Voici un recueil pour le moins original : une suite de fragments autour du thème de l’amour, fragments comme sortis d’un livre intime, des cahiers où l’autrice a écrit ses pensées, ses ressentis quand elle a été, quand elle est amoureuse. Des fragments de longueurs différentes, parfois quelques lignes, jamais plus de trois ou quatre pages. Des fragments parfois très « crus », sexuels mais jamais pornographiques et d’autre d’une grande réflexion morale, intellectuelle. Des fragments racontant des échecs et, dans le troisième chapitre intitulé « chapitre dernier » car, indéniablement l’autrice a rencontré l’homme de sa vie, l’Amour absolu. Elle passe de la solitude de l’acte sexuel avec un homme lambda, à la fusion de deux êtres. Une vie comme tant d’autres, d’une sorte de consommation avant de trouver non l’être parfait, mais l’être qui nous complète le mieux, le plus parfaitement.
Ces fragments sont aussi l’occasion pour l’autrice, Coleen, d’une introspection personnelle autour de l’amour, pas l’amour filial, non, l’amour pour une autre personne, un(e) inconnu(e) à la base qui devient un partenaire sexuel. Jusqu’au jour où elle passe de partenaires au pluriel à un partenaire unique avec lequel elle tisse un lien de domination totale.
Ainsi, elle l’aime à la folie, une passion qui occupe tout son corps, tout son être, elle devient en totale addiction à lui, quand il n’est pas là, elle s’entoure de son parfum, de ses vêtements, elle se glisse dans les draps qui ont encore ses formes. En quelque sorte, elle a besoin de ses reliques pour non le retrouver mais pour s’imprégner de sa présence. Nous sommes dans une véritable dévotion, une sorte de culte, le partenaire devenant une sorte de Dieu pour l’autrice. N’est-ce pas même la forme que prend la passion, ce sentiment d’absence quand l’autre n’est pas là et la nécessité de s’entourer d’objets, de fragrances qui créent autour de nous l’univers qu’il représente pour nous ? Ceux qui ont vécu une passion pour une autre personne ont connu cette démarche, cette dépendance, cette forme de dévotion quasi mystique, religieuse.
Coleen nous parle des sens, le toucher, la vue, l’odorat, etc. Elle sert ses ressentis à travers un style poétique emprunt d’une grande sensualité. Elle manie aussi bien les descriptions que le fonctionnement des anaphores pour rythmer son ressenti. Nous assistons surtout dans le « Dernier chapitre » à une sorte d’exercice de style, à des variations autour le l’amour, autour de la passion.
Voilà donc une mosaïque qu’il faut prendre le temps de lire, fragment après fragment, partir, revenir, se laisser bercer, et, pour certains se retrouver dans ce vrai kaléidoscope.
Mosaïque amoureuse
Coleen
éditions du Panthéon. 13€50
WUKALI/ Illustration de l’entête: Egon Schiele, L’Étreinte, 1917. Huile sur toile • 98 x 169 cm • Coll. Österreichische Galerie Belvedere, Vienne • © Bridgeman Images
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