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Koeur ou la négritude inversée

par Émile Cougut

Koeur est un roman de Sylvie Largeaud. Sandrèle a une vingtaine d’années, elle va partir en France pour achever ses études. Sandrèle est née au Sénégal. Sandrèle est sénégalaise. Sandrèle est la fille unique d’une Française qui est venue accoucher en fuyant son amant au Sénégal. Sandrèle à la peau blanche dans un pays où les concitoyens ont la peau noire.

Sandrèle aime son pays, elle le vit, elle le respire. Avant de partir, elle sillonne sa terre natale, se nourrit de ses beautés, de rencontres au fin fond de la brousse (les deux boulangers Christian et Orlando sont « hauts en couleur »), se repose face à l’océan Atlantique, et revient dans ce Dakar qu’elle aime. Mais elle a la peau blanche et donc est victime de la bêtise des hommes car symbolisant le colonisateur, celui qui est riche et qui doit payer pour la misère des habitants. Sa peau, c’est celle des dominants et on ne cherche pas à savoir qui elle est véritablement, la foule, stupide, ne voit qu’un symbole, pas une compatriote. C’est le racisme au quotidien, irréfléchi, plein d’a-priori, de haines sans fondements. Heureusement qu’il y a son ami Djoley pour se sentir une femme aimée, une femme « normale » dont la couleur n’est pas un frein à l’amour.

Sandrèle est à Paris, le choc est rude, les gens ne se touchent pas, ne se parlent pas, un immense sentiment de solitude l’entoure et la pousse dans une profonde dépression. La belle fleur se fane loin de sa terre nourricière. Mais, même marquée par cette épreuve, ses diplômes obtenus, elle revient sur cette terre qui est la sienne, bien au-delà de sa couleur, elle la porte dans son âme.

Au-delà de l’inversion du racisme qui est toujours stupide quelque soit le pays, ce roman marque le lecteur par son style. C’est un vrai poème en prose avec des passages plus ou moins rythmés, des déclaration d’amour comme la description de Dakar qui donnent un souffle  épique à ce roman. Bien sûr, on est pas dans Gaspard de la nuit d’Alyosius Bertrand ou des Chants de Maldoror (comment ne pas y penser quand Sandrèle contemple l’océan) de Lautréamont, mais plus proche d’une partie de l’œuvre d’Aimé Césaire, sauf que la négritude devient la « blanchitude ». Un texte original et part son thème et par son style.

Olécio partenaire de Wukali

Koeur
Sylvie Largeaud
éditions L’Harmattan. 18€ 

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