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Ce que nous apprennent les données démographiques de la France d’aujourd’hui établies par l’Ined

par Communiqué

Comme chaque année, conformément à sa mission d’information du public sur les questions démographiques, l’Ined publie la Conjoncture démographique qui présente de manière détaillée les évolutions récentes de la population en France. Elle se concentre, autant que les données le permettent, sur l’année 2021. Les effets de l’épidémie de Covid-19 sur les comportements démographiques ont été moins importants qu’en 2020, mais les indicateurs n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant-crise, signe d’un rattrapage seulement partiel et d’un maintien des effets de la crise sanitaire sur les comportements démographiques. C’est le cas des nombres de naissances, d’interruptions volontaires de grossesse, d’unions contractualisées (mariages et pacs), mais aussi de décès. Pour les migrations, la crise sanitaire a eu des effets inédits sur les flux migratoires de 2020 en provenance de pays tiers nécessitant un titre de séjour. L’accent est mis cette année sur les contrastes territoriaux.

Nous présentons dans WUKALI un concentré de ces données, l’ensemble de ces études dans leur complétude est directement accessible sur le site de l’Ined*.

La France demeure le principal moteur démographique de l’Union européenne

Au 1er janvier 2022, la France comptait 67,8 millions d’habitants, soit 187 000 de plus qu’au 1er janvier 2021. Le solde naturel est de 81 000 en 2021, valeur inférieure au solde migratoire estimé par l’Insee. En 2021, la France fait partie des 9 pays européens parmi les 27 dont le solde naturel est positif. Sa dynamique démographique se caractérise par une forte diversité géographique.

Les entrées de ressortissants de pays tiers à un niveau plus bas qu’en 2019

En 2020, l’année la plus récente pour laquelle on dispose de statistiques, les flux d’entrées de ressortissants de pays pour lesquels un titre de séjour est obligatoire pour résider en France ont concerné 211 255 personnes, contre 257 137 en 2019 (– 17,8 %). Cette diminution est en grande partie liée aux difficultés voire impossibilités de mobilité durant la crise sanitaire. La baisse a été particulièrement forte pour les entrées pour motif professionnel. L’Île-de-France, accueille la plus grande part du flux métropolitain (38,4 %). En France d’outre-mer, Mayotte absorbe 50,2 % du flux d’entrées.

Un rattrapage partiel des naissances

Olécio partenaire de Wukali

En 2021, 742 500 enfants sont nés en France, soit 7 300 de plus qu’en 2020, mais 10 900 de moins qu’en 2019, année d’avant-crise. L’augmentation de la natalité est presque totalement le fait d’une augmentation de la fécondité : l’indice conjoncturel de fécondité augmente légèrement pour atteindre 1,83 enfant par femme en 2021 (contre 1,80 en 2020). Ce sont les femmes de 30 à 34 ans et celles de 35 à 39 ans qui ont eu en moyenne plus d’enfants. La France demeure le pays présentant la fécondité la plus élevée d’Europe, mais elle est désormais talonnée par la Roumanie.

Les modèles de fécondité par âge varient selon les régions

On peut distinguer 4 profils de régions différents : celles avec une fécondité relativement précoce (pic entre 25 et 29 ans) majoritairement situées dans la moitié nord et le centre de la France métropolitaine (Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Centre-Val de Loire, Bourgogne, Poitou-Charentes), celles avec une fécondité relativement tardive (pic entre 30 et 34 ans) majoritairement situées sur l’Arc Atlantique et le Sud de la France métropolitaine (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bretagne, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon) , les départements d’outre-mer (avec des taux à 20-24 ans plus élevés qu’ailleurs) et les départements métropolitains atypiques (Corse avec des taux très faibles et un plateau à 25-34 ans ; Île-de-France avec un pic très élevé à 30-34 ans).

Une fécondité en très légère augmentation après 6 années de baisse

L’indice conjoncturel de fécondité(37) en 2021 est de 1,83 enfant par femme pour la France et de 1,80 pour la seule métropole, en très légère augmentation dans les deux cas, mais inférieur à l’indice des années précédant la crise. Cette légère augmentation est totalement portée par la fécondité des 30 ans et plus, particulièrement le groupe des 30-34 ans (+ 20 ‰) et des 35-39 ans (+ 12 ‰). La fécondité après 40 ans, en constante augmentation en France depuis les années 1980 (Daguet, 2022) marque une pause en 2021, trèscertainement liée à la crise sanitaire et à la difficulté d’accès aux centres et services de procréation médicalement assistée (Brée et al., 2021). La fécondité avant 30 ans poursuit sa baisse. Au final, la courbe de fécondité par âge est de plus en plus symétrique autour de l’âge au taux de fécondité maximum qui se décale petit à petit, passant de 29 ans en 2000, à 30 ans en 2007, puis 31 ans en 2019.

Le nombre d’avortements est stable

224 200 IVG ont eu lieu en 2021 contre 222 300 en 2020, mais 233 300 en 2019. Avec la diffusion de la méthode médicamenteuse, le nombre d’IVG chirurgicales baisse chaque année et l’augmentation de la part des IVG réalisées par la méthode médicamenteuse s’accroît (77 % en 2021), principalement en cabinet de ville. En effet, si les établissements de santé restent en 2021 les lieux où les IVG sont les plus fréquemment pratiquées (65 %), la part des IVG médicamenteuses réalisées en cabinet de ville s’accroît (35 % contre près de 20 % en 2015). Le recours à l’avortement est en effet très variable selon la région. Le taux est plus élevé que la moyenne dans la plupart des départements situés en Île-de-France, Paca, Languedoc-Roussillon et dans les Drom.

