François est un jeune adolescent de 16 ans qui à lui seul personnifie la caricature de ce que certains nomment : « l’adolescent con ». Il est loin d’être révolté, cela lui demanderait sûrement trop d’effort, non il est spectateur, revenu de tout.
Pas flemmard, nenni, plutôt détaché de tout, spectateur de sa vie et de ce qui l’entoure. Ses résultats scolaires sont à la hauteur de son investissement à ce niveau, c’est-à-dire nuls pour ne pas dire nullissimes. Aussi son père l’oblige-t-il à aller travailler dans le salon de coiffure de sa mère où il s’ennuie totalement. Jusqu’au jour où il est obligé de faire un shampoing à la cliente la plus exigeante, la plus revêche, la plus désagréable du salon. François s’applique si bien que lors du massage du cuir chevelu elle a un quasi orgasme. Ce fait a été perçu par Gabriel, un jeune homme d’origine kabyle, employé aux pompes funèbres locales. Tout de suite François est attiré par le charisme du jeune homme qu’il finit par idolâtrer. Aussi le suit-il quand Gabriel lui propose de monter un cabinet de magnétiseur. Si François est plus que sceptique, Gabriel arrive à le persuader qu’il a une sorte de don, ou tout au moins que les autres croient qu’il a un don. Le thérapeute sera François, Gabriel se chargeant de trouver des clients.
L’affaire fonctionne bien et se développe, Gabriel créant même un lieu pour « soigner » des personnes qui sortent de l’hôpital psychiatrique voisin. De fait il crée une véritable secte dont il se proclame le gourou que François subit, mais l’arrivée d’un couple et surtout de leur petite fille Ava le fait sortir de sa léthargie et finit par le rendre adulte : il a été manipulé par Gabriel qui n’est qu’un escroc profitant de sa naïveté.
Les mains au feu est un roman de Virginie Armano sur le mal vivre des adolescents qui n’arrivent pas à se projeter dans l’avenir, pour qui l’effort est un concept totalement incompréhensible et qui deviennent ainsi la proie du premier manipulateur venu. Quand ils sont sous leur coupe, et à leur corps défendant, ils se muent en complice passif, mais complice quand même. Nous pourrions extrapoler sur ces lamentables événements d’actualité où quelques adolescents y tiennent un rôle tragique. Plus d’un fait divers nous démontrent en effet que des Gabriel existent et qu’ils peuvent faire des ravages sur des personnes déstabilisées psychologiquement, «mais pas que», comme l’on dit à l’arraché. Ils profitent de leurs victimes (essentiellement au niveau financier) et s’offrent sans grands efforts une vie des plus luxueuses.
Un nouveau roman sur l’emprise d’un grand réalisme, grand bravo à Virginie Armano dont c’est, faut-il le souligner, le premier roman!
Les mains au feu
Virginie Armano
éditions Récamier. 21€
Illustration entête: IStock/ Angie Photo
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