Accueil Livres, Arts, ScènesHistoire Un roman au coeur des révoltes des esclaves de la Jamaïque en 1760, «Les Guerriers de la Canamelle»

Un roman au coeur des révoltes des esclaves de la Jamaïque en 1760, «Les Guerriers de la Canamelle»

par Émile Cougut

Dans notre beau pays de France, on a appris à l’école qu’il y a eu au XVIIIème siècle des révoltes d’esclaves dans nos colonies des Caraïbes et dont la plus célèbre est bien évidemment celle d’Haïti menée par Toussaint Louverture. Or, il n’y a pas eu que nos colonies qui ont connu de telles révoltes sanglantes, cefut le cas en 1760 en Jamaïque avec la révolte de Tacky.

Cette histoire est romancée sous la plume (ou le clavier) d’Alex Wheatle, jamaïcain dont les ancêtres furent mis en esclavage. Ce n’est pas un livre d’histoire savant mais un roman, avec les inconvénients de ce genre que ne manqueront pas de dénoncer les spécialistes de cette époque. Mais voyons particulièrement ses avantages car ce choix permet non seulement de faire découvrir cet épisode de l’histoire aux lecteurs mais surtout de faire passer des messages plus « politiques » comme le sentiment de liberté, le dépassement de soi-même jusqu’à la mort pour le triomphe de ses idées. Nous sommes loin des mièvreries de La case de l’Oncle Tom !

La vie est dure, très dure pour les esclaves de la plantation de canne à sucre (La Canamelle) de Frontier Estate. Moa, quatorze ans est employé à la coupe des cannes avec son ami Keverton. Sa mère est cuisinière pour les propriétaires, son père alimente le moulin qui broie les cannes. Il a perdu son bras gauche écrasé sous les meules. Tous vivent dans la peur des coups de fouet des contremaîtres Certains en sont morts, ce qui est une perte de capital (sic) pour Mister Maître. La peur règne aussi chez les jeunes filles qui sont régulièrement choisies par les contremaîtres pour passer la nuit avec eux. Certains enfants ont la peau plus claire que les autres.

C’est dans ce contexte sans espoir qu’une nuit Moa apprend qu’une révolte est conduite par l’un des leurs, Tacky, aidé par Midgewood, un esclave marron qui a fui la plantation et qui ne fut jamais rattrapé. Moa est le plus jeune de ces guerriers de La Canamelle. Si son père  est contre son engagement qu’il juge voué à l’échec (la fatalité), sa mère le soutient (l’espoir). Noa va devoir tuer son contremaître, puis d’autres blancs. Mais les Anglais, après un moment de stupéfaction, vont se reprendre et mener une contre-offensive. Après une terrible bataille au cours de laquelle Tacky est tué et sa tête exposée à Frontier Estate. Moa, quant à lui va partir vers son destin.

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Ce livre, Les guerriers de la Canamelle, permet à Alex Wheatle de faire revivre la figure de Tacky et la révolte de 1760, mais aussi de parler des croyances animistes, de certains rituels que les esclaves avaient amenés avec eux lors de leur déportation. C’est aussi, et surtout, un violent pamphlet contre l’esclavage et le sentiment de supériorité raciale des esclavagistes. Il faudra bien des morts des deux côtés avant que l’occident ne renonce à l’esclavage qui, hélas, existe encore de nos jours sous diverses formes dont certaines ne sont pas si éloignées que celle que vécurent Tacky, Moa et leurs compagnons au XVIIIème siècle. Un beau roman parfaitement écrit et traduit et qui pour sûr ne vous quittera pas de la première à la dernière page.              

Les guerriers de la Canamelle
Alex Wheatle
éditions Au Diable Vauvert. 21€

Illustration de l’entête: document ©Historic UK

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