Victor Hugo’s house in Paris. Photography exhibition
La Maison de Victor Hugo rend hommage à la photographie, notamment dans le cadre du mois de la Photo 2014, par le biais de deux expositions. La première « Regards croisés » s’intéresse au lien entre théâtre et photographie, tandis que la seconde « Habiter l’exil » invite un photographe contemporain, Klavdij Sluban, à livrer son regard personnel sur la maison qu’habitait Victor Hugo à Guernesey.
Regards croisés
L’exposition « Regards croisés » explore les liens qui ont pu se tisser entre deux disciplines artistiques : le théâtre et la photographie. Evidemment il ne s’agit pas de n’importe quel théâtre mais celui d’Hugo. De Ruy Blas à Hernani il a, en tant que dramaturge, révolutionné les codes de l’écriture théâtrale, créant ainsi le drame romantique.
Ce n’est pas tant l’aspect littéraire qui est ici porté aux nues mais l’évolution de l’esthétique des mises en scène et des acteurs. Les plus grands sont ainsi représentés sous leurs plus beaux atours : Sarah Bernhardt, Gérard Philippe ou encore Maria Casarès, photographiés par Etienne Carjat, Agnès Varda ou encore Christophe Raynaud de Lage.
Au delà des critères esthétiques, l’exposition met en lumière les évolutions techniques (photographie en studio avec reconstitution des décors, puis photographie sur scène, arrivée du flash…) qui permirent à la photographie de prendre son essor en tant qu’art à part entière.
Les clichés grand format noir et blanc d’Agnès Varda subliment non seulement les acteurs et la mise en scène mais permettent aux représentations théâtrales (illustrations du spectacle vivant) de perdurer au-delà du temps court de la représentation, et par ce biais de s’inscrire dans l’Histoire de l’art et ce à différents titres.
Car en effet ce qui ressort de cette exposition c’est l’existence d’un profond dialogue entre les arts. Ainsi théâtre et photographie s’enrichissent l’un l’autre, pour le plaisir toujours renouvelé du public. Cette imbrication des domaines n’est évidemment pas sans nous rappeler l’hôte de ces lieux, Victor Hugo ayant été tout à la fois poète, écrivain dramaturge, homme politique et même dessinateur. C’est donc un bel hommage qui lui est aujourd’hui rendu, à tous les niveaux.
Pour avoir critiqué le coup d’État ayant mené au Second Empire et l’avènement de Napoléon III, Victor Hugo tombe sous le coup de la loi. Il prend alors le chemin de l’exil, et après une première période à Jersey, il s’installe finalement à Guernesey. De là il écrira énormément, on retient notamment le magnifique recueil « les Châtiments » pour les poèmes à la fois tristes et pamphlétaires qu’il composa à cette époque.
Klavdij Sluban propose ici un regard contemporain sur Hauteville House, qui abrita Hugo et sa famille lors de ces années d’exil. Fermée au public hors saison, Hauteville house devient alors une villa fantôme, néanmoins vivante de son passé. Le rendu photographique n’est en aucun cas documentaire, il est au contraire très subjectif, parfois presque abstrait, en somme très poétique.
A l’aide d’un objectif en noir et blanc, les photographies présentées font état d’un clair obscur permanent et fantomatique. Le poids du passé, la présence diaphane de la lumière qui se joue des ombres, les images renvoient plus à perception qu’à la raison, reste à chacun de s’en approprier le sens…
Au travers de ces deux expositions, proches par le type d’œuvres présentées mais éloignées dans leurs conceptions respectives, la Maison de Victor Hugo participe élégamment et originalement au mois de la Photo 2014 et s’inscrit pleinement dans l’agenda muséal parisien.
Elsa Weiller
Maison de Victor Hugo
8 place des Vosges. 75004 Paris
Expositions
6 novembre 2014 – 1er mars 2015
Regards croisés
Théâtre et photographie Hugo, Nadar, Vilar, Varda, Vitez, Bricage, Honoré, Raynaud de Lage…
Habiter l’exil. Klavdij Sluban
Dans le cadre du mois de la Photo 2014. Exposition format de poche
Illustration de l’entête: Gérard Philipe et Jean Vilar, vers 1952-54 © agnès varda
WUKALI 19/11/2014