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Clément Mitéran un mosaïste expose à Paris

La mosaïque fait son retour après plusieurs siècles d’oubli, dans l’exposition « Représentations » de Clément Mitéran à la Galerie 38, au 38 rue Quincampoix 75004 Paris, du 28 février au 18 mars 2023.

La rencontre avec cette œuvre très personnelle est une découverte qui s’avère d’autant plus prometteuse que l’artiste est un homme jeune, né en 1984, dont le parcours passe par des études de philosophie pour s’orienter finalement vers la pratique de la mosaïque après trois ans de formation à la Scuola Mosaicisti del Friuli de Spilimbergo en Italie, dont il sort diplômé, en 2008. 

Son objet de prédilection sera désormais le portrait dans lequel il dit avoir trouvé « une zone de liberté », lui permettant, peut-être, de prolonger une réflexion philosophique dans un dialogue œil-main et de s’interroger sur les diverses formes de présence à soi et au monde révélées par le portrait :  effets de présence ou d’absence, de mémoire ou de trouble identitaire.  

L’exposition se déploie en trois séries différentes regroupant une cinquantaine d’œuvres effectuées au cours de plus d’une décennie. Elle s’ouvre sur une première série de portraits polychromes réalisés à partir de photographies de personnalités mondialement connues. Ces Figures de la mythologie moderne et contemporaine, de facture classique, réalisées en marbre et smalti dans un style très pictural, mettent en scène des personnages traités de manière réaliste. Charles Baudelaire et son « regard-camera » frondeur se tient debout, Gilles Deleuze vu en gros plan se détache d’un ruissellement de tesselles tandis que Michel Houellebecq assis sur un fauteuil, une cigarette à la main pose un regard mélancolique sur le monde.

Olécio partenaire de Wukali
Michel Houellebecq 2014). Clément Mitéran
161cm.161cm, smalte, marbre

La deuxième série d’œuvres, Figurations anonymesmet en scène des portraits de mosaïstes, originaires de différents pays et de tout âge, côtoyés par l’artiste. L’artiste commence par rendre la surface, des smalti vénitiens blanc ou des tesselles d’or blanc, photosensible avant de refaçonner les portraits par un tirage directement sur la surface fragmentée de la mosaïque, installant un dialogue entre l’instantanéité de la photographie et la pérennité de la mosaïque.

Mur de mosaïques. Clément Mitéran.
Galerie 38. Paris.

En regardant défiler cette série composée de « Monstre » (les monstres), « Spectre » (les spectres), « Trace » (les traces), « Simulacre » (les simulacres) et « Lintoleum », un doute s’installe chez le spectateur. La ressemblance que l’on croyait voir dans un premier temps, s’estompe jusqu’à disparaître laissant place à un sentiment d’inquiétante étrangeté. Le pouvoir de suggestion du marbre et du verre donne forme à l’indéfini en s’appuyant sur les effets de matière, de relief et de lumière qui parfois joue avec la couleur.  Au-delà de l’hommage rendu à l’identité artistique de ses pairs, Clément Mitéran nous donne à voir l’invisibilité du mosaïste dans notre société, son anonymat mais aussi sa part d’éternité sauvegardée dans la mosaïque à travers le temps. 

Consecratio/Abolitio nominis comprend dix-huit portraits présentés dans la troisième série. La technique utilisée repose sur l’impression d’une image, réalisée par un logiciel de retouche et de traitement de photographies numériques et obtenue par la superposition de deux images, la photographie originale en couleur du sujet et celle de la Figuration anonyme qui lui correspond. L’image obtenue sera imprimée sur une surface, qui est, soit une plaque de marbre sans cadre, soit une surface en mosaïque, puis retravaillée par l’artiste en tant que mosaïste de façon différente pour chaque œuvre en résonnance avec le sujet choisi. L’œuvre ainsi altérée par cette dernière intervention laisse toute liberté au spectateur d’imaginer l’intention de l’artiste derrière ce « repentir ». 

Est-ce un geste de restauration pour sauver le patrimoine mosaïque menacé où de dénonciation, par l’effacement des visages, de l’invisibilité des mosaïstes contemporaines, ces oubliés de l’art ? Par ce geste novateur, Clément Mitéran sort la mosaïque de l’oubli, en renouvelle la technique et ouvre un avenir à ceux qui le suivront.  

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Illustration de l’entête: Clément Mitéran. Ignominie. 49,4×49,4cm. Impression uv sur marbre, mortier, joint. 2022

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