La mère et l’assassin, un roman policier d’Alexandra Echkenazi dont l’action se déroule à Saint-Malo
Saint-Malo, la mer, les bateaux, ses plages, son club de surf, ses restaurant de fruits de mer, son commissariat, ses écoles primaires, ses lycées, la vie en quelque sorte. Sauf que si la vie n’est pas qu’ » un long fleuve tranquille », elle n’est pas aussi qu’une image de carte postale. Il y a des gens, des êtres humains avec leurs sentiments, leurs personnalités, leurs envies, leurs désirs et parfois leurs noirceurs qui refont surface.
Morgane, la quarantaine a tout pour être heureuse. Directrice d’une école primaire, elle est mariée à Titouan et a deux filles : Alizée la cadette, et Océane l’aînée de 17 ans. Mais, elle vit dans une sorte de routine et finit par craquer pour le professeur de sport de son aînée, Glenn Bennec.
Un cadavre trouvé dans un bateau
Et le roman commence quand, dans son bateau, Morgane essaie de réanimer le cadavre de Glenn Bennec précisément…C’est ainsi que l’on apprend par une série de retour en arrière, que ce dernier avait été kidnappé par Morgane, alors qu’il sortait de prison profitant d’une erreur de procédure car il avait été soupçonné du meurtre d’Océane trois mois auparavant. Il a eu beau clamer son innocence, ne pas avoir dit où se trouvait le corps de la jeune fille, tout l’accusait. Son couteau de pêcheur avait été retrouvé avec le sang d’Océane, qui plus est cette dernière venait de le surprendre avec sa mère. En plus, son cahier secret ne laissait aucun doute sur le sentiment amoureux qu’elle portait à son professeur. Nous apprenons aussi que ce dernier avait déjà eu une relation avec une élève mineure dans son ancien poste et qu’il avait une attitude plus qu’ambiguë avec ses élèves de sexe féminin.
La disparition d’Océane fait exploser le couple, Morgane part vivre dans son bateau, ravagée par sa culpabilité (si elle n’avait pas « craqué » pour Glenn, jamais Océane n’aurait disparu) et ne pense qu’à une chose, se venger, tuer Glen.
Arrive au commissariat de Saint Malo, la jeune capitaine Nina Kaminski qui a obtenu sa mutation contre l’avis du patron le commissaire le Guen. En plus, à peine arrivée, elle tombe enceinte, ce qui fait qu’elle se trouve affectée aux affaires les plus ingrates et les moins intéressante. Mais, sans avoir l’assentiment ferme et clair de sa hiérarchie, elle étudie le dossier et est frappée par les incohérences de l’enquête, finissant même par ne pas croire en la culpabilité du professeur. Serait-ce la mère, un tiers ?
S’ensuivent deux enquêtes parallèles et dans des délais très courts, une méfiance s’instaure entre les deux femmes, elles partent sur des fausses pistes mais finissent par s’unir pour faire aboutir la vérité.
Ce roman d’Alexandra Echkenazi est une variation sur la culpabilité, sur le désir de vengeance qui peut tout détruire sur son passage. C’est aussi une critique du système scolaire qui ne veut « surtout pas de vagues », préférent laisser des enfants dans un milieu familial toxique plutôt que de les sauver, d’agir. On pense sans peine au Silence d’Alexandrie de Michèle Gazier, dont on a fait dernièrement la recension critique dans WUKALI et qui traite, en outre aussi de ce sujet.
Une écriture serrée, rapide comme le temps final de l’histoire tient le lecteur en haleine du premier au dernier paragraphe de cette très belle histoire.
La mère et l’assassin
Alexandra Echkenazi
éditions Plon. 21€
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