A travers son roman Les crocodiles dorment le jour, Pierre Vincke nous entraîne au coeur de l’Afrique au temps du colonialisme belge conquérant et des affrontements entre Blancs et Noirs.
Julien, marié avec Sara, une petite fille adoptée de 5 ans, après avoir travaillé dans l’univers du théâtre, a orienté sa carrière dans le domaine juridique et maintenant travaille pour une ONG qui suit les procès après le génocide au Rwanda. Né à Kinshasa, il a toujours été attiré par l’Afrique et ses cultures. Son père, Albert qui descend lentement vers la mort, n’a-t-il pas travaillé pour les grandes plantations au Congo, jusqu’à ce qu’il soit impossible pour lui de rester après l’indépendance malgré son empathie pour les autochtones. Victor, le père d’Albert, a quitté sa famille alors que le jeune garçon avait deux ans et n’a plus jamais donné de nouvelles. Jusqu’au jour où dans les affaires de sa mère, Albert trouve un carnet, celui de Victor, récupéré après son décès. Il s’avère que l’ancêtre a travaillé avec l’armée au Congo où, sous couvert de maintien de l’ordre, il contribuait à asservir les populations locales au profit des compagnies privées qui exploitaient les richesses du pays. Viols, massacres, asservissements, tout lui parait naturel, normal dans le cadre de l’éducation de populations pensées comme arriérées, façon détournée de ne pas dire, supériorité des blancs. Mais, un jour, il est recueilli par une tribu pacifiste passant son temps à danser. Il est initié, se retrouve, retrouve l’amour avec Eda la plus belle femme du village. Mais la guerre reprend et il est obligé de partir et finit par mourir en chemin.
Il y a aussi Kinpa, un jeune de la tribu des insoumis qui est moins noir que les autres. Son oncle qui l’élève veut en faire un guerrier, mais le jeune homme est attiré par l’école des blancs près de son village. Il finit par connaître ses origines, la fin de sa mère, Eda massacrée, et qui était son père.
Avec Les crocodiles dorment le jour, Pierre Vincke, dénonce le horreurs causées par ceux qui se croyaient supérieurs aux autres au nom d’une soi-disant race : les blancs contre les noirs, les hutus contre les tutsis, hier, aujourd’hui, comme si l’humanité ne comprenant pas ses erreurs s’évertuait à les réitérer. Et puis à travers Julien et Kinpa, tous ceux qui sont partagés entre deux cultures qui essaient de bâtir un pont entre les deux groupes, voulant comprendre la culture de son voisin, ne voulant pas imposer la sienne et essayent de trouver un chemin médian avec le meilleur de ces cultures.
Il est dommage que le destin de Kinpa s’arrête de fait au moment où il prend sa décision de vivre libre, tel qu’il sent qu’il doit vivre et non de la façon dont les autres veulent qu’elle soit. Mais pour autant Les crocodiles dorment le jour est un livre plaisant qui aborde les causes des massacres et les moyens que les survivants trouvent pour entrer en résilience.
Les crocodiles dorment le jour
Pierre Vincke
éditions L’Harmattan. 21€
Illustration de l’entête: Photo © Le Soir
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