En 2020, Johann Naldi, galeriste, achète lors d’une vente aux enchères en Avignon un tableau dont il n’a vu qu’une photo. Quand il en prend possession, intrigué, il se livre à une véritable enquête, ne serait-ce que pour identifier le peintre dont il apprécie la touche picturale. Il nous livre ici dans L’unique portrait de Jack l’éventreur le déroulement de son travail, et bien sûr ses conclusions.
Sur ce sujet, on se souvient par ailleurs du succès du livre en 2002, ou plutôt du compte rendu d’enquête de la médecin légiste (et écrivaine) américaine Patricia Cornwell : Jack l’éventreur : affaire classée-portrait d’un tueur. A la suite d’autres enquêteurs, elle désignait de façon probante que le mystérieux Jack l’éventreur n’était autre que le peintre Walter Sickert. Même si elle n’amenait aucune preuve probante, inattaquable (il n’y a aucun aveu du tueur), ses arguments, ses réponses à de potentiels détracteurs, il est certain que sa démonstration a entraîné l’adhésion de plus d’une personne. Bien sûr, elle a reçu les critiques d’autres « enquêteurs » qui pensent savoir qui est véritablement le fameux Jack l’éventreur, mais aussi des admirateurs de Walter Sickert. Mais ces réactions sont honnêtes, normales dès que l’on s’engage dans la recherche et l’analyse historique.
Tous les indices visibles et invisibles (mais trouvés et analysés grâce aux technologies modernes) désignent comme auteur le peintre Jacques-Emile Blanche, dont plus d’une œuvre est exposée dans les musées du monde entier. Un artiste dit « mondain » mais qui était très « couru » à son époque. Parmi ses proches amis avec qui il passa beaucoup de temps sur la côte normande, il y avait le peintre anglais Walter Sickert, lui aussi particulièrement la mode. Son enquête permet d’identifier l’homme dans le tableau comme étant bien Walter Sickert. D’ailleurs, Blanche a peint plus d’une toile où est représenté son ami.
En étudiant chaque élément du tableau, Johann Naldi trouve des symboles cachés et arrive à la conclusion qu’indéniablement Blanche, confident de Sickert, savait que celui-ci était Jack l’éventreur et le peignit tel qu’il l’imagina lors du premier crime à Buck’s Row le 31 août 1888.
On peut, ou pas, adhérer à cette conclusion, mais la démarche est rationnelle avec une analyse « objective » de tous les éléments physiques contenus dans le tableau. Cette enquête est à ajouter à celles déjà avancées pour la recherche de l’identité de Jack l’éventreur, et qui n’en doutons point sera loin d’être la dernière.
Qui plus est Johann Naldi, l’auteur de ce livre, tout en décrivant chaque étape de cette enquête, nous renseigne sur les techniques modernes d’imagerie, c’est à dire pour rendre visible ce qui ne l’est pas, le microscope électronique à balayage par exemple. Il nous aide à découvrir aussi les œuvres de Jacques-Emile Blanche et de Walter Sickert. Il décrit Walter Sickert comme étant toujours « en marge », un homme renfermé, peu sociable, obnubilé par les crimes et la violence.
À chaque lecteur donc de se faire une idée : le tableau de Jacques-Emile Blanche met-il en scène son ami Walter Sickert ou bien a-t-il fait sciemment un portrait de Jack l’éventreur ?
Une bonne lecture et très agréable au demeurant car émaillée par de belles reproductions des peintures
L’unique portrait de Jack l’éventreur
Johann Naldi
éditions de L’Observatoire. 26€
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