Evidemment dit comme cela, çà prête à sourire, mais pourtant le sujet intéresse au plus au point la communauté scientifique. Alors, en termes plus académiques, plus «terre à terre» disons ( là en revanche je ne suis pas bien sûr du terme!), les conditions de reproduction et de croissance embryologiques complexes dans un vaisseau spatiale ou une base projetée sur la Lune par exemple, font l’objet d’expérimentations et d’études poussées. C’est le sujet même d’une recherche en cours actuellement sur des embryons de souris effectuée à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS) et dont fait état la revue la revue space.com
Une étude vient de faire l’objet de communication sur la capacité des mammifères à se reproduire dans l’espace hors du champ terrestre, et c’est un communiqué publié le samedi 28 octobre par l’université japonaise Yamanashi 梨大 et l’Institut Riken 理研 ( Institut de recherche physique et chimique, située à Wakō, dans le sud de la préfecture de Saitama près de Tokyo), qui apporte les premiers éléments d’information.
D’emblée, nous voici rassurés, oui les mammifères (c’est que nous sommes, çà va en rabattre à certains !) ont capacité à se reproduire dans l’espace. C’est ce que révèle l’étude faite en microgravité sur des embryons murins ( de souris). Ces résultats pour le moins particulièrement intéressants interviennent alors que l’humanité se prépare à retourner sur la Lune dans le cadre du programme Artemis, qui vise également à faire atterrir la première femme et la première personne de couleur sur la surface lunaire d’ici à 2025. Même si cette mission, Artemis 3, ne prévoit qu’une occupation lunaire d’environ une semaine au pôle sud de la Lune, elle conduira probablement à l’établissement d’une base lunaire. Cette installation sur la Lune pourrait en fin de compte ouvrir la voie à la possibilité pour les humains de rester dans l’espace beaucoup plus longtemps à l’avenir, lorsque la vision de science-fiction de la reproduction hors du monde deviendra réalité.
L’expérience visant à cultiver les premiers embryons de mammifères dans l’espace a été menée par Teruhiko Wakayama, biologiste moléculaire au Centre de biotechnologie avancée de l’Université de Yamanashi, et une équipe de l‘Agence spatiale japonaise (JAXA). L’objectif de l’étude était de déterminer si un fœtus de mammifère peut se développer normalement dans l’environnement à gravité limitée, ou « microgravité », de l’espace.
Pour répondre à cette question, des embryons de souris congelés ont été envoyés à l’ISS à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX en août 2021. Une fois arrivés à la station spatiale, les embryons de rongeurs à un stade précoce ont été décongelés à l’aide d’un instrument spécial. Les astronautes ont ensuite cultivé les embryons en microgravité pendant quatre jours. Les échantillons ont ensuite été renvoyés sur Terre, où Teruhiko Wakayama et ses collègues ont pu les étudier et les comparer à des embryons de souris cultivés dans des conditions de gravité normales sur la terre ferme.
L’équipe de chercheurs précise dans le communiqué «À l’avenir, il sera nécessaire de transplanter les blastocystes1 cultivés dans la microgravité de l’ISS dans des souris pour voir si les souris peuvent donner naissance à des petits» tout en précisant qu’il s’agit d’une étape essentielle pour confirmer que les blastocystes cultivés en microgravité sont effectivement «normaux».
L’un des aspects de la recherche que l’équipe devra approfondir est l’effet des radiations sur la croissance des embryons de mammifères dans l’espace. Bien que les chercheurs se soient penchés sur cette question, ils n’ont pas pris en compte l’exposition aux rayonnements pendant les phases de cryoconservation et de culture des embryons vivants.
Toutes ces connaissances pourraient devenir très importantes pour les humains lorsque nous commencerons enfin à envisager d’envoyer des personnes sur la Lune et sur Mars pour des séjours de longue durée, voire pour une habitation permanente. «normaux».
Selon un article publié dans la revue iScience, l’équipe a constaté que les embryons cultivés dans des conditions de microgravité se sont transformés en blastocystes – un amas de cellules en division provenant d’un ovule fécondé – avec un nombre normal de cellules. Les chercheurs ont déclaré dans l’article que cela «démontrait clairement que la gravité n’avait pas d’effet significatif sur la formation des blastocystes et la différenciation initiale des embryons de mammifères». Soyez rassurés, tout va bien !
L’équipe a également constaté que, si on les laissait se développer, les blastocystes deviendraient des fœtus et des placentas de souris sans présenter d’altérations significatives de l’ADN ni de changements dans l’expression des gènes. Le taux de survie des embryons cultivés à bord de l’ISS était toutefois inférieur à celui des embryons cultivés sur Terre.
1 Un blastocyste est un embryon de 5/6 jours qui a une structure cellulaire complexe composée d’environ 200 cellules. La phase blastocyste est le stade de développement avant l’implantation de l’embryon dans l’utérus maternel.
Vous souhaitez réagir à cet article
Peut-être même nous proposer des textes et d’écrire dans WUKALI
Vous voudriez nous faire connaître votre actualité
N’hésitez pas, contactez-nous !
Illustration de l’entête: amarrage du vaisseau de ravitaillement à la station spatiale internationale