Accueil Livres, Arts, ScènesLivres À poil en civil, un roman policier de Jerry Stahl tout simplement jubilatoire !

À poil en civil, un roman policier de Jerry Stahl tout simplement jubilatoire !

par Émile Cougut

Voilà en livre de poche (chez Payot/Rivages) un petit bijou de drôlerie, de loufoqueries. Jerry Stahl, l’auteur américain, nous entraîne dans un univers de violence (la drogue ou plutôt les drogues y occupent un rôle central), de situations en situations toutes aussi improbables les unes que les autres mais qui deviennent vite addictives pour le lecteur. Son titre en anglais, Plainclothes Naked traduit en français par À poil en civil.

Le « héros », un policier, Manny Rubert, drogué à la codéine et aux méthodes pour le moins assez éloignées de la déontologie. De fait, un grand dépressif qui a la particularité de haïr la police et les policiers, ce qui n’est pas son moindre paradoxe ! Il a un rapport avec la vérité, comment dire… très, très personnel, dans le sens où il ne montre que les aspects qui l’intéressent. Et quand il faut qu’elle corresponde à ses buts, il a toujours sous la main une personne qui lui est si redevable, et qui est bien obligée de s’exécuter. Par exemple un chirurgien esthétique particulièrement véreux est bien obligé de signer un certificat de décès par suicide. Certes, le fait que le mort a l’estomac plein de morceaux de verre d’une ampoule cassée et qu’il a bu du déboucheur de tuyauterie, laisse penser plus à un meurtre, mais voila dès qu’il a vu Tina la veuve, Manny en est tombé raide amoureux.

Cette dernière, en plus d’avoir assassiné son mari, vole aussi auprès des personnes âgées dans la maison de repos où elle est aide soignante. Sa dernière trouvaille, une photo assez « particulière » de George W. Bushavec la maire de la ville qui n’est autre que l’ex-femme de Manny. Mais cette photo, a été volée et cachée sous le lit de sa mère par Tony Zank, un petit malfrat, totalement minable, et dont le cerveau surtout a été détruit par le crack. Accompagné de son complice MacCardle, il va essayer de récupérer ce qu’il considère comme son bien et qu’il compte bien monnayer au prix fort. Leur parcours est émaillé d’accidents, de quelques morts, d’une séance de sodomie obligée qui restera dans les annales, de violence plus ou moins gratuite, du sniffage des cendres du mari de Tina, et j’en passe !

Gêné par son supérieur hiérarchique qui ne pense qu’à sa carrière et qui vise la prime potentielle liée à l’arrestation de MacCardle (pour cause de meurtre à coups de pelle d’un homosexuel), Manny n’hésite pas à le pousser à la faute et à le faire chanter comme à son habitude.

Olécio partenaire de Wukali

On trouve des personnages aux apparences totalement déjantées, ravagés par leur passé, vivant dans la violence qui les entoure et qu’ils créent aussi, des personnalités qui ont tant souffert que leur solution est cette fuite en avant obtenue souvent (mais pas pour tous) par les drogues.

Si Zank est une caricature des Pieds nickelés (qui seraient adeptes au crack), on est quand même plus proche d’un univers à la Tarentino. Comment ne pas penser à Pulp Fiction, à la lecture d’À poil en civil de Jerry Stahl. Mais avec en plus, énormément d’humour. Difficile de ne pas rire à la lecture ce livre totalement déjanté et qui finit de façon encore plus déjantée oui, plus loufoque que toute cette histoire !

Ju-bi-la-toire, vous dis-je !

A poil en civil
Jerry Stahl
éditions Rivages / Noir. 10€65 (Poche)
Traduction: Thierry Marignac

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