The successful monotony of Maurice Ravel’s Bolero exhaling through a subtle and absurd Russian animation movie


Voici un film d’animation russe qui choisit pour thème une oeuvre musicale très connue: le Boléro de Maurice Ravel. Dans notre précédent article sur Ivan Maximov le réalisateur, nous avions déjà pu apprécier son humour subtil et sa veine poétique. Dans Le Boléro qu’il réalise en 1992 nous sommes dans le second degré mais comme chacun sait quand on aime on ne compte pas…

C’est un immense éclat de rire ou tout au moins une étincelle dans le regard. L’oeuvre musicale qui constitue le fil conducteur est de celles les plus jouées au monde et le public en connait le rythme lancinant et ternaire. C’est effectivement un grand «classique» de la musique dite telle. C’est une structure rythmique répétée invariablement (en ostinato) durant toute la durée de l’œuvre (169 fois) par une percussion et l’orchestre.

Olécio partenaire de Wukali

On est dans le second degré, c’est une pochade, et c’est sympathique. Ne pas se prendre au sérieux, inventer cette métaphore, ce dragon qui revient obstinément à son point de départ, une amusante trouvaille, on s’attendrait presqu’à ce qu’il se morde la queue! Cette prolifération d’images identiques comme vues sur les écrans d’une régie de télévision. Les « gardiens du Temple » vont s’en offusquer, mais qu’importe! Et puis c’est aussi cela la liberté de l’artiste ! Voici un bon moyen aussi d’amuser et de faire découvrir la musique. Une des pages d’ailleurs les plus révolutionnaires de la composition musicale du 20ème siècle. Les premiers d’ailleurs à s’amuser de leurs oeuvres ou les tourner en dérision sont d’ailleurs le plus souvent les artistes, les créateurs eux-mêmes. Ne pas se prendre au sérieux, toucher à l’absurde, prendre de la distance et tout à la fois faire les choses très bien, avec professionnalisme et profondeur ne sont-ce point là au demeurant les clefs de l’intelligence et de l’humour. Ce formidable éclat de rire qui renvoie à celui de Mozart dans «Amadeus» de Polansky ?

N’allons pas plus loin que le film ne peut donner. C’est avant tout un agréable divertissement, léger et charmant, nullement une leçon de direction d’orchestre et encore moins un temps fort pour critiques musicaux ! Un de ces petits riens qui donne du charme à la vie et en fait savourer les choses! Le film a été produit en 1992, qu’on est loin déjà des pesanteurs scolastiques, formalistes et totalitaires du temps soviétique, il n’ y a cependant que trois ans que «le Mur» est tombé ! Film russe et oui d’Ivan Maximov, droit dans la filiation littéraire russe du «Nez» de Gogol ! Comme quoi à côté de l’ours russe, peuvent toujours se dissimuler un dragon malin ou des cloportes facétieux, il suffit pour cela de répéter au tambour la cadence 169 fois … !

[**Pierre-Alain Lévy*]


WUKALI 13/12/2014


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