, la plupart des précieuses mosaïques ont été recouvertes de terre, pour les protéger.
L‘IAA affirme qu’elle prévoit de rendre le site plus accessible, en commençant par les soldats – par exemple, en y amenant des groupes de stagiaires une ou deux fois par mois à des fins éducatives et en y consacrant un peu de temps – puisque c’est à cela que ressemblent les excursions d’un jour de l’armée – pour aider à nettoyer et à entretenir le lieu.
« Pour l’instant, c’est toujours dans une zone de tir« , reconnaît Issy Kornfeld. Mais à l’avenir, avec la coopération de l’armée, il espère que le site puisse être accessible au grand public. En attendant, les membres du public peuvent visiter les parties de la mosaïque de l’église qui restent partiellement visibles, avec l’autorisation préalable du Commandement central des FDI, un numéro de téléphone a même été mis à disposition pour prendre rendez-vous .
Traduction et adaptation par WUKALI