Quand vos errances vous mènent dans le beau département de la Drôme, n’hésitez pas à faire un détour à Rochechinard. Surplombant le petit bourg vous verrez les vestiges de son imposant château. Entre ses murs, en 1483, résida le prince Cem, dernier fils de Mehmed II le conquérant de Constantinople. Je ne vais pas rapeller la destinée unique de celui qui est connu chez nous sous le vocable de Zizim, sa lutte pour le pouvoir contre son frère Bayézed II, sa fuite auprès des Hospitaliers qui vont s’en servir comme otage, voire même les pressions du roi de France qui, de fait, reçoit une rente de la part du sultan pour garder ce frère turbulent et dangereux pour son pouvoir.
Cette bande dessinée de André Houot, à la subtile mise en couleurs par Jocelyne Charrance, raconte le séjour du prince de son accueil par le seigneur de Rochechinard qui le reçoit à la demande de son oncle, commandeur dans l’ordre de Malte, puis à son départ pour Bourganeuf (où se trouve toujours la tour dite de Zizim). C’est un homme seul, malgré ses serviteurs, plongé dans un univers bien éloigné de sa culture. Mais son séjour est illuminé par Philippine de Sassenages, la fille d’un seigneur voisin de Rochechinard. Une histoire d’amour réciproque mais impossible, surtout que la belle jouvencelle est promise à un autre. Le seigneur de Rochechinard fermera quand même les yeux pour permettre, au moins une fois, à ce que leur amour se concrétise.
Cette histoire est scandée par quelques légendes locales comme celle des géants et du dragon qui se trouveraient dans les grottes et souterrains sous le château.
Un bel album de bande dessinée publié aux éditions Glénat et dont l’histoire se déroule à cheval entre la fin du Moyen-âge et le tout début de la Renaissance dans le cadre majestueux de la région de la Drôme. Quant aux dessins proprement dits de André Houot au coeur de cet album, ils ne sont pas loin de faire penser aux traits de François Craenhals pour la série Chevalier Ardent ou de Gilles Chaillet pour Vasco, pour ne parler que des bandes dessinées portant sur le Moyen-Âge. Des dessins donc aux traits fermes, réalistes, parfaitement mis en valeur par Jocelyne Charrance grâce à des choix de couleurs, des jeux d’ombres et de clairs obscurs, des nuances qui servent magnifiquement cette œuvre. À tel exemple il faut savoir regarder la pleine page (18) du château sur son éperon rocheux vu de haut, dans le clair obscur de la lune, la nuit est une vraie peinture de grande facture. Et que dire de la ville de Romans et de son pont qui fait penser au pont Valentré de Cahors ou encore la lice pour le tournoi. Un monde passé renaît sous nos yeux.
Asile ! Une bande dessinée historique qui ne dépareillera pas dans votre bibliothèque.
Asile !
Scénario et dessins, André Houot
Couleurs, Jocelyne Charrance
éditions Glénat. 29€50
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