A beer-drinking slob meets a naive and romantic office secretary in London.
La chronique de Pierre-Alain Lévy.
Le film d’animation du samedi.
C’est en 1988 dans « Qui veut la peau de Roger Rabbitt » de Robert Zemeckis, Richard Williams (pour l’animation), un film produit par Steven Spielberg, que Neil Boyle fit ses premières armes. Il n’était alors qu’un simple assistant de Richard Williams mais de tels adoubements ( plus tard avec Sylvain Chomet), le firent entrer dans la cour des grands et sa filmographie depuis est devenue conséquente
«The Last Belle» est un petit bijou, et comme je suis volontiers enthousiaste je serais même tenté d’être encore plus louangeur. Un petit chef d’oeuvre d’humour, de drôlerie, incarné à travers des personnages styles « Bidochon », venant directement de la bande dessinée, du cartoon américain. D’une histoire toute simple, banale, et triviale à souhait comme il en existe tous les jours : une secrétaire, Rosy, va à un rendez vous avec celui qu’elle a rencontré sur internet mais qu’elle n’a jamais vu, Wally et qui en fait n’est qu’un ignoble pochard de la plus liquide et nauséeuse espèce, Neil Boyle en fait dix-neuf minutes de jubilation et de rire!
Les dessins, car là effectivement l’on peut parler de dessins animés dans toute la plénitude du terme, sont directement issus de la caricature, du dessin d’humour de presse, notamment américaine, des cartoons. Le dessin représentant Wally, ce « gros dégueulasse », comme aurait dit Brassens, est fabuleux et ignoble, épuré et sommaire, imaginé en un coup de trait de crayon rapidement tracé, griffonné, génial et répugnant, plus vrai que nature. Certaine scènes sont tout simplement fabuleuses notamment la descente dans le métro de Londres, colossale et magnifique, un univers digne de M.C Escher voire de Piranèse, oui vraiment !
La réalisation de ce film a muri et s’est développée sur près de quinze ans! Une technique remarquable, en effet Neil Boyle s’est refusé à utiliser les procédés modernes digitaux et ce sont plus de 35.000 dessins qui ont été utilisés pour produire ce film, chaque dessin ayant été peint à la main puis capté par une caméra 35mm fixe. Du grand art aussi, et surtout quel humour ! Certes ce n’est pas ciselé dans la dentelle, je serais même tenté de dire que c’est bien là un euphémisme, vous en serez juges, mais c ‘est objectivement drôle et cette caricature sociale est si vraie !
Ce film bien entendu a obtenu en 2011 dans sa catégorie la plus grande récompense qu’Hollywood pouvait offrir et c’est tout à fait mérité.
Pierre-Alain Lévy
WUKALI 09/08/2014