Pour commémorer l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe le 24 février 2022, l’artiste conceptuel Jean-Pierre Raynaud, né en 1939, réinterprète « Guernica (1939) » le tableau mythique de Picasso qui dénonçait les atrocités de la guerre d’Espagne (1936-1939) et notamment le bombardement le 26 avril 1937 de la ville espagnole de Guernica par l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie.
Sur la proposition des Editions Jannink, le soutien du ministère de la Culture, du musée Picasso et du musée Renia Sofia de Madrid qui abrite « Guernica », Jean-Pierre Raynaud reprend les dimensions exactes de l’œuvre de Picasso, soit 3,49 mètres sur 7,77m, pour réaliser sa version de la guerre en Ukraine. L’œuvre est un don à l’État ukrainien, elle sera remise officiellement à l’ambassadeur d’Ukraine en France Vadym Olmelchenko à l’issu de la journée commémorative, puis exposée dans un musée encore inconnu qui sera choisi par les autorités ukrainiennes.
En pénétrant dans la cour d’honneur de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, située au 12 place du Panthéon, on découvre à droite une reproduction de Guernica faisant face, à gauche, à l’œuvre sans titre de Jean-Pierre Raynaud : un « sens interdit » situé au centre de la toile entouré d’un demi-sens interdit à gauche et de deux lignes noires à droite se détachent d’un vide blanc. Le choc ressenti dans le face à face des deux œuvres est glaçant.
Ces « sens interdit » ont été découverts Jean-Pierre Raynaud lors de ses déambulations dans Paris, avant qu’il ne soit reconnu comme l’un des représentants du nouveau réalisme. Ils font partie de l’arsenal symbolique de l’artiste, connu notamment pour ses pots géants exposés au Centre Pompidou et pour la maison qu’il a conçue à la Garenne-Colombes, le Mastaba 1.
Le symbole du « sens interdit » fait partie du langage pictural de l’artiste depuis le milieu des années 1960 où après une formation d’horticulteur, lors d’une rencontre déterminante avec l’ex-femme de Tinguely qui, le voyant entrer dans sa galerie avec un « sens interdit » sous le bras, le désigne comme artiste et l’encourage à utiliser ce panneau signalétique dans ses futures œuvres. Jean-Pierre Raynaud s’en explique dans le communiqué lié au dévoilement de l’œuvre : « La signalisation m’a toujours inspiré, car cela demande une réactivité immédiate : cette méthode, je l’applique à l’art puisque toutes les œuvres provoquent une réaction et dans le meilleur des cas, une réaction en chaîne ».
Avec ces « sens interdit » et ces « barres noires » qui évoquent les barreaux d’une prison Jean-Pierre Raynaud cherche moins à faire écho à la guerre en elle-même qu’à dénoncer la privation de liberté qu’elle engendre et notamment celle de penser librement.
Jean-Pierre Raynaud
Cour de l »université. Place du Panthéon
Exposition du 24 février au 24 avril 12 place du Panthéon 75005 Paris.
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