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La disparition d’Aristoteles Sarr, un roman au coeur de la forêt amazonienne

par Émile Cougut

La disparition d’Aristoteles Sarr, un roman de Pierre Corbucci, un pays d’Amérique latine au temps de la richesse de l’hévéa. Comme un petit parfum de Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Le sénateur Casas est l’un des plus importants propriétaires terriens. Cet ancien « guérillero » détient un immense domaine au milieu de la forêt amazonienne. Au centre sa demeure : la Domus Aurea en honneur de l’empereur romain d’ailleurs, son second fils ne s’appelle-t-il pas Nero? L’aînée n’est autre que Caracalla, le cadet Riobaldo. Si les deux premiers sont des jouisseurs s’arrogeant tout les droits, le dernier, d’une grande beauté est réservé, détaché du présent, de son entourage, lui qui n’a jamais quitté cette demeure. Il a une passion pour les dominos (dont son père en fait collection). Mais surtout il est toujours en compagnie de Magdalena, l’épouse de Boërs, le régisseur, l’ami de tout temps de Casa. Elle a une vraie passion pour Riobaldo qu’elle considère comme le  fils qu’elle n’a pas eu, et passe son temps à le peindre. Elle voudrait vivre en ce lieu suivant les critères de la haute société. Elle a participé à la création du domaine, ayant fait montre d’une grande cruauté, ne pardonnant rien. Les autochtones ont été chassés, certains massacrés. Maintenant, ils travaillent, gratuitement sur le domaine mais le sénateur leur a obtenu le droit de vote, donc ils n’ont qu’à être reconnaissants. C’est une main d’œuvre gratuite qui a le tort de garder ses coutumes, sa culture. Parmi le personnel, se trouve la belle Inca, une métisse qui est là car elle veut venger sa mère. C’est l’élue des dieux, des esprits de la forêts qui veulent reprendre leurs droits et dont elle est leur instrument.

Aristoteles Sarr est un jeune lieutenant orphelin de père. ll est sous la coupe de sa mère et du général Rosario, un ami de la famille. Aristoteles a reçu une mission importante, d’intérêt national : faire une étude pour prolonger la voie ferrée jusqu’à l’exploitation de Casas afin de faciliter le transport de la gomme d’hévéa qui se fait par bateau. En premier lieu, il doit faire une piste pour que puisse se poser l’avion qui va servir à déterminer le tracé de la future voie ferrée.

C’est un jeune homme rempli de certitudes, rigide dans sa routine, certain qu’il est l’instrument du progrès, la nature doit se plier aux hommes, doit être à son service. Mais, la forêt est dotée d’une véritable âme et ne va pas se laisser faire. Petit à petit Aristoteles va se transformer, évoluer. Sa routine va se fissurer, ses certitudes vont évoluer, voire disparaître.  Un lien ambigu se crée avec Inca. Avec Riobaldo, ils deviennent un ensemble quelque peu marginal au sein de la société de la Domus Aurea. Chacun va comprendre qui ils sont vraiment, quel est le vrai lien qui les lie.

Mais Inca doit accomplir sa mission, cependant les esprits de la forêts agissent pour provisoirement gagner.

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Aux côtés d’Aristoteles et des autres personnages récurrents, on trouve une série d’individus souvent hauts en couleur, qui essaient de survivre au sein de ce que certains ont appelé « l’enfer vert« :  Melchior Balthazar, le capitaine du bateau faisant la liaison avec le domaine, Ris le guide dans la forêt, auprès du capitaine Gario et quelques autres. Tous, par leurs personnalités, par leurs vécus, interagissent sur Aristoteles, lui permettent d’évoluer.

La disparition d’Aristoteles Sarr est un livre de Pierre Corbucci sur l’arrogance des hommes (blancs) qui, certains de leurs droits et de leurs savoirs, veulent tout asservir : les autochtones tout comme la nature. Tout doit être à leur service. On trouve ce fait partout sur la surface du globe aussi bien en Australie qu’en Amazonie. Mais la nature est toujours la plus forte, en dernière instance, s’il n’évolue pas, c’est l’homme qui est voué à disparaître. Il faut progresser dans ce roman, partager les épreuves d’Aristoteles Sarr et trouver aux fins fonds de la nature les vérités qui nous furent cacher et qui nous ramènent à notre humanité.

La disparition d’Aristoteles Sarr
Pierre Corbucci
éditions Paulsen 21€
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