Il y a bien longtemps ce que l’on appelait alors le dessin animé, était présenté dans les salles de cinéma comme première partie de la séance juste avant les « actualités » et peu avant l’entracte moment propice à la vente des caramels mous et des esquimaux, il s’adressait majoritairement à un très jeune public d’enfants. Nos voisins britanniques ou nos amis américains disposaient de salles exclusivement réservées à la projection de cartoons, ce qui n’existait pas en France, pas même à Paris qui pourtant était riche en salles obscures. Au fil du temps, de l’évolution du cinéma, du développement de l’offre cinématographique et de l’apparition des chaînes spécialisées de télévision, les grandes majors américaines notamment virent dans le cinéma d’animation (les termes ont tout leur sens) une opportunité majeure de développement. Simultanément de grands réalisateurs firent des films d’animation de longs métrages aux Usa au Japon et en France aussi. Les sujets et les thèmes évoluèrent, et l’on passa du film de fin d’année pour les fêtes de Noël de Walt Disney, un univers paradisiaque et de rêve à des sujets ou des thématiques plus intenses voire dramatiques et bouleversants (Le Tombeau des Lucioles de Isao Takahata), et même sans exagérer philosophique ou pour le moins à connotation sociale (Fourmiz).
Certes si on peut mesurer grâce à l’industrie cinématographique le degré d’évolution ou de préoccupation de nos sociétés à un moment T, s’il est aussi vrai que l’enfance se prolonge dans ce que l’on se plait à nommer l’adulescence, force est de constater que l’immense majorité des amateurs de films d’animation est aujourd’hui constitué par un public d’adultes, on est bien loin du film charmeur de Disney. Les avancées de la technologie, l’usage de la 3D et de l’informatique ont aussi contribué à l’évolution de cette activité cinématographique spécifique qui est non seulement devenue une industrie à part entière ( utilisant notamment les technologies les plus sophistiquées), mais a recours à des spécialistes, des créateurs, des artistes, des dessinateurs, des spécialistes de l’infographie, et qui offrent au cinéma d’animation une capacité d’imaginaire et d’inventivité dynamique, et une plus intime proximité avec le cinéphile.
Le film d’animation permet aujourd’hui d’aborder tous les sujets, même les plus délicats. S’il reste bien évidemment et fondamentalement un médium de loisir et de distraction, il sait aussi aborder des rives plus « sérieuses » et aucune thématique ne semble le rebuter. Bien au contraire, à la manière d’une fable ou d’un conte, il prend appui sur le rêve pour parler du réel un peu à la manière surréaliste ou tout simplement de l’art !
«Oracle» est un film de fin d’études réalisé en 2007 par des étudiants de l’ESMA: Michaël Desnoyelles, Tristan Le Granché, Flavien Lens, avec la collaboration du Studio des Aviateurs. Son sujet, l’eugénisme. Voici une réalisation qui va bien au delà de la fantaisie et qui pose de véritables interrogations. Un excellent film.
Pierre-Alain Lévy
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Oracle sub EN par mdesnoyelles