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Et si le lion ailé de Venise était chinois ?

par Pierre-Alain Lévy

Qui ne connait pas ce symbole de Venise, et du touriste au cinéphile (festival de cinéma oblige), ce lion ailé, cette statue perchée sur une colonne Place St Marc, nous est familière ! De plus savants mettraient en avant le symbolisme chrétien et citeraient l’animal fétiche de Saint Marc, et pourtant …!

Le nouvelle est tombée et comme toujours pour ce type d’information, vrille dans les rédactions, cette statue de Lion ailé serait d’origine chinoise, c’est en effet ce que vient de révéler une étude réalisée par une équipe scientifique de l’université de Padoue.

Elle aurait été fabriquée en Chine il y a plus de 1 000 ans pour servir de gardien de tombeau et aurait été importée en Italie par le père de Marco Polo via la route de la soie au XIIIe siècle. Qui ne dira jamais assez les beautés rafraichissantes de l’histoire de l’art et sa jouvence constamment renouvelée !

Dans l’Antiquity, la revue scientifique (cliquer) de l’université de Cambridge qui publie les travaux des archéologues, ainsi peut on lire: «l’on trouve des parallèles stylistiques dans la Chine de la dynastie Tang (618-907 après J.-C.) ; à l’aide d’une analyse des isotopes du plomb, ils montrent en outre que la figure a été coulée avec du cuivre dont les isotopes correspondent à ceux du minerai provenant du bassin inférieur du fleuve Yangtsé. » 

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Les chercheurs ont examiné une série de neuf échantillons provenant de différentes parties du lion et ont utilisé la spectrométrie de masse pour identifier les proportions d’isotopes de plomb dans le métal. Les alliages métalliques comme le bronze, qui est un mélange de cuivre et d’étain, contiennent de petites quantités de plomb, ont écrit les chercheurs dans leur étude, et les variations dans les atomes de plomb peuvent indiquer la source géologique du cuivre.

En comparant les proportions d’isotopes de plomb du lion vénitien à celles répertoriées dans des bases de données mondiales, les chercheurs ont pu déterminer que le bronze provenait du cours inférieur du fleuve Chang (Yangtsé), dans l’actuelle Chine. Cette région de l’est de la Chine possède d’importants gisements de plusieurs minerais importants, notamment le fer, le cuivre, le zinc et l’or. Ces gisements ont été utilisés pour d’autres artefacts ; par exemple, une étude précédente menée par un autre groupe de recherche a montré qu’un artefact de la dynastie Shang (1600 à 1050 avant J.-C.) présente le même signal isotopique de plomb que le lion vénitien.

Cette découverte démontrant que le bronze provient de Chine pourrait aider à expliquer certains choix stylistiques étranges du lion de Venise, ont suggéré les chercheurs ; il ne ressemble en effet pas aux autres lions médiévaux des XIe au XIVe siècles trouvés en Europe.

En effet, le lion de Venise présente certaines similitudes avec l’art chinois de la dynastie Tang (618 à 907 après J.-C.), en particulier les « zhènmùshòu », ou « gardiens de tombes », selon l’étude. Ces statues monumentales représentaient souvent des créatures hybrides avec un museau et une crinière de lion, des oreilles pointues, des cornes et des ailes déployées. Le lion de Venise présente plusieurs de ces caractéristiques, ainsi que des « cicatrices » métalliques à l’endroit où une ou deux cornes ont pu être retirées.

Selon les chercheurs, une explication possible pour le lion de Venise peut être envisagée et a trait aux marchands vénitiens Niccolò et Maffeo Polo, respectivement père et oncle de Marco Polo. Au XIIIe siècle, les deux frères ont parcouru la route de la soie et établi des comptoirs commerciaux, pour finalement atteindre Cambaluc, aujourd’hui Pékin, et passer quatre ans à la cour de Kubilai Khan. Les chercheurs ont émis l’hypothèse que les Polo y auraient peut-être rencontré une statue de « gardien de tombe » qui correspondait à leur idée de ce à quoi ressemblait un lion.

Au XIIIe siècle, lorsque la République de Venise contrôlait les routes commerciales orientales, son symbole était un lion ailé reposant sur l’eau, tenant sous ses pattes l’évangile de saint Marc, saint patron de Venise. Cette image, qui figurait également sur le drapeau de la République, symbolisait la domination de Venise sur les mers.

Dans le cadre de l’effort général visant à diffuser le nouveau symbole puissant de la République [vénitienne], les Polo ont peut-être eu l’idée quelque peu audacieuse de réadapter la sculpture en un lion ailé plausible (vu de loin) », ont écrit les chercheurs. Les frères marchands ont peut-être expédié la statue à Venise en morceaux, faisant confiance à un métallurgiste local pour la réassembler en un symbole désormais associé à Saint Marc.

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