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L’homme qui ressemblait au Christ de Roland Portiche

par Émile Cougut

Roland Portiche continue ses questionnements sur Dieu, la religion catholique, voire la foi. Pas de façon dite savante, philosophique, théologique, non, mais par le biais de la fiction. Avec la série des trois Ernetti, il allait vers les origines de la création de l’univers, dans ce nouveau roman, il nous offre une explication, son explication sur le suaire de Turin.

Le suaire de Turin, ce drap de lin qui porte en négatif les formes d’un homme crucifié dans lequel d’aucuns (mais pas l’glise catholique, du moins officiellement) voient l’image du Christ. Avec les connaissances scientifiques de notre époque, il n’y a pas d’explication « rationnelle » de ce négatif, et ce d’autant plus que l’évêché de Turin est plus que rétif à son analyse. Tout au plus a-t-il permis l’analyse au carbone 14 d’une infime parcelle de ce suaire. Certains ont fait remarqué que l’échantillon a été pris dans une partie portant des traces de restauration ce qui expliquerait que les résultats dateraient ce suaire du XIIIème siècle mais qu’il proviendrait bien de Palestine. Ce n’est pas pour rien que ce roman se passe fin XIIIème, début XIVème, à la chute des derniers bastions chrétiens en Terre Sainte.

Chargé d’une mission par l’évêque de Lucques à Saint-Jean d’Acre (dernier bastion chrétien) auprès d’un trafiquant de reliques, l’Épervier, autrement dit Alister Durwant, rejeton d’une veille famille écossaise, disparaît. Partent à sa recherche sa sœur Sybille, le chevalier Ulysse Cameron de Bath accompagné de son ami/écuyer Kostandin, un soldat arménien qu’il a rencontré sur les champs de bataille au Moyen-Orient, au temp où il hésitait à rejoindre l’Ordre des Templiers.

Il apparaît qu’Alister ressemble de façon quelque peu étrange aux images du Christ des icônes et autres images pieuses. Enlevé, il subit les tortures de la passion du Christ (flagellation, crucifixion avec des clous, couronne d ‘épines, coup de lance dans le flanc, etc.). Encore vivant, il est procédé à la prise des empreintes de son corps dans un drap de lin blanc suivant une technique mise au point par le « chirurgien ». Une relique d’une valeur inestimable, pouvant se vendre aussi chère que le fut la couronne d’épine à Louis IX.

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Saint Suaire roman de Roland Portiche

Bien que mourant, dans le coma,  Alister, par hasard, est recueilli par dans un monastère, puis est pris par des pillards mongols qui veulent offrir cette relique vivante à leur reine d’origine chrétienne maronite.

Sybille, Ulysse et Kostandin, après bien des épreuves réussissent à retrouver Alister et à le ramener à Saint Jean d’Acre au moment où le sultan va donner l’assaut final. Ils arrivent à partir jusqu’à Chypre, poursuivis par l’Épervier qui veut récupérer son suaire, puis retournent en Écosse.

Alister a un but, une vraie obsession : retrouver le suaire pour le détruire ne supportant pas l’idée que son image puisse servir d’objet de dévotion. Or ce sont les Templiers qui l’ont récupéré et Guillaume de Beaujeu, le Grand maître lui promet que durant 50 ans, il restera caché et qu’il ne sera alors vendu que si jamais l’Ordre est en péril. Mais 20 ans après, Philippe le Bel anéantit l’Ordre des Templiers, et ce n’est que bien plus tard après qu’Alister et Ulysse apprennent que dans un petit village en Champagne près de Troyes une relique extraordinaire est exposée à la dévotion des fidèles. C’est bien l’image d’ Alister qui est ainsi vénérée.

Un roman épique qui nous transporte de l’Écosse jusqu’à Tabriz dans l’Iran actuel, en passant par Bagdad ou Saint Jean d’Acre. C’est aussi un roman sur la dévotion, les reliques, souvent fausses, mais provoquant une profonde dévotion de la part des fidèles.

Comme d’habitude, Roland Portiche nous offre un roman haletant qui se lit sans arrêt du début à la fin.

L’homme qui ressemblait au Christ
Roland Portiche

éditions Albin Michel. 21€90

Illustration de l’entête: Sainte Face dite de Novogorod (Спас Нерукотворный). Galerie Trétiakov ( Государственная Третьяковская галерея). Moscou

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