Le nombre de mariages augmente à nouveau en 2021…

Après avoir atteint un niveau historiquement faible en 2020, le nombre de mariages augmente à nouveau en 2021, sans retrouver pour autant celui de 2019. Le nombre de pacs de 2021 n’est pas encore connu mais, en 2020, le nombre total de pacs a dépassé celui des mariages pour la première fois. Les unions de même sexe ont représenté 2,7 % des mariages en 2021, soit 0,3 point de moins qu’en 2020 et, pour la deuxième année consécutive, on enregistre plus de mariages entre femmes qu’entre hommes. La nuptialité varie sensiblement d’une région à l’autre, les mariages étant plus fréquents sur le flanc Est du pays (de l’Alsace au pourtour méditerranéen), alors que les pacs dominent sur la façade atlantique et le Sud-Ouest. Par ailleurs une géographie des unions de même sexe montre que les unions entre hommes sont davantage concentrées en Île-de-France alors que celles entre femmes sont plus réparties sur le territoire.

La crise sanitaire a rendu les mises en unions difficiles, mais aussi les démarches liées aux divorces. Les statistiques sur les divorces ne couvrent que les divorces judiciarisés et ne prennent pas en compte en particulier les divorces par consentement mutuel. Le nombre de divorces judiciarisés diminue encore en 2020 (57 400), en baisse de 13 % par rapport à 2019. Que cela soit par le divorce ou la dissolution du pacs, les ruptures d’unions sont plus fréquentes dans le Sud et l’Est de la France et nettement moindres dans le Nord-Ouest.

La France n’a pas encore complètement retrouvé son niveau d’espérance de vie d’avant la crise sanitaire

En 2021, on a enregistré en France 657 500 décès, soit 1,70 % de moins qu’en 2020, mais encore 7,2 % de plus qu’en 2019. Entre 2020 et 2021, l’espérance de vie a augmenté de 2,4 mois pour les hommes (79,3 ans) et 3,6 mois pour les femmes (85,4 ans), après avoir perdu respectivement 7 mois et 5 mois entre 2019 et 2020. La surmortalité est estimée à 6,3 % (contre 7,5 % en 2020). L’année 2020 n’aura pas été une année « ordinaire », l’épidémie de Covid-19 a brouillé le classement traditionnel des régions en matière de mortalité, et ce ne sont pas celles où elle était la plus élevée en 2019 qui ont subi la plus forte surmortalité, tout du moins en France métropolitaine. Les régions d’Île-de-France et du Sud-Est ont connu une surmortalité élevée, alors que la mortalité générale y est relativement faible. La Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, la Basse-Normandie et la Picardie ont également été fortement touchés avec un niveau de mortalité initial relativement élevé.

Malgré une diminution continue des naissances depuis 10 ans, la pyramide des âges de la France est l’une des plus jeunes d’Europe (23,9 % de moins de 20 ans, 2e rang derrière l’Irlande avec 26,4 %(10)). Puisque, par ailleurs, la proportion de personnes de 65 ans et plus est proche de la moyenne européenne, la France est en 2021 le pays dont le rapport de dépendance est le plus élevé : il est de 0,8, soit près d’une personne d’âge habituellement non actif (de moins de 20 ans ou de plus de 65 ans) pour une personne d’âge actif (de 20 à 64 ans).

Les structures par âge des anciennes régions françaises montrent aussi une forte diversité, mais cela présente néanmoins une singularité européenne. Les régions dans lesquelles la proportion de personnes de 60 ans et plus est relati- vement forte (+ 30 %) sont le Languedoc-Roussillon, en grande partie du fait des migrations de retraite, mais aussi les régions du centre de la France, celles de la décroissance, liée à l’émigration des plus jeunes. À l’inverse, cette proportion est relativement faible en outre-mer (en dehors des deux îles antillaises), dans le Nord de la France et l’Île-de-France, du fait d’une natalité encore élevée liée à la jeunesse de leur population, mais aussi des immigrations d’étudiants et de jeunes actifs (principalement en Île-de-France).

L’utilisation du double nom de famille augmente encore légèrement en 2020 et 12 % des enfants portent le nom à la fois de leur mère et de leur père (contre 11,8 % en 2019), le plus souvent le nom du père suivi de celui de la mère (9,3 %) (tableau 15). Pour juger de la prévalence de cette pratique, il est préférable de calculer cette proportion parmi les seuls enfants qui portent le nom de leur père, quelle que soit la configuration. En effet, la proportion d’enfants portant uniquement le nom de la mère est corrélée à celle des nais- sances qui ne sont pas reconnues par le père et les naissances hors mariage (Breton et al., 2021). Cette proportion est en 2020 de 12,9 % (contre 12,6 % en 2019). L’utilisation de la double nomination, parmi les enfants qui portent le nom de leur père, dépasse 15 % en Aquitaine, en Corse, dans le Midi-Pyrénées, à La Réunion, dans le Languedoc-Roussillon et le Poitou-Charentes, et est inférieure à 11 % en Haute-Normandie, en Lorraine, en Alsace, dans le Nord- Pas-de-Calais, en Franche-Comté et à Mayotte 

Ined
Didier Breton, Nicolas Belliot, Magali BarBieri, Hippolyte d’alBis, Magali Mazuy • 
* L’évolution démographique récente de La France. en région comme au niveau nationaL, des comportements démographiques encore marqués par La covid-19

Illustration de l’entête: © Monkey Business – stock.adobe.com

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